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Pierre De Gaulle, une voix française pour la paix!
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Pour mémoire, le 27 Novembre 1967, notamment à propos d’Israël et de la Palestine, Charles De Gaulle, une conférence de presse d’anthologie !
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[...]« Nous allons passer à l'Orient, si vous voulez bien on m'avait posé les questions sur le conflit actuel et je suis prêt à y répondre.
Journaliste 8
Mon général, la guerre ayant éclaté au Moyen-Orient il y a six mois, elle s'est terminée aussitôt ainsi que l'on sait. Que pensez-vous mon général de l'évolution de la situation dans ce secteur du monde depuis juin dernier ?
Journaliste 15
Pourquoi considérez-vous que l'Etat d'Israël est l'agresseur dans la guerre des Six jours alors c'est le président Nasser qui a fermé le détroit de Tiran ?
Charles de Gaulle
L'établissement entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque là, l'établissement d'un foyer sioniste en Palestine, et puis après la deuxième guerre mondiale, l'établissement d'un Etat d'Israël soulevait à l'époque un certain nombre d'appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait, même chez beaucoup de juifs, si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n'allaient pas entraîner d'incessants, d'interminables frictions et conflits. Et certain même redoutait que les juifs, jusqu'alors dispersés, et qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent une fois qu'ils seraient rassemblés dans les sites de son ancienne grandeur, n'en viennent à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis 19 siècles : " l'an prochain à Jérusalem ". En dépit du flot, tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qui le provoquaient, qui le suscitaient plus exactement, dans certains pays à certaines époques, un capital considérable d'intérêt et même de sympathie s'était formé en leur faveur et surtout il faut bien le dire dans la chrétienté. Un capital qui était issu de l'immense souvenir du testament, nourri à toutes les sources d'une magnifique liturgie, entretenu par la commisération qu'inspirait leur antique valeur et que poétisait chez nous la légende du juif errant, accru par les abominables persécutions qu'ils avaient subi pendant la deuxième guerre mondiale et grossi depuis qu'il avait retrouvé une patrie, par les travaux, leurs travaux constructifs et le courage de leurs soldats. C'est pourquoi indépendamment des vastes concours en argent, en influence, en propagande que les Israéliens recevaient des milieux juifs, d'Amérique et d'Europe, beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l'établissement de leur Etat sur le territoire que leur avaient reconnu les puissances, que lui avaient reconnu les puissances, tout en désirant qu'ils parviennent en usant d'un peu de modestie à trouver avec ses voisins un modus vivendi pacifique. Il faut dire que ces données psychologiques avaient quelque peu changé depuis 1956. A la faveur de l'expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet, un état d'Israël guerrier et résolu à s'agrandir, et ensuite l'action qu'il menait pour doubler sa population par l'immigration de nouveaux éléments donnait à penser que le territoire qu'il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et qu'il serait porté pour l'agrandir à utiliser toute occasion qui se présenterait. C'est pourquoi d'ailleurs, la cinquième république s'était dégagée, vis-à-vis d'Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noué avec et Etat et la cinquième république s'était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient. Bien sûr, nous conservions avec le gouvernement israélien des rapports cordiaux et même lui fournissions pour sa défense éventuelle les armements qu'il demandait d'acheter mais en même temps nous lui prodiguions des avis de modération. Notamment à propos des litiges qui concernait les eaux du Jourdain, des escarmouches qui opposaient périodiquement les forces des deux côtés. Enfin nous ne donnions pas notre aval, à son installation dans un quartier de Jérusalem dont il s'était emparé, et nous maintenions notre ambassade à Tel-Aviv. D'autre part, une fois mis un terme à l'affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d'Orient, la même politique d'amitié et de coopération qui avait été pendant des siècles celle de la France dans cette partie du monde et dont la raison et le sentiment font qu'elle doit être aujourd'hui une des bases fondamentales de notre action extérieure. Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux arabes que pour nous l'Etat d'Israël était un fait accompli et que nous n'admettrions pas qu'il fut détruit. De sorte que tout compris, on pourrait imaginer qu'un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement, à ce qu'une paix réelle fut conclue et garantie en Orient pourvu qu'aucun drame nouveau ne vint à la déchirer. Hélas ! le drame est venu, il avait été préparé par une tension très grave et constante qui résultait du sort scandaleux des réfugiés en Jordanie, et aussi d'une menace de destruction prodiguée contre Israël. Le 22 mai, l'affaire d'Aqaba, fâcheusement créée par l'Egypte, allait offrir un prétexte à ce qui rêvait d'en découdre. Pour éviter les hostilités, la France avait dès le 24 mai, proposé aux trois autres grandes puissances, d'interdire conjointement avec elle, à chacune des deux parties, d'entamer le combat. Le 2 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré, qu'éventuellement il donnerait tort à quiconque entamerait le premier, l'action des armes. Et c'est ce qu'il répétait en toute clarté à tous les Etats en cause. C'est ce que j'avais moi-même, le 24 mai déclaré à Monsieur Ebban, Ministre des affaires étrangères d'Israël que je voyais à Paris. Si Israël est attaqué, lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l'infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés que les arabes, je ne doute pas que le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires. Mais ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain, et au point de vue international dans des difficultés grandissantes d'autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d'augmenter dans le monde une tension déplorable et d'avoir des conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays. Si bien que c'est à vous, devenu des conquérants, qu'on en attribuerait peu à peu les inconvénients. On sait que la voix de la France n'a pas été entendue, Israël ayant attaqué, s'est emparé en six jours de combat des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant il organise, sur les territoires qu'il a pris l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion et s'il manifeste contre lui la résistance qu'à son tour il qualifie de terrorisme, il est vrai que les deux belligérants observent pour le moment d'une manière plus ou moins précaire et irrégulière le cessez-le-feu prescrit par les Nations Unies mais il est bien évident que le conflit n'est que suspendu et qu'il ne peut pas avoir de solution sauf par la voie internationale. Mais un règlement dans cette voie, à moins que les Nations Unis ne déchirent que, elles-mêmes, leur propre charte, un règlement doit avoir pour base, l'évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance, et la reconnaissance de chacun des Eats en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations Unies avec la présence et la garantie de leur force, il serait probablement possible d'arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous dans le golfe d'Aqaba et dans le canal de Suez. Pour qu'un règlement quelconque, et notamment celui là, puisse voir le jour, règlement auquel du reste, suivant la France, devrait s'ajouter un statut international pour Jérusalem. Pour qu'un tel règlement puisse être mis en oeuvre, il faut naturellement, il faudrait qu'il eut l'accord des grandes puissances qui entraînerait ipso facto, celui des Nations Unies. Et si un tel accord voyait le jour, la France est d'avance disposée à prêter son concours politique, économique et militaire, pour que cet accord soit effectivement appliqué. Mais on ne voit pas comment un accord quelconque pourrait naître tant que l'un des plus grand des quatre ne se sera pas dégagé de la guerre odieuse qu'il mène ailleurs. Car tout se tient dans le monde d'aujourd'hui. Sans le drame du Vietnam, le conflit entre Israël et les arabes ne serait pas devenu ce qu'il est. Et si l'Asie du sud est, voyait renaître la paix, l'Orient l'aurait bientôt retrouvé, à la faveur de la détente générale qui suivrait un pareil événement. Nous allons parler du Québec. Qui m'avait posé la question ? Je vous en prie.
Journaliste 3
Monsieur le Président, en juillet dernier, du haut du balcon de l'hôtel de ville de Montréal, vous avez lancé quatre mots qui ont fait le tour du monde et soulevé un flot de réactions passionnées et contradictoires notamment en France et dans tout le Canada. Quatre mois après cet événement, auriez-vous quelques réflexions à ajouter à celles que vous avez faites à votre retour du Québec ? D'autre part et surtout, pourriez-vous préciser quels sont à votre avis les grands objectifs de la coopération franco-québécoise qui depuis quelque temps connaît un développement accéléré ?
