• La gauche à la recherche du peuple perdu...

     

     

     

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         Il ne suffit pas de se dire « marxiste » pour l’être : il faut commencer par aborder la réalité telle qu’elle est et tenter d’en discerner les évolutions en cours d’un point de vue dialectique, en tenant donc compte des contradictions (…sans sombrer dans la pseudo-« dialectique » binaire du maoïsme ), c’est ce qui s’appelle le matérialisme dialectique.

    Mais il se trouve donc que dans ce débat le seul qui se revendique du « marxisme » est celui qui est effectivement le moins éloigné de la réalité, même s’il lui reste encore à passer du « logiciel » de pensée trotskyste à une approche plus globale des fondamentaux du XXIème siècle.

    Il nous dit que son père est venu en France pour travailler chez Simca, dans les années 70…

    « Anecdote » : son père et moi-même avons donc potentiellement été « collègues » dans cette entreprise…

    « Anecdotes » vécues : les ouvriers marocains étaient à l’époque directement « importés » dans l’usine de Poissy à partir de la filiale marocaine de Simca, avec le contrat de travail et la carte « obligatoire » (en pratique) du syndicat patronal dans la poche.

    Le niveau moyen des salaires chez Simca était supérieur au reste de l’industrie automobile, y compris Renault, mais les cadences et la quantité de travail, en fonction, nettement plus élevées. C’est pourquoi Simca avait besoin d’un tel système pour tenir ses chaînes de production fonctionnelles : le bureau d’embauche recrutait sur place en permanence des travailleurs attirés par le seul « chiffre » du salaire proposé, mais les embauches « locales » constantes n’équilibraient pas les départs, vers des usines moins « exigeantes », question quantité de travail. (Quasiment pas de chômage, à l'époque...!)

    Néanmoins, toute une classe d’ouvriers français désireux de profiter d’un niveau de vie un peu plus élevé restaient durablement dans cette usine, et considéraient le système d’importation de la main d’œuvre marocaine comme un moyen de pression sur leurs salaires également.

    Sur les chaînes de production tout le monde travaillait donc ensemble, très dur, par la force des choses, et surtout celle des « petits chefs », dont certains particulièrement oppressifs et même, agressifs.

    A l’heure du repas, dans la cantine gigantesque de l’époque (environ 20 000 ouvriers travaillant par équipes à l’usine de Poissy), les deux « communautés » se séparaient complètement : les marocains d’un côté, les français de l’autre. Il n’y avait pas d’« apartheid » établi par aucun règlement ni code, mais simplement par une sorte de tradition de formation des tablées par équipes de travail, qui se « séparaient » donc, pendant l’heure du repas,  comme l’huile et le vinaigre cessent de se mélanger quand la sauce cesse d’être mise en mouvement…

    Idem dans les transports en commun spécialement affrétés, à l’époque, pour cette gigantesque usine.

    Transgresser cet état de fait était un comportement absolument impossible, et socialement incompréhensible, rejeté d’un côté comme de l’autre : je le sais pour l’avoir essayé…

    Néanmoins, « anecdote » brutale, un ouvrier marocain qui avait décidé de rentrer au pays a carrément abattu son « petit chef » avant de réussir à quitter la France, sans se faire prendre…

    Sur sa chaîne, son « petit chef » n’était pas du tout raciste et opprimait de la même manière particulièrement féroce les ouvriers français et marocains : un des rares moments, sinon le seul, pour autant que je m’en souvienne, qui a « transcendé » la barrière « communautaire », et raciste, de par le fait.

    Le « fascisme », syndicalo-corporatisme, en fait, chez Simca-Chrysler, n’était pas qu’une « légende urbaine », et la résistance non plus… Mais le communautarisme, combiné avec la division et la hiérarchisation sociale restait l’arme absolue du système.

    Les formes ont changé, avec la désindustrialisation, mais le communautarisme est resté l’arme maîtresse du système pour diviser, en premier lieu, ce qui reste de la classe ouvrière.

