Mercredi 29 novembre: un « sixième groupe » d’otages israéliens a été remis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Ceci en échange de 30 prisonniers palestiniens, dont la jeune militante Ahed Tamimi.
« En échange, 30 Palestiniens, dont 16 mineurs et 14 femmes, ont été libérés par Israël. Parmi eux figure Ahed Tamimi, une militante de 22 ans devenue une figure-clé pour les Palestiniens défiant l’occupation israélienne.
Elle avait été arrêtée pour une publication sur Instagram, que selon sa famille elle n’a jamais effectuée, et qui selon des sources israéliennes appelait au massacre des Israéliens et faisait référence à Hitler.
Sa mère Narimane, dont le mari a également été arrêté, a affirmé qu’Ahed n’était pas à l’origine de cette publication et qu’elle n’était même pas la possibilité d’ouvrir un compte sur les réseaux sociaux. »
Les images prises dans la nuit du 29 au 30 novembre montrent la jeune femme entourée de ses proches. Ahed Tamimi, icône palestinienne, a été libérée par Israël. Elle fait partie de la liste des 30 prisonniers relâchés mercredi en échange d’otages retenus par le Hamas. La jeune femme aux cheveux bouclés, âgée de seulement 22 ans, avait été arrêtée en début de mois en raison d’une publication Instagram qui lui était imputée.
Elle avait été accusée « d’incitation à la violence et au terrorisme » par Israël, alors que sa famille affirmait qu’elle n’était pas l’auteure de ce message et qu’elle n’avait même pas de compte sur les réseaux sociaux.
« Il y a des dizaines de pages au nom d’Ahed et avec sa photo mais avec lesquels elle n’a aucun lien. Ahed, elle, quand elle essaye d’ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, il est aussitôt bloqué », avait ainsi commenté sa mère auprès de l’AFP.
Arrêtée en début de mois [Le 6 novembre-NDLR *]
Ahed Tamimi était détenue dans la prison de Damon, près de la ville israélienne d’Haïfa et a fait son retour en Cisjordanie aussitôt libérée. Ce n’est pas la première fois qu’elle est incarcérée. Elle l’avait été en 2017 et était restée en prison durant 8 mois pour avoir giflé deux soldats israéliens.
Pour les médias israéliens, Ahed Tamimi n’est qu’une provocatrice, outil de propagande dont l’unique but est de les discréditer et d’humilier les soldats. Pour les Palestiniens, elle est une héroïne moderne. Un portrait géant d’Ahed Tamimi a été peint sur le mur de séparation israélien en Cisjordanie occupée, dans le secteur de Bethléem.
En 2012, la fillette s’était déjà distinguée en brandissant le poing sous le nez de soldats israéliens, des images qui avaient fait le tour du monde. « Je suis plus forte que n’importe lequel de tes soldats » l’entendait-on hurler face à un militaire, impassible devant cette petite blonde. Trois ans plus tard, elle fut à nouveau photographiée. Cette fois-ci avec d’autres femmes, en train de s’en prendre à un soldat qui détenait alors son jeune frère. Les images d’Adeh ont fait le tour du monde.
Le message de son père Bassem
Son père, Bassem, est lui aussi bien connu. Leader de la lutte pacifique contre l’occupation israélienne, il est le porte-parole d’un message clair. « Le but est de mettre la pression sur l’occupant, sans jamais avoir recours à la violence », expliquait-il à Paris Match en 2013. Leur village de Nabi Saleh, située dans le nord de la Cisjordanie, en territoire occupé depuis 1967, est connu pour avoir fait la une du prestigieux « New York Times Magazine » en 2013. Le journal présentait alors le combat pacifique de ses habitants contre Israël.
Comme sa fille, il a lui aussi été arrêté à plusieurs reprises. En 2012, il avait été condamné à 13 mois de prison. Amnesty International avait alors demandé sa libération immédiate et sans condition. Son expérience la plus douloureuse remontait à 1993, comme il l’avait raconté à Paris Match : « Ils m’ont interrogé si violemment que j’ai été partiellement paralysé pendant plusieurs semaines. Finalement, ils m’ont relâché le jour même, mais ma sœur a été assassinée ce jour-là par une employée du tribunal ».
Dans une lettre adressée à Joe Biden en 2021, Bassem Tamimi avait expliqué ne finalement plus croire en cette paix pour laquelle il se battait, « parce que le rapport de force penche en faveur de notre adversaire ». Il demandait alors au président américain « d’incarner la promesse de liberté et à construire un monument à la justice et à la paix mondiale ».
Plus de 200 Palestiniens ont été libérés par Israël dans le cadre de la trêve qui dure depuis une semaine. Le Hamas a laissé partir 70 femmes et enfants israéliens.
On n'a aucune illusion, sur Ciel de France, concernant le fait qu'un président US puisse intervenir "positivement" autrement, tout au plus, qu'en "freinant" les ardeurs expansionnistes d'Israël pour en sauver la "face diplomatique".]