Charles de Gaulle
Il y avait une autre question sur le sujet ? Ce sont les français qui, il y a plus deux siècles et demi jusqu'en 1763, avaient découvert, peuplé, administré le Canada. Quand il y a 204 ans le gouvernement royal qui avait essuyé le grave revers sur le continent et qui de ce fait ne pouvait soutenir en Amérique la guerre contre l'Angleterre crut devoir quitter la place, 60 000 français étaient installés dans le bassin du Saint Laurent et par la suite leur communauté n'a reçu que des éléments infimes, nouveaux, venant de la communauté française de métropole. Et cela alors que, une immigration, de millions et de millions de britanniques, relayée récemment par celle des nouveaux arrivants, yougoslaves, méditerranéens, scandinaves, juifs, asiatiques, que le gouvernement canadien d'Ottawa a déterminé à s'angliciser, s'implanter sur tous les territoires. D'autre part les britanniques, qui disposaient au Canada, depuis cette époque, du pouvoir, de l'administration, de l'armée, de l'argent, de l'industrie, du commerce, du haut enseignement, avaient longuement et naturellement déployé de grands efforts, de contraintes ou de séductions pour amener les canadiens, les français canadiens à renoncer à eux-mêmes. Et puis là-dessus, s'était déclenchée l'énorme expansion des Etats-Unis qui menaçait d'engloutir l'économie, le caractère, le langage du pays dans le moule américain, et quant à la France, absorbée qu'elle était par de multiples guerres continentales, et aussi par de nombreuses crises politiques, elle se désintéressait de ses enfants abandonnés, et n'entretenait avec eux que des rapports insignifiants Tout semblait donc concourir à ce qu'ils soient, à la longue, submergés. Eh bien, par ce qu'il faut bien appeler un miracle de vitalité, d'énergie, de fidélité, le fait est qu'une nation française, morceau de notre peuple, se manifeste aujourd'hui au Canada et prétend être reconnue et traitée comme telle. Les 60 000 français qui étaient restés là bas jadis sont devenus plus de 6 millions et ils demeurent français autant que jamais. Au Québec même, ils sont 4 millions et demi, c'est-à-dire une immense majorité de cette vaste province. Pendant des générations, ces paysans d'origine, des petites gens qui cultivaient les terres, se sont magnifiquement multipliés pour tenir tête au flot montant des envahisseurs et au prix d'efforts inouïs autour de leurs pauvres prêtres avec pour devise : " je me souviens ". Ils se sont acharnés et ils ont réussi à garder leur langue, leur tradition, leur religion, leur solidarité française. Mais maintenant ils ne se contentent plus de cette défensive passive et comme toute sorte d'autres peuples du monde, ils prétendent devenir maîtres de leur destin. Et d'autant plus ardemment maintenant qu'ils se sentent subordonnés non plus seulement politiquement mais aussi économiquement. Et en effet étant donné la situation rurale, isolée, inférieure dans laquelle était reléguée la communauté française, l'industrialisation s'est faite pour ainsi dire par-dessus elle, l'industrialisation qui, là comme partout, domine la vie moderne. On voyait donc, même au Québec, les anglo-saxons fournir les capitaux, les patrons, les directeurs, les ingénieurs, former à leur façon et pour le service de leur entreprise, une grande partie de la population active, bref disposer des ressources du pays. Et cette prépondérance conjuguée avec l'action qualifiée de fédérale mais évidemment partiale du gouvernement canadien d'Ottawa mettait dans une situation de plus en plus inférieure les français, et exposait à des dangers croissants leur langue, leur substance, leur caractère, c'est à quoi ils ne se résignaient pas du tout. Ils se résignaient d'autant moins que tardivement mais vigoureusement, ils se mettaient en mesure de conduire eux-mêmes leur développement par exemple, la jeunesse qui sort de leur université moderne et de leur nouvelle école technique se sent parfaitement capable de mettre en oeuvre les ressources, les grandes ressources, de son propre pays et même sans cesser d'être française de participer à la découverte et à l'exploitation de tout ce que contient le reste du Canada. Tout cela fait que le mouvement qui a saisi, le mouvement l'affranchissement qui a saisi le peuple français d'outre atlantique est tout à fait compréhensible et qu'aussi rien n'est plus naturel que l'impulsion qui le porte à se tourner vers la France. Au cours de ces dernières années, il s'est formé au Québec un puissant courant politique, varié sans doute dans ses expressions mais unanime sur la volonté des français de prendre en mains leurs affaires. Le fait est là, et bien entendu ils considèrent la mère patrie, non plus seulement comme un souvenir très cher, mais comme la nation dont le centre, le coeur, l'esprit sont les mêmes que les leur et dont la puissance nouvelle est particulièrement apte à concourir à leur progrès. Alors que inversement leur réussite pourrait procurer à la France pour ce qui est de son progrès, de son rayonnement, de son influence un appui considérable. C'est ainsi que le fait que la langue française perdra ou gagnera, la bataille au Canada, pèsera lourd sur la lutte qui est menée pour elle d'un bout à l'autre du monde. C'est donc avec une grande joie et un grand intérêt que le gouvernement de la République a accueilli à Paris le gouvernement du Québec dans la personne de ses chefs successifs Monsieur Lesage et Monsieur Daniel Johnson et a conclu avec eux des premiers accords d'action commune.
