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Gaza-Israël-Égypte: une guerre peut en cacher une autre...
Une guerre en cours peut en cacher une autre, en voie d'irruption, ou plutôt, en quelque sorte, en voie d'éruption, même si encore "souterraine" actuellement, et ne passant pas pour autant par les tunnels du Hamas... Si l'attitude de l’Égypte à l'égard du conflit à Gaza a pu paraître ambivalente, elle ne l'est pas tant que cela, et même bien au contraire si l'on prend le temps d'en rechercher les déterminants, même dans l'actualité relativement récente.
Une "nouvelle" pourtant extrêmement importante, à ce sujet, est complètement passée "sous les radars" des médias français, pratiquement à la veille du nouvel an 2024, en date du 30 décembre dernier, déjà...
Au cours d'une conférence, ce jour là, Netanyahou a déclaré ouvertement et sans aucune ambiguïté qu'il considérait devoir absolument prendre le contrôle du "Corridor de Philadelphie", c'est à dire de la "zone tampon" entre Gaza et l’Égypte, qui est pourtant un territoire égyptien de plein droit, historiquement, et placé de plus tout à fait officiellement sous le contrôle de l’Égypte en vertu précisément des accords de paix qui lient les deux pays entre eux.
Autrement dit, ce 30 décembre dernier, Israël a fait une quasi-déclaration de guerre à l’Égypte, même si il n'a pas encore mis ses menaces à exécution.
Une "nouvelle" qui explique en grande partie, sinon tout à fait, ce qui autrement paraît peu compréhensible, et que les divers média en quête de buzz plus que d'info s'ingénient à embrouiller, avec éventuellement pas mal d'arrières-pensées manipulatrices en prime, en vue d'isoler l’Égypte, peut-on logiquement penser, dû-t-elle se retrouver à combattre Israël, sans l'avoir voulu, et simplement pour défendre ce qui lui reste d'intégrité territoriale.
Depuis fin 2009, donc, déjà, l’Égypte s'emploie notamment, sous ce rapport, à entretenir et renforcer sa frontière avec Gaza, dans cette zone dite "Corridor de Philadelphie", en raison des accords de paix qui en ont déterminé la fonction de "zone tampon" entre l’Égypte et Gaza. D'où les travaux importants qui y sont constamment menés, depuis des années déjà, donc, et qui ont évidemment pris une importance stratégique et politique nouvelle avec le présent conflit.
Mais bien avant ce conflit, déjà, l’Égypte avait donc entrepris d'élargir la zone dégagée de toute habitation, le long de la frontière, afin d'y améliorer ses capacités de contrôle, ainsi que d'y renouveler, renforcer et prolonger les murs, tout au long. Mais dernièrement certains médias ont donc fait mine de "découvrir" l'étendue de ces travaux, et tenté de leur imputer une autre fonction, celle d'un changement de politique, qui verrait finalement l’Égypte "accueillir" des réfugiés palestiniens pour les parquer dans des camps de "compression" réduits à la mode israélienne, en quelque sorte... (*)
En somme, la presse occidentale prend ses désirs et ses "visions" pour la réalité, alors que si enclos "réduits" il y a, ils sont en fait destinés à protéger l'acheminement de l'aide aux gazaouis, et non à "exfiltrer" une partie de la population. C'est clairement ce qui ressort des infos les plus récentes, si on veut bien les considérer factuellement, comme prétendent le faire nos pseudos "fact-checkers", et non pas surinterpréter pour faire coller les fantasmes sionistes et la réalité simplement pragmatique de la politique égyptienne.
Mais ce qui est encore plus consternant, c'est que ce syndrome "déformant" vaut aussi pour une grande partie de la presse supposée "antisystème" ou même pseudo-"résistante" qui ne raisonne que sur la base de ses préjugés "idéologiques" au lieu de quérir sérieusement l'info et de d'analyser de manière factuelle, matérialiste et dialectique.
Une mention très "spéciale" à France 24, qui se "réveille" plus de six semaine après les déclarations incendiaires de Netanyahou, pour faire un point autrement assez correct sur cette question, et semble-t-il, le seul en langue française, à ce jour.
