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EN RÉPONSE AU CAMARADE DO >>>
http://mai68.org/spip2/spip.php?article15814#forum12909
Bonjour, camarade !
Tout d’abord, cette aventure n’est « amusante » que dans la mesure où elle n’a pas tourné au tragique, comme cela aurait pu se produire, avec un nouveau bain de sang à la clef et une division encore plus profonde de la société russe, si le conflit avait réellement dégénéré.
Pour autant, tout n’est pas réglé, et même loin de là, semble-t-il, même si un nouvel équilibre tend à s’établir entre deux « tendances » actuellement en lutte politique.
Et je dis « deux » pour simplifier, en parlant de manière en quelque sorte « générique » de tous ceux qui prennent plutôt la parole « officielle » du Kremlin, sans trop la discuter, d’un côté, et ceux qui conservent un regard analytique et critique, manifestant, de fait, plus ou moins de sympathie envers Prigogine et ses soutiens diverses, de l’autre côté.
Il y a donc en réalité une situation très complexe, et non pas simplement « binaire », en quelque sorte.
Il faut donc absolument se garder de nous fier à des « impressions » qui ramèneraient les événements à des causes simplistes et plus ou moins binaires.
Je passe beaucoup de temps à quérir de l’info sur les très nombreuses chaînes Telegram en russe, et ce ne sont pas les infos qui manquent, mais plutôt le temps de faire le tri !
Le peu que je republie est donc ce qui me paraît suffisamment solide, à l’épreuve des suites sur quelques jours.
Au départ il faut noter que la position de Poutine, si elle est celle d’un leader politique respecté, n’est pas pour autant celle d’un « dictateur » tel que caricaturé par l’Occident. Par bien des côté, sa position ressemble à celle de Staline, qui devait, en fait, arbitrer constamment entre les clans et factions au sein du Parti et de l’appareil d’Etat.
Arbitrer, c’est ce qu’il est encore en train de faire en essayant d’établir un « nouveau » statut pour Wagner, peu ou prou, après avoir manifestement tenté de le dissoudre carrément.
Wagner est donc apparu comme la pierre d’achoppement entre les différents clans politiques plus ou moins importants dans l’armée et au Kremlin.
Dans ces clans, certains noms apparaissent au premier plan, d’autres au second, et d’autre pas ou peu, sans que l’on puisse pour autant en conclure que certains sont les « marionnettes » des autres !
En effet, il apparaît donc que Poutine a tenté de « diviser » Wagner en faisant sa proposition en « trois volets au choix » : intégrer l’armée et donc signer avec Choïgou, rentrer à la maison « tranquillement », ou partir au Bélarus, peu ou prou au service de Loukachenko (« négociateur de la paix des braves », à paraître prochainement… !).
Or, en termes de « division » cette stratégie a échoué, comme nous le rappelle encore aujourd’hui le Commandant Zomby, en réitérant la dernière phrase de son précédent communiqué, qui se voulait, en réalité, volontairement « anodine », précisément, dans le but de ne froisser personne !
(После встречи с президентом командир Зомби сообщил, что согласившихся подписать контракт с Минобороны не оказалось.
"Я либо в ЧВК "Вагнер", либо с радостью отдохну дома перед телевизором. И так думают все".)
(https://t.me/orchestra_w)
https://t.me/prigozhin_2023_tg/2307
Il est donc clair que Prigogine a agit en accord avec ses commandants, dont il respecte les conseils et dont il fait et représente la synthèse, et à ce titre il n’est donc en rien une « marionnette » !!!
Même avec sa dernière phrase, qui, jusque là, paraissait effectivement plutôt « incongrue », le communiqué du commandant Zomby était donc pesé mot pour mot et dit expressément : Prigogine, c’est Wagner, et Wagner, c’est Prigogine !
Aujourd’hui même, loin de son supposé « palais », Prigogine campe dans une tente militaire, sans qu’il soit, volontairement, possible de déterminer si c’est au Bélarus ou en LNR !