De l'Île St Denis à Nabi Saleh (Villes jumelées),
Solidarité avec la Résistance villageoise palestinienne!
C’est avec consternation que nous avons appris hier l’arrestation dimanche 5 novembre par l’armée israélienne d’Ahed Tamini dans le village de Nabi Saleh, notre ville jumelle depuis plus d’un an et demi, située au nord de la Cisjordanie. C’est une nouvelle injustice qui frappe notre ville sœur.
Ahed Tamimi, 22 ans, est née le 31 janvier 2001. Elle est devenue l’un des emblèmes de la cause palestinienne ces dernières années en s’opposant de manière symbolique aux soldats israéliens occupant illégalement le territoire de Cisjordanie depuis 1967. Alors mineure, elle avait déjà été arrêtée en 2017 et détenue 8 mois pour avoir giflé deux soldats israéliens ayant pénétré dans la maison familiale. Sa mère et son père ont également été arrêtés plusieurs fois et plusieurs membres de sa famille ont été tués. Elle a donné des conférences au Parlement européen et a été invitée en France à plusieurs reprises.
Ahed Tamimi est l’une des quelque 70 personnes appréhendées par les forces de l’ordre dimanche 5 novembre, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Son arrestation serait justifiée, d’après l’armée israélienne, par un post publié la semaine dernière sur ses réseaux sociaux appelant au meurtre. Or, ce post, comme le compte, ne sont plus accessibles. La famille affirme qu’Ahed Tamimi n’a jamais publié ce message.
L’arrestation d’Ahed Tamimi, sans fondement légal et sur un territoire occupé illégalement, intervient après celle de son père il y a quelques jours. Elle est l’illustration flagrante et cruelle de la politique du gouvernement d’extrême-droite d’Israël qui ne cherche pas la paix mais l’annexion totale des territoires palestiniens. Depuis plusieurs années, les habitants de Nabi Saleh, en plus d’être confrontés à une occupation illégale par l’armée israélienne, voient leurs terres confisquées par des colons qui s’approprient également la seule ressource en eau du village.
Nous devons défendre les valeurs d’humanité. Israël doit cesser cette guerre de destruction. Une partie de plus en plus importante d’Israélien.ne.s demandent la paix et l’établissement de deux États. La France et la communauté internationale doivent travailler à un cessez-le-feu immédiat pour préserver l’équilibre fragile de cette région mais aussi du monde. Si cette guerre ne cesse pas rapidement, elle sera la source d’une nouvelle vague de terrorisme dont les attaques ignobles du Hamas ont été le signe avant-coureur.
Nous demandons la libération d’Ahed Tamini et un cessez-le-feu immédiat en Palestine.
Une peinture murale représentant l'activiste palestinienne Ahed Tamimi
sur le mur de séparation israélien en Cisjordanie occupée
Qui est Ahed Tamimi,
la jeune Palestinienne arrêtée
par l'armée israélienne
en Cisjordanie occupée ?
L'armée israélienne a annoncé lundi l'arrestation, lors d'un raid en Cisjordanie occupée, de la militante de 22 ans Ahed Tamimi, "soupçonnée d'incitation à la violence et à des activités terroristes". Adolescente, elle était devenue une icône pour les Palestiniens après avoir été emprisonnée pendant huit mois par Israël pour avoir frappé, en 2017, des soldats dans son village de Cisjordanie occupée.
Publié le : 06/11/2023 - 10:33Modifié le : 06/11/2023 - 10:41
L'armée israélienne a annoncé, lundi 6 novembre, l'arrestation de la militante Ahed Tamimi, icône mondiale de la résistance contre l’occupation et la répression israélienne dans les Territoires palestiniens.
La militante âgée de 22 ans est "soupçonnée d'incitation à la violence et à des activités terroristes", a indiqué un porte-parole de l'armée à l'AFP. Selon la même source, la jeune femme "a été appréhendée dans la ville de Nabi Saleh. Elle a été transférée aux forces de sécurité israéliennes pour un interrogatoire plus approfondi".
Ahed Tamimi a été arrêtée lors d'un raid de l'armée israélienne "visant à appréhender des individus soupçonnés d'être impliqués dans des activités terroristes et d'incitation à la haine" dans le nord de la Cisjordanie occupée, a ajouté le porte-parole.
Depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque terroriste du Hamas en Israël, les forces de sécurité israélienne procèdent à des arrestations massives de Palestiniens soupçonnés de violence, d'incitation à la violence ou d'être membres du Hamas.
Interrogée par l'AFP sur les motifs de cette arrestation, une source issue des services de sécurité a transmis une publication Instagram qui a largement circulé sur les réseaux sociaux. Le texte, attribué à la jeune militante, promet des termes très violents et explicites de "massacrer" des Israéliens "dans toutes les villes de Cisjordanie, de Hébron à Jénine", faisant notamment référence à Hitler, selon la capture d'écran d'une publication en arabe et en hébreu transmise par l'armée à l'AFP.