Il mérite donc d'être republié, à la suite, en même temps qu'un article utile du Washington Post, qui fait un point documenté sur les enjeux de ce nouveau conflit en gestation, et qui pourrait bien éclipser celui déjà en cours, en terme de risques de déséquilibres géostratégiques à échelle planétaire.
Luniterre
PS: Mais pour "mémoire" et en fait pour commencer sérieusement le sujet, les déclarations incendiaires de Netanyahou, fin décembre:
Netanyahu says Israel should control Gaza-Egypt border zone
Reuters
December 31, 202310:42 AM GMT+1Updated 2 months ago
JERUSALEM, Dec 30 (Reuters) - The border zone between the Gaza Strip and Egypt should be under Israel's control, Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu said on Saturday as he predicted the war in the Palestinian enclave and on other regional fronts would last many more months.
Netanyahu held a news conference as Israel entered the 13th week of its war against Gaza's ruling Hamas Islamists, which has stoked violence in the occupied West Bank and touched off attacks by Iran-backed groups in Lebanon, Syria, Iraq and Yemen.
"The Philadelphi Corridor - or to put it more correctly, the southern stoppage point (of Gaza) - must be in our hands. It must be shut. It is clear that any other arrangement would not ensure the demilitarisation that we seek," he said.
Israel has said it intends to destroy Hamas in Gaza and demilitarise and deradicalise the territory in order to prevent any repeat of the Oct. 7 cross-border killing and kidnapping spree by the Palestinians militant group that sparked the war.
"The war is at its height. We are fighting on all of the fronts. Achieving victory will require time. As the (IDF) chief of staff has said, the war will continue for many more months," Netanyahu said.
He added a rare threat to attack Iran directly over the near-daily exchanges of fire across the Israel-Lebanon border. "If Hezbollah expands the warfare, it will suffer blows that it has not dreamed of - and so too Iran," Netanyahu said without elaborating.
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Le "corridor de Philadelphie" :
un objectif pour Netanyahu,
une ligne rouge pour l’Égypte
Le "corridor de Philadelphie" est une zone tampon entre la bande de Gaza et l’Égypte. Ce couloir de 100 mètres de large et de 14 km de long pourrait représenter la seule voie de passage pour des centaines de milliers de Palestiniens en cas d’offensive majeure de l’armée israélienne à Rafah. Benjamin Netanyahu affirme depuis des semaines vouloir prendre le contrôle de ce couloir, une menace qui inquiète les autorités égyptiennes. Décryptage.
Publié le : 12/02/2024 - 19:56
Des gardes-frontières patrouillent sur une route parallèle au corridor de Philadelphie, une zone tampon qui sépare l'Égypte de la bande de Gaza, le 19 mars 2007. © Cris Bouroncle, AFP (archives)
Malgré les mises en garde internationales contre une catastrophe humanitaire inéluctable à venir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, semble déterminé à lancer une offensive terrestre sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière égyptienne.
Dans un discours à la télévision, il a déclaré, le 7 février, avoir ordonné à l’armée de "préparer" une telle opération contre cette ville, devenue un gigantesque campement surpeuplé où sont réfugiés, selon l'ONU, 1,4 million de Palestiniens. Des hommes, des femmes et des enfants ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois entre Israël et le Hamas.
Dimanche 11 février, sur la chaîne américaine ABC News, Benjamin Netanyahu a affirmé qu’Israël assurera "un passage sécurisé à la population civile pour qu'elle puisse quitter" Rafah, qualifié de "dernier bastion" du Hamas. Sans toutefois dire où, très précisément, les Gazaouis pourraient se réfugier, il a mentionné des zones au nord de Rafah qui pourraient être utilisées comme zones sécurisées pour les civils.
© Studio Graphique France Médias Monde
C’est dans ce contexte que les regards se tournent à nouveau vers le "corridor de Philadelphie", une route tracée le long de la frontière de la bande de Gaza avec l'Égypte, depuis le littoral de la Méditerranée jusqu'au point situé en face du passage de Kerem Shalom. Ce dernier est contrôlé par l’armée israélienne et est situé au point de rencontre frontalier entre Israël, l'Égypte et la bande de Gaza.