    Le prétendu « vote populaire de protestation » pour le RN est bien avant tout un vote communautaire, qui associe la gauche à la fois à ses « échecs », c'est-à-dire à sa collusion avec le système, et à l’aspect communautaire qu’elle cherche à se donner, notamment avec Mélenchon et ses diatribes contre les « français de souche ».

    Même s’il y a des catalogues de revendications démagogiques d’un côté comme de l’autre, pour attirer le chaland, ce qui domine et détermine, et explique les déplacements de voix entre chaque tour, c’est finalement le vote « contre »…

    Un coup « à droite populiste » comme « option antisystème », un coup « à gauche démago unifiée » contre le « fascisme »-racisme du RN, et au milieu, la macronie, qui continue d’« arbitrer »…

    Anasse Kazib a donc raison de souligner, entre autres points, qu’une radicalisation rationnelle des luttes sociales, au lieu du saupoudrage réformiste et kollabo actuel, ce serait déjà un premier pas vers le retour de l’unité ouvrière et populaire, sur des bases de résistance collective, et non pas seulement individuelle et/ou communautaire.

    Ensuite, ou mieux, dans la foulée, restera à construire une alternative unitaire qui ne soit pas qu’un catalogue de revendications, démagogiques en pratique, car complètement déconnectées de tout moyen réel de leur réalisation.

    Luniterre

     

     Récent sur Ciel de France:

     Le Roi « Capital » est mort, vive la Reine « Dette » ! (Suite)

    Le Roi « Capital » est mort, vive la Reine « Dette » !

    http://cieldefrance.eklablog.com/le-roi-capital-est-mort-vive-la-reine-dette-a215991921 

     

    Le Roi « Capital » est mort, vive la Reine « Dette » ! (Suite - La dette française, un cas d'école)

    http://cieldefrance.eklablog.com/le-roi-capital-est-mort-vive-la-reine-dette-suite-la-dette-francaise-u-a216004361

     

    Eléments complémentaires au débat:

    « Annuler la dette », effacer l’ardoise, une stratégie de la « gauche » pour recommencer … sa propre faillite!

    http://cieldefrance.eklablog.com/annuler-la-dette-effacer-l-ardoise-une-strategie-de-la-gauche-pour-rec-a215995041

     

     Les leçons de l'Histoire:

    La gauche à la recherche du peuple perdu...

    Il était une fois... le Conseil National du Crédit (1945). Et aujourd'hui?

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/il-etait-une-fois-le-conseil-national-du-credit-1945-et-aujourd-hui-a215997227

     

     

     

     Aujourd'hui sur scène...

     Et en coulisses...

     

     

     

     

     

    « Le Roi « Capital » est mort, vive la Reine « Dette » ! (Suite - La dette française, un cas d'école)Professeur Christian Perronne : Covid, 4 ans après, la vérité ? »

  • Commentaires

    1
    Landru
    Dimanche 14 Juillet à 10:41

    Il semble que vous appeliez "être marxiste", être seulement honnête et clairvoyant. Ce que ne sont pas les gens "d'extrême-gauche" avec lesquels vous parlez. VLR par exemple. Voilà quelqu'un (que j'ai pris à tort pour un type bien) qui a développé sur son blog les preuves que les massacres du Bataclan et terrasse étaient un crime d'Etat. Qui a pris parti contre le covidisme, en montrant sa volonté génocidaire. Qui n'a pas hésité à mettre des videos de Cerise, entre autres, qui est proche du RN cependant. 
    Et maintenant il jugerait que Hollande, ou Glucksman, ou Veran, vaudraient mieux que les gens du RN, que porter une casquette de la Wehrmacht pour déconner serait infiniment pire que de vouloir empoisonner la population ? 
    La vérité c'est que tous ces gens là défendent le monde tel qu'il est; certes ils ne sont pas sa mince couche de privilégiés, mais sa plèbe, sa racaille. Vous semblez croire qu'ils ne sont pas assez marxiste, càd lucides.  Ils sont lucides et mobilisés. Ils défendent le seul monde qui permette la possibilité de leur existence de faux rebelles. Ils sont homogènes idéologiquement à la fraction extrême du capital usuraire ( banco centraliste dans votre analyse) : féministe, woke, immigrationniste.   Aussi dès qu'une vague force populiste qui s'oppose à cette idéologie apparaît tapie dans l'isoloir, les voilà tous rassemblés comme des rats.
    Ils viennent, par cette alliance électorale avec l'extrême droite réelle du capital et du sionisme, avec macron, montrer à quel point tout leur "antisiounisme" et leur anticapitalisme est secondaire.
    Cordialement