Au Bélarus, en tout cas, les choses se mettent en place, et le travail de formation des forces bélarusses a déjà commencé, manifestement dans un excellent climat d’accueil et de fraternité.
Le volet « Wagner au Bélarus » de l’accord négocié par Loukachenko n’est donc pas juste une sorte de « refuge des réprouvés » mais prendra place dans les accords globaux entre les deux pays.
Concernant les événements des 23-24 Juin à Rostov, il apparaissait assez clairement, dès 6 h du matin, que l’intrusion de Wagner bénéficiait d’une sorte de « bienveillance » de l’Etat-major local, qui est donc celui de l’ensemble de l’ « Opération Spéciale », en fait.
Y avait-il pour autant « complicité » ou au moins « anticipation », et jusqu’à quel point, je n’en sais absolument rien, et on ne le saura vraisemblablement pas avant très longtemps, sinon jamais…
Le fait est simplement qu’il y a donc très probablement, sinon, quasi certainement, en fait, une division très profonde au sein de l’armée, concernant les buts et stratégies de l’ « Opération Spéciale ». Et probablement dès les débuts, sinon carrément, dès l’origine, compte tenu des échecs et revers des premiers mois.
Fort heureusement, les choses se sont nettement améliorées, ces derniers mois, et on en voit le résultat, même s’il n’est pas encore décisif en termes de renversement du rapport de forces.
Le fait est, précisément, que ces améliorations sont essentiellement dues au « clan » qui a soutenu, peu ou prou, Prigogine et Wagner, y compris, même si « discrètement », jusqu’au 24 Juin.
La ligne actuelle de défense russe, qui arrête si efficacement la contre-offensive ukrainienne s’appelle « Ligne Sourovikine », et ce n’est donc pas par hasard, parce que ce bon « Général Armageddon » serait passé par là un de ces quatre…
Le « maintien aux affaires » de l’autre « clan », personnifié, dans le langage fleuri de Prigogine, par le tandem Choïgou-Guerassimov, n’est donc pas chose si aisée, bien qu’il semble avoir relativement l’appui de Poutine lui-même, pour des raisons que j’ignore absolument.
Ici aussi, donc, comme pour la tolérance ou « complicité » éventuelle d’une partie de l’Etat-major de Rostov, le 24 Juin, je tiens donc à souligner mon ignorance des causes possibles de ces deux états de fait.
C’est simplement un constat que je fais, sans « impressions » ni états d’âme !
Un autre constat, et véritablement exceptionnel, à notre époque, c’est donc celui de la solidarité et de la fraternité qui unit donc la quasi-totalité des divisions Wagner. Une solidarité remarquablement mise à l’épreuve et qui semble donc capable de la surmonter.
L’épreuve semble donc montrer que les mots du communiqué du commandant Zomby sont bien le reflet de la réalité, et c’est pourquoi j’ai voulu en faire une traduction précise et le situer dans son contexte, que je précise donc encore davantage, ici.
Actuellement, une partie des médias russes, manifestement au service d’un « clan » (…ou de plusieurs !) s’emploie également, par la calomnie, à tenter de détruire la solidarité populaire envers Wagner et Prigogine, à défaut d’avoir pu briser l’unité du groupe.
C’est aussi simplement un autre constat.
Et un autre combat… !
Je ne pense pas pour autant que Wagner et Prigogine soient nécessairement au dessus de toute critique et de tout reproche, mais il me semble évident, et là aussi, c’est même un simple constat, qu’ils font désormais partie de l’histoire de la lutte et de la Résistance populaire face à l’oppression mondialiste et banco-centraliste.
Le paradoxe reste donc que cette PMC a bien des vertus essentielles de ce que doit être une armée de lutte et de Résistance populaire, et à ce titre elle a donc ma sympathie évidente.
Bien à toi,
Amicalement,
Luniterre