Journaliste 1
Mais il était évident que ces retrouvailles de la France et du Canada français devaient être constatées et célébrées solennellement sur place. C'est pourquoi Monsieur Daniel Johnson me demanda de venir rendre visite au Québec et c'est pourquoi je m'y rendis au mois de juillet dernier.
Charles de Gaulle
Rien ne peut donner l'idée de ce que fut la vague immense de foi et d'espérance française qui souleva le peuple tout entier au Québec au passage du Président de la République. De Québec jusqu'à Montréal sur les 250 kilomètres de la route longeant le Saint Laurent et que les français canadiens appellent " le chemin du Roi " parce que jadis pendant des générations leurs pères avaient espéré qu'un jour un chef de l'Etat français viendrait à la parcourir. Des millions, des millions d'hommes, de femmes, d'enfants, s'étaient rassemblés pour crier passionnément Vive la France et ces millions arboraient des centaines et des centaines de milliers de drapeaux tricolores et de drapeaux du Québec à l'exclusion presque totale de tout autre emblème. Partout où je faisais halte, ayant à mes côtés le Premier Ministre du Québec, et tel ou tel de ses collègues et accueillis par les élus locaux, c'est avec un enthousiasme unanime que la foule accueillait les paroles que je lui ai adressées pour exprimer trois évidences. D'abord vous êtes des français, ensuite en cette qualité, il vous faut être maître de vous-mêmes, et enfin l'essort moderne du Québec vous voulez qu'ils soit le vôtre après quoi tout le monde chantait la Marseillaise avec une ardeur indescriptible. A Montréal, la deuxième ville française du monde et qui était le terme de mon parcours, le déferlement de la passion libératrice était tel que la France avait le devoir sacré d'y répondre sans ambage et solennellement. C'est ce que je fis en..., en disant, en déclarant à la multitude assemblée autour de l'hôtel de ville que la France n'oublie pas ses enfants du Canada, qu'elle les aime, qu'elle entend les soutenir dans leurs efforts d'affranchissement et de progrès et qu'en retour elle attend d'eux qu'ils l'aident dans le monde d'aujourd'hui et de demain. Et puis j'ai résumé le tout en criant : " Vive le Québec libre ". Ce qui porta au degré suprême la flamme des résolutions. Que le Québec soit libre, c'est en effet ce dont il s'agit. Au point où en sont les choses dans la situation irréversible qui a été démontrée, accélérée par l'esprit public lors de mon passage, il est évident que le mouvement national des français canadiens et aussi l'équilibre et la paix du Canada tout entier, et encore les relations de notre pays avec les autres communautés de ce vaste territoire et même la conscience mondiale qui a été maintenant éclairée, tout cela exige que la question soit résolue. Il y faut deux conditions : la première, c'est que, la première implique un changement complet quant à la structure canadienne telle qu'elle résulte actuellement de l'acte octroyé il y a cent ans par la Reine d'Angleterre et qui créa la fédération. Cela aboutira à mon avis forcément à l'avènement du Québec, au rang d'un Etat souverain et maître de son existence nationale comme le sont, de par le monde, tant et tant d'autres peuples, tant et tant d'autres Etats qui ne sont pas si valables ni même si peuplés que le Québec. Bien entendu cet Etat du Québec aura librement et en égal à régler avec le reste du Canada, les modalités de leur coopération pour maîtriser et pour exploiter une nature très difficile que l'immense étendue et aussi pour face à l'envahissement des Etats-Unis. Mais, on ne voit pas comment les choses pourraient aboutir autrement et du reste si tel est leur aboutissement, il va de soi aussi que la France est toute prête, avec un Canada qui prendrait cet aspect, qui prendrait ce caractère, d'entretenir avec son ensemble les meilleures relations possibles. Et la deuxième condition, pour que... dont dépend la solution de ce grand problème, c'est que la solidarité de la communauté française de part et d'autre de l'Atlantique s'organise. Or à cet égard les choses sont en bonne voie. Et la prochaine arrivée, la prochaine réunion à Paris, nous l'espérons, du gouvernement du Québec et du gouvernement de la République, doit donner une plus forte impulsion encore à cette grande oeuvre française essentielle à notre siècle, à cette