      • Mardi 16 Juillet à 19:37

         

        Vous me dites, en parlant de VLR et de sa capitulation en rase campagne (…électorale !) :

        « La vérité c'est que tous ces gens là défendent le monde tel qu'il est; certes ils ne sont pas sa mince couche de privilégiés, mais sa plèbe, sa racaille. Vous semblez croire qu'ils ne sont pas assez marxiste, càd lucides.  Ils sont lucides et mobilisés. Ils défendent le seul monde qui permette la possibilité de leur existence de faux rebelles. Ils sont homogènes idéologiquement à la fraction extrême du capital usuraire ( banco centraliste dans votre analyse) : féministe, woke, immigrationniste.   Aussi dès qu'une vague force populiste qui s'oppose à cette idéologie apparaît tapie dans l'isoloir, les voilà tous rassemblés comme des rats.

        Ils viennent, par cette alliance électorale avec l'extrême droite réelle du capital et du sionisme, avec macron, montrer à quel point tout leur "antisiounisme" et leur anticapitalisme est secondaire. »

        Commentaire posté par "Landru", à la suite de:

        http://cieldefrance.eklablog.com/la-gauche-a-la-recherche-du-peuple-perdu-a216009409

         

        Effectivement, en un sens, et ce qui est encore plus déroutant c’est par exemple lorsque le camarade Do m’interroge sur le fait d’avoir lu ou non les « Commentaires sur la société du spectacle » de Debord :

        « Par ailleurs je ne sais pas si tu as lu les Commentaires sur la société du spectacle ; mais, dans ce tout petit livre qu’il a écrit en 1988, Guy Debord ne parle ni de banque, ni de dette, et encore moins bien sûr de banco-centralisme. »

        https://mai68.org/spip3/spip.php?article726#forum575 

         

        Le fait est, jusque là, que je n’avais pas prêté une attention particulière à cet ouvrage qui date donc de 1988, tandis que La Société du Spectacle remonte à 1967, à la veille, en quelque sorte, de Mai 68…

        Personnellement, en tant que matérialiste se réclamant également de la dialectique je ne suis donc l’« inconditionnel » d’aucun auteur, et pas plus Debord que Marx ou Lénine, par exemples… Ce qui m’intéresse, c’est de chercher à comprendre la réalité dans laquelle nous évoluons, en tant qu’êtres humains, et toutes les contributions, en termes de recherches, sont pour moi les bienvenues, leur idéologie « d’origine » étant finalement secondaire par rapport à ce qu’elles peuvent apporter de réellement utile. Mais il me semble que ces trois auteurs, entre autres, procédaient également ainsi dans leur démarche…

         

        Il se trouve que dans ma réponse à « Alain », mais qui, comme « Bébert » et « Marcel », ne sont peut-être bien, en fonction du style, que des « avatars » de Do lui-même, j’utilise cette expression, qui m’est venue naturellement dans le fil du « dialogue » :