Craignant un afflux massif de réfugiés et ses éventuelles conséquences, l'Égypte a déployé, au cours des deux dernières semaines, une quarantaine de chars et de véhicules blindés de transport de troupes dans le nord-est du Sinaï. Selon deux sources sécuritaires égyptiennes interrogées par l’agence Reuters, ce déploiement fait partie d'une série de mesures visant à renforcer la sécurité à la frontière avec Gaza.
Un corridor stratégique au cœur des tensions
Baptisé ainsi suivant un nom de code donné par l’armée israélienne et connu aussi sous le nom de "corridor de Saladin", le "corridor de Philadelphie" est une zone tampon de 14 kilomètres de long et 100 mètres de large, mise en place conformément aux termes des accords de camp David signés par l’Égypte et Israël, en septembre 1978.
Son objectif : empêcher toute incursion armée, contrôler les déplacements des Palestiniens dans les deux sens, et le trafic d'armes entre le Sinaï égyptien et la bande de Gaza.
© Studio Graphique France Médias Monde
Délimitée par des clôtures barbelées, dont la hauteur varie entre deux et trois mètres, et des blocs de béton, le corridor était sous contrôle de l’État hébreu jusqu’au retrait unilatéral de l’armée israélienne de la bande de Gaza en 2005.
Dans le cadre de ce retrait décidé par le gouvernement d’Ariel Sharon, Israël et l'Égypte signent un accord, connu sous le nom d’Accord de Philadelphie, prévoyant le déploiement d’un contingent de 750 gardes-frontières égyptiens le long de la zone tampon (du côté égyptien). Il s’agissait alors des premiers militaires égyptiens à patrouiller dans cette zone depuis la guerre de 1967, durant laquelle la bande de Gaza, alors administrée par l'Égypte, et la péninsule du Sinaï furent conquises par Israël. L’accord en question allait jusqu’à définir très précisément l’équipement du contingent égyptien, à savoir 8 hélicoptères, 30 blindés légers et 4 vedettes.
Leur mission consistait à surveiller le corridor du côté égyptien, soit la seule frontière de la bande de Gaza échappant au contrôle direct de l'armée israélienne, à lutter contre le terrorisme et à prévenir tout acte d’infiltration et de contrebande.
De l’autre côté du corridor, ce sont les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne qui prennent le relais des Israéliens, avant d’être chassées deux ans plus tard, en juin 2007, par le Hamas à la faveur de son coup de force contre le Fatah de Mahmoud Abbas.
En réaction, Israël décide d’imposer un blocus – terrestre, maritime et aérien – et un embargo sur le territoire désormais aux mains du mouvement islamiste. Ces restrictions favorisent le développement d'un système de tunnels de contrebande, passant forcément sous le no man's land entre Gaza et l'Égypte, permettant aux marchandises et aux personnes de franchir la frontière, et dont l'existence a été documentée par Israël dès 1983.
Depuis, alors que le terminal de Rafah contrôlé par l’Égypte et d’où transitent les personnes, les biens et l'aide humanitaire, n’a été ouvert depuis 2007 que par intermittence, Israël voit cette zone comme vitale pour le ravitaillement du Hamas.
En décembre 2007, la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, avait estimé que l'Égypte faisait un "piètre" travail pour tenter d'arrêter la contrebande d'armes sous le "corridor de Philadelphie".
Déjà en 2009, au moment de l’opération "Plomb durci", des plans militaires israéliens prévoyaient l'occupation du "corridor de Philadelphie" afin d’y détruire les tunnels de contrebande. Une occupation qui aurait, de facto, permis d’encercler totalement la bande de Gaza.
Après la destitution, en juillet 2013, du président Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, dont est issu le Hamas, l'armée égyptienne entreprend de détruire des centaines de tunnels de contrebande creusés sous la frontière avec la bande de Gaza. Il s’agissait de représailles contre le mouvement islamiste palestinien accusé par Le Caire de participer à la déstabilisation du Sinaï. Pour détruire ce système souterrain, l'Égypte a délibérément inondé la zone frontalière en 2015.