oeuvre devront d'ailleurs participer en des conditions qui seront à déterminer tous les français du Canada qui ne résident pas au Québec et qui sont un million et demi. Je pense en particulier à ces 250 000 acadiens qui sont implantés au Nouveau Brunswick, et qui ont gardé eux aussi, à la France, à sa langue, à son âme une très émouvante fidélité. Au fond nous tous français, que nous soyons du Canada ou bien de France, nous pouvons dire comme Paul Valéry l'écrivait, j'en ai pris note, quelques jours avant de mourir : " Il ne faut pas ", écrivait Paul Valéry, " que périsse ce qui s'est fait en tant de siècles de recherche, de malheur, et de grandeur et qui court de si grand risque dans une époque où domine la loi du plus grand nombre. " Le fait qu'il existe un Canada français, nous est un réconfort, un élément d'espoir inappréciable. Ce Canada français affirme notre présence sur le contient Américain, il démontre ce que peuvent être notre vitalité, notre endurance, notre valeur de travail ". " C'est à lui que nous devons transmettre ce que nous avons de plus précieux, notre richesse spirituelle. Malheureusement les autres français n'ont sur le Canada que des idées bien vagues et sommaires " Et Paul Valéry concluait : " ici s'intégrerait trop facilement une critique de notre enseignement ". Ah ! Qu'est-ce qu'il aurait dit de notre prêtre s'il avait vécu assez pour lire, tout ce que tant et tant de nos journaux ont publié à l'occasion de la visite que le Général de Gaulle a faite aux français du Canada. Allons, allons, pour eux aussi, pour eux surtout, il faut que la France soit la France. » [...]
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Une page Wikipédia consacrée
à cette conférence, mais en fait
focalisée sur le sujet du sionisme:
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Conférence de presse de Charles de Gaulle
du 27 novembre 1967
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_presse_de_Charles_de_Gaulle_du_27_novembre_1967
La conférence de presse du 27 novembre 1967 est une conférence de presse donnée au palais de l'Élysée par le général de Gaulle, alors président de la République française, qui est restée célèbre pour la déclaration qu'il y a faite à propos de l'État d'Israël, du sionisme et du peuple juif.
Contexte
La conférence se déroule quelques mois après la guerre des Six Jours, au cours de laquelle les relations entre la France et Israël avaient déjà été dégradées par plusieurs actions de la France : l'embargo sur les ventes d'armes décidé le 2 juin par de Gaulle, le communiqué du conseil des ministres du 15 juin condamnant l'ouverture des hostilités par Israël, et enfin le soutien de la France le 22 novembre à la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies qui demande la fin de l'occupation militaire des territoires palestiniens par Israël.
D'autre part, quelques semaines avant cette conférence, de Gaulle visitait Auschwitz1.
Déclaration sur Israël
Interrogé sur la situation au Proche-Orient, de Gaulle vint alors à déclarer que beaucoup se demandaient si « les Juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles : l'an prochain à Jérusalem »2.
Réactions
La célèbre « petite phrase » du général de Gaulle « peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur » eut un fort retentissement au sein de la société israélienne, des Juifs de France et aussi des nombreux politiciens sympathisants de la cause de l'État hébreu. Parmi ces réactions on peut noter un dessin de Tim dans Le Monde du 3-4 décembre 1967, représentant un déporté juif, décharné, portant l'étoile jaune, avec la main dans sa chemise à la manière de Napoléon, et le sous-titre « sûr de lui-même et dominateur »3 4.
Bien que certains soient allés jusqu'à taxer le président d'antisémitisme, certains dignitaires israéliens prirent cette déclaration pour une maladresse. De sa retraite, David Ben Gourion a ainsi écrit au général une longue lettre déplorant « la critique injuste formulée par de nombreuses personnes en France, en Israël et dans d'autres pays qui, je pense, n'ont pas examiné vos propos avec tout le sérieux requis », lui indiquant néanmoins que son discours contenait « quelques propos attristants et inquiétants » et « des expressions surprenantes, dures et blessantes, basées sur des renseignements incorrects ou imprécis »5,6,7.