        « Les trois blocs reposant sur les mêmes fondamentaux banco-centralistes et donc totalitaires, au sens du spectacle intégré que présente ce système au XXIe siècle, et donc même si de façon très différente du totalitarisme du XXe siècle, il n’y en a pas un plus "fasciste" que les autres et nous faire croire le contraire c’est nous prendre pour des cons, mais le fait est donc que c’est bien ce qui se passe…

        Racisme et communautarisme font partie des différentes facettes du spectacle intégré, selon les acteurs, et ils ne sont pas l’apanage d’un bloc plus que de l’autre. La division fait partie et du spectacle et du système. »

        https://mai68.org/spip3/spip.php?article726#forum574 

         

        Il se trouve que parmi toutes mes réflexions et recherches j’ai donc, en conséquence, entrepris de jeter un coup d’œil sur le bouquin de Debord qu’effectivement, je n’ai pas souvenir d’avoir lu…

        Et sans aller très loin j’y vois que son apport essentiel nous est précisément présenté comme celle du spectacle intégré, qui est tout simplement une évidence pour moi, et depuis longtemps… !

        Cet ouvrage, sans aucun doute à mon avis, vaut donc d’être étudié plus longuement…

        Mais quoi qu’il en soit, le comble c’est donc bien que le camarade Do, qui se pose peu ou prou comme l’un des continuateurs de la démarche subversive de Debord n’en sombre pas moins, et même carrément tête baissée, ce qui est peut-être un effet mimétique du Tour de France, ces temps-ci, dans la « combinazione » électorale du NFP, sous le prétexte, manifestement on ne peut plus illusoire, qu’il serait le « détonateur » potentiel d’un « nouveau 36 », « nouveau Mai 68 », etc…

        Cette « homogénéité idéologique » que vous dénoncez  est donc bien réelle, et elle est, précisément, ce que Debord, et moi-même, plus modestement, appelons le « spectacle intégré » où il n’est d’« opposition » que de pacotille, et, in fine, juste faite de contradictions entre aspirants « gauleiters » du système et les divers parasites médiatiques qui gravitent autour.

        Néanmoins l’expression « fraction extrême du capital usuraire » ne me paraît pas appropriée pour caractériser le « metteur en scène » du spectacle, et il me semble donc essentiel, pour y voir plus clair, de chercher à comprendre ce à quoi elle pourrait correspondre, et déjà ce à quoi, en fait, elle ne correspond donc pas.

        Dans la définition que je propose du banco-centralisme comme nouveau système de domination de classe, la notion de « dette » est effectivement centrale, et remplace même, in fine, celle de « capital », et c’est bien pourquoi il ne me paraît donc pas du tout approprié de définir le banco-centralisme comme un énième avatar du capitalisme qui « succéderait », en quelque sorte, au stade « suprême » déjà défini par Lénine, en son temps, comme étant l’impérialisme.

        Il est donc important de rappeler que pour Lénine lui-même l’impérialisme, s’il était en quelque sorte le « sommet » de l’évolution des différentes formes du capitalisme, il n’en était pas pour autant forcément la dernière, et faute de révolution, même si ce cas échéant lui paraissait alors improbable, en 1916, il n’en conjecturait pas moins son évolution ultérieure possible :

        "Le remplacement du vieux capitalisme, où régnait la libre concurrence, par un nouveau où règne le monopole, entraîne, notamment, une diminution de l’importance de la Bourse. La revue Die Bank écrit : "La Bourse a depuis longtemps cessé d’être l’intermédiaire indispensable des échanges qu’elle était autrefois, lorsque les banques ne pouvaient pas encore placer parmi leurs clients la plupart des valeurs émises."

        "Toute banque est une Bourse" : cet aphorisme moderne contient d’autant plus de vérité que la banque est plus importante et que la concentration fait de plus grands progrès dans les opérations bancaires".