Un corridor désormais ouvertement dans le viseur de Netanyahu
Après les attaques du 7 octobre, perpétrées par le Hamas et ses alliés, inédites par leur ampleur et leur bilan humain sur le sol israélien, les regards se sont à nouveau tournés vers le "corridor de Philadelphie", plus que jamais perçu comme stratégique pour le Hamas, et régulièrement pris pour cible par l’armée israélienne depuis le début de la guerre à Gaza .
"Le 'Corridor de Philadelphie' doit être entre nos mains et sous notre contrôle, et tout arrangement autre que celui-là ne sera pas accepté par Israël", lance fin décembre, Benjamin Netanyahou, dont le gouvernement a promis de "liquider" le mouvement palestinien.
Le Premier ministre israélien a réitéré à plusieurs reprises cette menace, à tel point que Le Caire la prend très au sérieux.
Selon Salah Gomaa, rédacteur en chef adjoint de l'agence officielle égyptienne Al-Charq al-Awsat, le risque de déplacement des Gazaouis vers l’Égypte qui pourrait en découler préoccupe beaucoup le pouvoir égyptien.
Depuis le début du conflit, le président Abdel Fattah al-Sissi, qui joue un rôle de médiateur entre le Hamas et le gouvernement israélien, s'oppose à l'idée de laisser les Gazaouis, fuyant la guerre et entassés à la frontière égyptienne, entrer sur son territoire. Mi-octobre, il les avait même exhortés à "rester sur leur terre", estimant que pousser les Palestiniens à quitter leur terre est "une façon d'en finir avec la cause palestinienne".
"À Rafah désormais, tout bombardement ou attaque contre les réfugiés les fera certainement fuir vers le Sinaï, estime Salah Gomaa. Par conséquent, si l'Égypte permet cela, ça voudra dire qu’elle accepte la liquidation de la question palestinienne alors que des ministres extrémistes israéliens prônent ouvertement le retour à Gaza des colons et 'l’émigration' des Gazaouis vers son voisin égyptien".
En plus d’une catastrophe humanitaire annoncée, Benjamin Netanyahu prend donc également le risque de déclencher une crise diplomatique ouverte avec l’Égypte, s’il ordonne la prise du "corridor de Philadelphie".
Mi-janvier, Israël a en effet informé l'Égypte de son intention de mener une opération militaire pour prendre le contrôle le long de l'axe frontalier, a révélé le Wall Street Journal, citant des sources israéliennes et égyptiennes. Le 16 janvier, Diaa Rashwan, chef du service d'information égyptien (SIS), a réagi en mettant en garde contre une "violation du traité de paix" qui lie les deux pays, si l’armée Israélienne devait entrer dans le "corridor de Philadelphie".
"De nombreux hommes politiques israéliens ont déclaré que la prise de contrôle du corridor avait précisément pour but de permettre aux Palestiniens, sous la pression des bombardements, de migrer vers le Sinaï, et c’est là le cœur du problème avec l’annonce d’un assaut imminent sur Rafah, explique Salah Gomaa, C’est pour cela que le président du SIS a émis un avertissement ferme et que l'Égypte considère la réoccupation de cet axe comme une ligne rouge, qui s'ajoute également à celle que constitue la question du déplacement de population."
Et de conclure : "L'Égypte a informé Israël par voie diplomatique et a informé Israël par l'intermédiaire des États-Unis que cette option ne sera jamais autorisée par l'Égypte."
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Egypt-Israel ties in jeopardy
over intensifying Gaza border dispute
By Claire Parker and Heba Farouk Mahfouz
January 31, 2024 at 1:00 a.m. EST
A bulldozer works to create a buffer zone along the Egyptian border with the Gaza Strip, near Egyptian army watch towers, left, and smuggling tunnels, right, in Rafah in the Gaza Strip, in 2017. (Adel Hana/AP)
CAIRO — As Israeli troops push farther south in Gaza, officials in Jerusalem are signaling what could be a central, and politically perilous, aim of the war’s next phase: taking control of the border crossing with Egypt.