Lundi, le compte cité dans cette capture d'écran était inaccessible. L'AFP n'a pas pu vérifier dans l'immédiat si ce compte appartient effectivement à Tamimi.
"Ils l'accusent d'avoir publié un post qui incite à la violence, mais Ahed ne l'a pas écrit", assure sa mère Narimane Tamimi à l'AFP. "Il y a des dizaines de pages au nom d'Ahed et avec sa photo mais avec lesquels elle n'a aucun lien. Ahed, elle, quand elle essaye d'ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, il est aussitôt bloqué", poursuit-elle.
Porte-drapeau de la cause palestinienne
Ahed Tamimi, dont un portrait géant est peint sur le mur de séparation israélien en Cisjordanie occupée, dans le secteur de Bethléem, est devenue mondialement célèbre très jeune après avoir été impliquée dans une série d'incidents avec des soldats israéliens.
La fillette lève un poing rageur devant un soldat israélien, le 2 novembre 2012, à Nabi Saleh.Abbas Momani, AFP
En 2012, des images la montrant brandir un poing rageur sous le nez de militaires israéliens font fait le tour du monde et lui valent d'être reçue par Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc.
Trois ans plus tard, à l'été 2015, la jeune activiste à la longue chevelure blonde et au regard bleu azur apparaît sur des clichés au milieu de femmes portant secours à un petit garçon au bras dans le plâtre, son petit frère, plaqué au sol par un soldat israélien.
Le 28 août 2015, à Nabi Saleh, la jeune fille tente de libérer son petit frère de l'emprise d'un soldat israélien.Abbas Momani, AFP
Mais c’est en décembre 2017 qu’elle acquiert une grande notoriété, après son arrestation pour avoir giflé deux soldats israéliens dans la petite cour de la maison familiale à Nabi Saleh, son village natal en Cisjordanie occupée. Le président Mahmoud Abbas avait alors personnellement salué son courage.
L’incident, dans lequel était également impliquée sa cousine Nour Tamimi, s’était déroulé en marge de manifestations parfois violentes contre la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël. La vidéo montrant des soldats impassibles face à Ahed Tamimi, filmée par sa mère et retransmise en direct sur Facebook, devient rapidement virale. Elle se propage aussi bien sur des sites pro-palestiniens que pro-israéliens, jusqu'à être relayée dans les médias.
Si les soutiens de la porte-drapeau de la cause palestinienne inondent les réseaux sociaux avec les hashtags #FreeAhed ("#LibérezAhed"), ses détracteurs israéliens dénoncent de leur côté "les provocations" de la jeune femme, qui visent à humilier les soldats selon eux.
Même la classe politique israélienne s’en mêle, à l’image de Naftali Bennett, alors ministre israélien de l’Éducation et représentant du camp national religieux, qui exprime publiquement le souhait qu'Ahed Tamimi finisse "ses jours en prison".
La Cisjordanie étant un territoire occupé militairement par Israël, elle est jugée, comme tous les Palestiniens qui y résident, devant un tribunal militaire. À l'issue d'un accord de "plaider coupable", Ahed Tamimi est condamnée à huit mois de prison. Après sa libération, en juillet 2018, elle est accueillie en héros dans son village natal de Cisjordanie occupée.
La résistance en héritage
"Ahed Tamimi ne s’est jamais tue, soulignait, en 2018, Jean-Sébastien Letang, membre de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine. Elle incarne le nouveau visage de la résistance palestinienne, celui de toute une jeunesse ancrée dans un territoire, dégagé de toute étiquette politique."
La jeune Ahed Tamimi au tribunal militaire de Beitunia, en Cisjordanie occupée, le 28 décembre 2017Ahmad Gharabli, AFP
Avant sa détention, la jeune fille, qui rêve de devenir avocate pour défendre sa cause, expliquait dans une vidéo mise en ligne en février 2017 que l’occupation l’empêchait de songer à son avenir. Pour inverser la tendance, elle ne voyait qu’une chose à faire : "Résister, à travers les manifestations, mais aussi via les médias."
Ahed Tamimi n’est pas tombée dans le militantisme par hasard. Son père, Bassem Tamimi, est un activiste pacifique de longue date et bien connu à Nabi Saleh, dont les habitants sont très impliqués dans la lutte contre l’occupation israélienne. Souvent à la tête de manifestations contre les colons israéliens, il a été emprisonné plusieurs années par Israël. Selon son épouse, il a été arrêté le 20 octobre alors qu'il rentrait de voyage et, depuis, sa famille "n'a aucune nouvelle".
"C’est une responsabilité immense de parler au nom d’un pays occupé, alors même que je suis en sursis et risque d’être arrêtée à nouveau", avait-elle confié dans un entretien accordé à France 24,[ci-dessous-NDLR] à l’occasion de sa visite en France en septembre 2018, en tant qu’invitée d’honneur de la Fête de l'Humanité.