        "Si autrefois la Bourse, après 1870, avec ses excès de jeunesse" (allusion "délicate" au krach boursier de 1873, aux scandales de la Grunderzeit, etc.), "avait inauguré l’époque de l’industrialisation de l’Allemagne, aujourd’hui les banques et l’industrie peuvent "se tirer d’affaire elles-mêmes". La domination de nos grandes banques sur la Bourse… n’est que l’expression de l’État industriel allemand pleinement organisé. Dès lors, si le domaine des lois économiques fonctionnant automatiquement s’en trouve rétréci et le domaine de la réglementation consciente par les banques grandement élargi, il s’ensuit que la responsabilité incombant en matière d’économie nationale à quelques dirigeants augmente dans de vastes proportions."  

        Voilà ce qu’écrit le professeur allemand Schulze-Gaevernitz, cet apologiste de l’impérialisme allemand qui fait autorité chez les impérialistes de tous les pays et qui s’applique à masquer un "détail", à savoir que cette "réglementation consciente" par l’entremise des banques consiste dans le dépouillement du public par une poignée de monopolistes "pleinement organisés". La tâche du professeur bourgeois n’est pas de mettre à nu tout le mécanisme et de divulguer tous les tripotages des monopolistes de la banque, mais de les présenter sous des dehors innocents.

        De même Riesser, économiste et "financier" qui fait encore plus autorité, s’en tire avec des phrases à propos de faits qu’il est impossible de nier :

        "La Bourse perd de plus en plus ce caractère absolument indispensable à l’économie tout entière et à la circulation des valeurs, qui en fait non seulement le plus précis des instruments de mesure, mais aussi un régulateur presque automatique des mouvements économiques convergeant vers elle."  

        En d’autres termes, l’ancien capitalisme, le capitalisme de la libre concurrence, avec ce régulateur absolument indispensable qu’était pour lui la Bourse, disparaît à jamais. Un nouveau capitalisme lui succède, qui comporte des éléments manifestes de transition, une sorte de mélange entre la libre concurrence et le monopole. Une question se pose d’elle-même : vers quoi tend cette "transition" que constitue le capitalisme moderne ? Mais cette question, les savants bourgeois ont peur de la poser. "Il y a trente ans, les employeurs engagés dans la libre concurrence accomplissaient les 9/10 de l’effort économique qui ne fait pas partie du travail manuel des "ouvriers". À l’heure présente, ce sont des fonctionnaires qui accomplissent les 9/10 de cet effort intellectuel dans l’économie. La banque est à la tête de cette évolution." Cet aveu de Schulze-Gaevernitz nous ramène une fois de plus à la question de savoir vers quoi tend ce phénomène transitoire que constitue le capitalisme moderne, parvenu à son stade impérialiste."

        https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/imperialisme.pdf 

        (pages 18-19)

        Cité in "En relisant Lénine... qui parlait déjà de la fin du capital "fictif"...!" 

        http://cieldefrance.eklablog.com/en-relisant-lenine-qui-parlait-deja-de-la-fin-du-capital-fictif-a213834439

        La question était donc déjà bien posée par Lénine lui-même, et n’impliquait donc pas forcément que le « socialisme » doive « succéder » de manière quasi-automatique au stade impérialiste du capitalisme, ni que celui-ci ne connaîtrait pas d’autre évolution à la suite. Et même, la notion elle-même de « capitalisme moderne » apparaît ici comme un « phénomène transitoire » en tant qu’expression du système de domination de classe, et pas seulement en tant que forme particulière du capitalisme.

        Le fond de la question soulevée par Lénine dans ce passage est donc expressément celle qui nous concerne aujourd’hui : le « néolibéralisme » n’a plus de « libéral » que l’apparence et repose en fait sur la bureaucratie bancaire et étatique, désormais banco-centralisée, et au niveau mondial, par la source de garantie de ses crédits « en dernier ressort », également en apparence formelle, mais en première instance, en réalité, quant à la source de toute décision importante, et donc des « liquidités » qui en découlent au propre comme au figuré et sont indispensables pour sa simple survie en tant que système de domination de classe, depuis la « crise », « transition » bien réelle, en fait, et précisément celle dont Lénine nous parlait déjà en 1916, non pas vers une « nouvelle forme » de capitalisme, ni même vers le « socialisme », qui s’est également trouvé mis en échec, mais bien vers le banco-centralisme, donc !