Since December, Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu has repeatedly asserted that Israel cannot eliminate Hamas without exercising authority over Gaza’s southern border region, including Egypt’s Rafah crossing, which has served as a vital transit point for people and humanitarian aid into the besieged enclave.
“The Philadelphi Corridor — or, to put it more correctly, the southern stoppage point [of Gaza] — must be in our hands. It must be shut,” Netanyahu said in late December, referring to a buffer road along the border. “It is clear that any other arrangement would not ensure the demilitarization that we seek.”
Before Oct. 7, Egyptian and Hamas border authorities each managed their respective sides of the Rafah crossing, which sits along the Philadelphi Corridor, a no man’s land approximately nine miles long and several hundred yards wide that stretches from the southernmost tip of Gaza to the Mediterranean Sea. Israel hasn’t had boots on the ground along the border since 2005, when the country withdrew its forces from the Gaza Strip.
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Reestablishing Israeli control over the area will be crucial to creating “a new strategic situation in Gaza” in which Hamas is unable to attack Israel again, according to Michael Milshtein, a senior fellow at Reichman University and a former head of Palestinian affairs for Israeli military intelligence.
Israel’s war in Gaza — launched after militants killed 1,200 people and took more than 250 hostage on Oct. 7 — has leveled much of the north and killed more than 26,000 Palestinians, many of them women and children, according to the Gaza Health Ministry.
The military campaign has damaged Hamas, but the group is still believed to command thousands of fighters. Its top leaders remain at large and much of its tunnel network, especially in the south, is intact, Israeli officials say.
As some Israeli troops leave Gaza, a long-term strategy remains elusive
“You must take control over this corridor, including Rafah border crossing,” Milshtein said. “Otherwise, it means that if there will be a cease-fire or even a broader settlement in Gaza, and the whole border will still be open, Hamas will very quickly get everything this organization needs from the military point of view” and reconstitute itself.
But the idea of Israeli troops returning to the border has set off alarm bells in Cairo, which said in recent weeks that such a move would risk undermining the 1979 Egypt-Israel peace treaty — a landmark accord that led to a half-century of coexistence and cooperation between the once-bitter foes.
Egypt has made clear that it considers the border a red line.
“It must be strictly emphasized that any Israeli move in this direction will lead to a serious threat to Egyptian-Israeli relations,” Diaa Rashwan, head of the State Information Service, said in a statement last week.
Egyptian and Israeli officials and commentators have traded accusations this month over who is to blame for the smuggling of weapons to Hamas in Gaza, revealing growing fissures in a relationship that has been a bedrock of stability in a volatile region.
“There is lack of trust or lack of understanding from both sides, which we are not used to,” said a former member of Egypt’s parliament, Mohamed Anwar Sadat, the nephew of Anwar Sadat, the Egyptian president who signed the 1979 treaty and was later assassinated. “Honestly, we believe we are back to square one when it comes to our relationship with Israel — back to the ’70s.”
Egypt has long advocated for Palestinian self-determination while serving as a key interlocutor between Israel and Palestinian authorities. Relations between Israel and Egypt were never warm, but the two countries had developed a close security partnership in recent years and were pursuing deeper economic and energy ties.
Since President Abdel Fatah El-Sisi took power after a military coup in 2013, Egypt has destroyed hundreds of tunnels used to smuggle weapons and goods to and from Gaza. The government also displaced tens of thousands of northern Sinai residents and razed buildings near the border to create a militarized buffer zone about three miles deep.
Israel, meanwhile, let Egypt send military forces to Sinai to fight an Islamist insurgency, beyond what the 1979 treaty allowed.
Security cooperation “was excellent — until the 7th of October,” said Samir Farag, a former Egyptian general and defense official.
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Evolution de la frontière à Rafah entre 2013 et 2022
Sources: Maxar, Airbus, Google Earth
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The suggestion from Israel that Egypt has failed to adequately crack down on smuggling has touched a nerve among Egyptian officials, for whom security is paramount. From Cairo’s perspective, Sisi has already taken on significant political risk by shoring up Israel’s blockade of Gaza, even as more than a million displaced Palestinians seek safety in Rafah.