        La « nuance » à comprendre entre l’époque de Lénine et la nôtre est pourtant assez simple à si on évalue la différence des contextes : celui décrit par Lénine, ou effectivement la Bourse semble encore jouer un rôle « libéral » de régulation de l’économie, avec un capital encore en pleine expansion productive, et le nôtre, où la Bourse semble « déconnectée » de l’économie réelle pour n’être plus qu’une sorte de casino géant livré aux seuls jeux de hasard d’une spéculation effrénée. 

        Or comme on l’a donc vu, le niveau de spéculation des bourses ne dépend plus que du volume des « liquidités » déversées, au titre de la création monétaire « ex nihilo », par les Banques Centrales, et non plus de la valeur intrinsèque des entreprises productives elles-mêmes, et surtout pas des monopoles « mondialisés », même si ce niveau élevé de spéculation est donc précisément « nécessaire » pour garantir le niveau de leurs fonds propres, c'est-à-dire leur solvabilité : en d’autres termes, simplement pour leur éviter la faillite, et cela depuis la « crise »-transition, banco-centraliste, donc, de 2007-2008.

        Il est donc clair que tout à fait selon la prospective de Lénine en 1916 la Bourse n’a plus du tout le rôle d’un « régulateur » de l’expansion du capitalisme « libéral », qui a bien, pour l’essentiel, disparu au « profit » des monopoles. Monopoles dont la survie n’en est pas moins, aujourd’hui, totalement entre les mains des Banques Centrales et de leurs « politiques monétaires ».

        Et ici il est donc essentiel aujourd’hui de mettre le mot « profit » entre guillemets, vu que précisément ce « profit » n’est donc plus par définition et par la force des choses qu’une fraction de la dette en expansion constante, dette en expansion dans une proportion moyenne nettement supérieure à ce qui reste du « capital » investi, qui n’est déjà lui-même, dès le départ, sous forme de crédits, qu’une fraction …de la dette !

        C’est donc pourquoi il est important de comprendre que l’expression « fraction extrême du capital usuraire » est inappropriée, même et surtout pour parler du banco-centralisme, même s’il est évident que la « transition » est encore en cours et qu’il subsiste encore, sur la planète, différentes formes de capitalisme au sens « classique » du terme, c'est-à-dire basées sur l’élargissement du capital à travers un processus productif qui ne contribue donc pas à l’élargissement de la dette globale, en termes de proportions. (Cas de la Russie...!)

        Parler de « capital usuraire » c’est clairement parler de taux d’intérêts. Les intérêts versés au titre des emprunts, qu’ils soient publics ou privés, sont effectivement, sinon généralement, du moins en grande partie, issus du travail et de la production réelle. Et en ce sens, ils conservent, effectivement, un aspect usuraire, et même d’autant plus, dans le cas de la dette publique, mais bien souvent privée aussi, que le « principal », le supposé « capital », lui, n’est jamais « reconstitué » au point d’être remboursé et donc soldé.

        Mais pour autant, si le banquier « d’affaire » a, pour ce qui le concerne, besoin de boucler un budget « en équilibre », et si possible, incluant une part de « bénéfice », on a pu voir et pendant des années, que pour les Banques Centrales cela impliquait de fournir aux « marchés » des crédits à taux faibles, voisins de zéro, et même, carrément négatifs !

        Depuis 2007-2008 l’essentiel, pour la survie de l’économie mondiale, ne repose plus sur le fait de « rembourser » éventuellement la dette, et que cela comporte des « intérêts » ou non n’est donc pas la question, mais tout simplement sur le fait que de l’argent circule, ou non, dans le système ! 

        Alors, s’interrogera-t-on, pourquoi faire « varier » les taux d’intérêts, et en fonction de quoi?

        On a bien vu, ces dernière années, et singulièrement, depuis 2007-2008, que le système banco-centraliste cherche, à travers ses « politiques monétaires », une sorte de « réglage optimum » qui verrait très précisément le taux d’inflation se « stabiliser » autour de 2%. C’est, ni plus ni moins, une sorte de « réglage de pression » des « liquidités » qui circulent dans le système, et qui ne sont déjà, à leur « source » qu’une création « ex nihilo » régulée par les Banques Centrales, même si « indirectement », pour ce qui concerne le crédit bancaire, mais très précisément, par contre, par le moyen des « taux directeurs » dont elles sont les seules à décider, en toute « indépendance », de par leurs statuts eux-mêmes !

        Si le bilan des Banques Centrales varie évidemment en fonction de leurs politiques monétaires, les taux directeurs décidés, et les taux « d’usure » appliqués en fonction par les banques ne sont donc pas essentiellement dictés par le « profit maximum » que le système peut extraire de l’économie mais simplement par le « réglage optimum » qui permet, à la base, sa simple survie en tant que système de domination de classe. Les « profits »  et privilèges diverses qui découlent de cette survie sont donc répartis au sein de la nouvelle classe dominante en fonction de la « proximité » des uns ou des autres avec le réel pouvoir de décision des politiques monétaires banco-centralistes, ce que d’aucuns ont eu la relative pertinence de rattacher à « l’effet Cantillon », du nom d’un des tous premiers « économistes », financier du tout début du XVIIIème siècle.

        Le « taux d’usure » qui est donc enduré, à la base, par la majorité des acteurs de l’économie, y compris, donc, par le particulier simple consommateur de biens de survie élémentaire, s’il ne peut les payer comptant, et de toute façon, subi, de manière générale, par répercussion sur la « hausse des prix », l’inflation courante, n’est donc pas un réel « taux d’usure » au sens « classique » du terme, celui du profit maximum, mais simplement un « taux de survie » de la nouvelle classe dominante banco-centraliste pour simplement se maintenir en tant que telle, grâce à l'expansion de la dette, et non plus, celle du capital.

        Evidemment, du point de vue du particulier « travailleur-consommateur » la différence est complètement imperceptible, mais du point de vue de l’analyse du système de domination de classe et de la stratégie de résistance et de lutte à adopter contre lui la différence est donc considérable, dans la mesure où il s’agit réellement de construire une alternative viable et non pas de se contenter de vociférations gauchisantes, puériles et pusillanimes.

        Si la quantité d’argent extorqué à l’économie réelle, fruit du travail socialisé, au titre des « taux d’intérêts » variables, est bien une des rares « valeurs » réelles qui soient encore produites, il n’est pas, pour autant, une des variables d’un éventuel « élargissement du capital », mais simplement une des variables du cycle de la dette, dans laquelle il se « perd », in fine, même s’il est éventuellement, à un moment de son cycle, une des variables du cycle de renouvellement du capital fixe, ce que l’on peut donc voir dans :   

        « Cinq différences essentielles entre l'époque de Marx et la nôtre » 

        http://cieldefrance.eklablog.com/cinq-differences-essentielles-entre-l-epoque-de-marx-et-la-notre-a214412243 

         

        … Dont le présent article précise, en quelque sorte, une sixième différence.

         

        Luniterre

        PS: dans la mesure où cette réponse constitue un développement en soi, complémentaire sur le thème du banco-centralisme, je la republie donc également en article séparé:

        Juillet 2024:

         Juillet 2024: "Landru" Vs les "victimes consentantes" de la cuisine électorale...

        http://cieldefrance.eklablog.com/juillet-2024-landru-vs-les-victimes-consentantes-de-la-cuisine-elector-a216027739

         

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