“Egypt is fully controlling its borders,” Foreign Ministry spokesman Ahmed Abu Zeid said on a recent talk show.
Rashwan, the state information head, laid out a lengthy defense of Egypt’s efforts to crack down on smuggling — pointing, among other measures, to a 20-foot-deep concrete wall Egypt constructed along the border in recent years. And he lashed out at suggestions from Israel that militants are co-opting humanitarian deliveries for their own purposes.
“Any claim that smuggling operations are carried out through trucks carrying aid and goods to Gaza from the Egyptian side of the Rafah crossing is an empty and ridiculous statement,” he said.
Egypt under growing pressure as displaced Gazans crowd the border
Tensions between the countries were already high after calls by right-wing Israeli lawmakers for the displacement of Gazans into Sinai, a nightmare scenario for Egypt. The war in Gaza has also dealt another blow to Egypt’s struggling economy: Tourism revenue is down, and income from shipping through the Suez Canal dropped after Houthi militants in Yemen began attacking merchant vessels in the Red Sea to protest the war.
“The strain being imposed on Egypt right now is just extraordinary,” said Mirette Mabrouk, director of the Egypt studies program at the Washington-based Middle East Institute. “The security of Egypt is tantamount to the security of Israel, so when you continue to attempt to destabilize Egypt, or if you proceed in a manner that is very likely to destabilize Egypt, it is not in your interest.”
Farag, the former general, said Egypt was considering a range of options to respond if Israeli forces seize the border area, but declined to elaborate.
Netanyahu said in a news conference Saturday that relations with Egypt were “ongoing and normal” after reports that Cairo had considered recalling its ambassador from Tel Aviv.
Israel’s military would only undertake a ground operation along the Philadelphi Corridor with the consent of Egyptian officials, the Israeli newspaper Yedioth Ahronoth reported this week.
Preserving its relationship with Cairo is “a very, very important consideration from the Israeli point of view,” Milshtein said.
Israeli troops along the border would be likely to become targets for Hamas or allied militants, bringing the violence right to Egypt’s doorstep and standing in the way of a durable peace, said a former Arab diplomat familiar with Cairo’s concerns, speaking on the condition of anonymity to discuss the sensitive issue.
Israel’s seizure of the border crossing would also sever Egypt’s geographic link to Gaza, potentially undercutting Egypt’s leverage with Hamas and weakening its role as a mediator between Israeli and Palestinian authorities, the diplomat added. Egypt, along with Qatar and the United States, continues to play a key role in negotiations between Israel and Hamas over a potential cease-fire and the release of Israeli hostages.
The “very presence” of the Israeli military in Gaza “is likely to remain a source of ongoing violence,” said Khaled Elgindy, a senior fellow at the Middle East Institute. “If Israel says, ‘We’re never leaving Gaza,’ then we can look forward to a perpetual insurgency.”
Lior Soroka in Tel Aviv contributed to this report.
Israel-Gaza war
Israel-Gaza war: Footage and satellite imagery show that Egypt is clearing off, and building a wall around a plot of land along its border with the Gaza Strip, amid fears of an Israeli offensive in the southern Gaza city of Rafah. Many Gazans are attempting to flee Rafah where about 1.4 million people are sheltering.
Middle East conflict: Tensions in the region continue to rise. As Israeli troops aim to take control of the Gaza-Egypt border crossing, officials in Cairo warn it would undermine the 1979 peace treaty. Meanwhile, there’s a diplomatic scramble to avert full-scale war between Israel and Lebanon.
U.S. involvement: U.S. airstrikes in Iraq and Syria killed dozens of Iranian-linked militants, according to Iraqi officials. The strikes were the first round of retaliatory action by the Biden administration for an attack in Jordan that killed three U.S. service members.
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https://www.washingtonpost.com/world/2024/01/31/israel-egypt-gaza-philadelphi-corridor/
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« "COMPRESSION": "déplacer" 1 400 000 Gazaouis dans une "zone" de 14km2, c'est le projet de Netanyahou avant l'assaut final sur Rafah!Palestine-Gaza: Stop massacres! Rassemblement de solidarité à Paris, ce 22 février »
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