En 1973, Jean d'Escrienne, aide de camp du général de Gaulle, relate dans son ouvrage Le Général m'a dit8, que de Gaulle lui aurait tenu les propos suivants, lors d'une promenade dans le parc de La Boisserie à Colombey-les-Deux-Églises le dimanche suivant la conférence de presse :
« Je n'ai outragé personne ! Vous savez très bien que, quand on étudie un texte sérieusement et honnêtement, on n'isole pas une phrase de son contexte, à plus forte raison un mot à l'intérieur d'une phrase, sans quoi... on fausse l'idée exprimée. J'ai dit du peuple juif non pas qu'il était un peuple “dominateur”, mais qu'il était un “peuple d'élite, sûr de lui et dominateur” : il y a tout de même une sérieuse nuance ! Dans un sens, c'est même un compliment que j'ai fait aux Juifs ; j'aurais mieux compris leur réaction indignée, si j'avais dit, par exemple, qu'ils étaient outrecuidants, ce qu'ils sont cependant, en effet, bien souvent ! Quant à la “surprise” de l'opinion, dont vous parlez, vous savez l'avertissement que j'avais donné : la France considérerait comme agresseur celui qui tirerait le premier. Les juifs n'avaient qu'à ne pas tirer les premiers ! Le fait d'aimer ou de ne pas aimer le monde arabe n'a rien à voir dans l'affaire : ce monde arabe existe, et il est présent sur un territoire qui s'étend du Pakistan jusqu'à l'Atlantique. Ça aussi, c'est une réalité. »
Raymond Aron quant à lui, tout en reconnaissant « que le général de Gaulle a voulu... repousser les accusations d'antisémitisme élevées contre lui — et je m'en réjouis — accusations que je n'ai pas prises à mon compte »9, a anticipé dans son article « Le temps du soupçon », publié dans Le Figaro du 6 décembre 1967 (reproduit dans De Gaulle, Israël et les Juifs), les effets de cette déclaration qui désignait « le peuple juif » et non les seuls Israéliens :
« Définir un “peuple” par deux adjectifs [...] expliquer l'impérialisme israélien par la nature éternelle, l'instinct dominateur du peuple juif [...] Les Juifs de France ou, pour mieux dire, du monde entier, ont immédiatement saisi la portée historique des quelques mots prononcés le 28 novembre 1967. [...] Aucun homme d'État occidental n'avait parlé des Juifs dans ce style, ne les avait caractérisés comme “peuple” par deux adjectifs. [...]
Le général de Gaulle a, sciemment, volontairement, ouvert une nouvelle période de l'histoire juive et peut-être de l'antisémitisme. Tout redevient possible. Tout recommence. Pas question, certes, de persécution : seulement de “malveillance”. Pas le temps du mépris : le temps du soupçon. »
— De Gaulle, Israël et les Juifs, p. 15–18.
Pierre Vidal-Naquet rapproche le qualificatif « dominateur » d'un thème classique de l'antisémitisme, la théorie du complot juif, qui se manifeste notamment dans Les Protocoles des Sages de Sion10.
Notes et références
- Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, vol. 3 : Tout le monde a besoin d'une France qui marche, Paris, Fallois, 2000, 680 p. (ISBN 2-213-60623-4 et 2-213-60059-7), p. 283 .
- Voir texte complet sur le site de l'INA [archive].
- Maurice Vaïsse, La puissance ou l'influence ? : La France dans le monde depuis 1958, Paris, Fayard, 2009, 649 p. (ISBN 978-2-213-63810-2), p. 366 .
- Voir dessin de TIM "sûr de lui-même et dominateur" [archive].
- « Lettre de M. David Ben Gourion au général de Gaulle (6 décembre) » [archive], base documentaire du ministère des Affaires étrangères.
- « France–Israël : Lettre adressée par M. Ben Gourion au général de Gaulle (6 décembre 1967) », Articles et documents, La Documentation française, no 0.1888, 26 janvier 1968, p. 32–39 .
- « Lettre de M. David Ben Gourion au général de Gaulle », Notes et études documentaires, La Documentation française, nos 3487–3489 « La politique étrangère de la France : Textes et documents, 2e semestre 1967 », 10 mai 1968, p. 198–206 .
- Jean d'Escrienne, Le Général m'a dit : 1966-1970, Paris, Plon, 1973, 278 p., p. 148 .
- Avant-propos à De Gaulle, Israël et les Juifs, p. 11–12.
- Alex Derczansky, Jean-Marie Domenach, Richard Marienstras, Paul Thibaud, Pierre Vidal-Naquet et Wladimir Rabinovitch, « Les Juifs de France ont-ils changé ? », Esprit, no 370, avril 1968, p. 581–608 (JSTOR 24260251, lire en ligne [archive]) cité dans Patrick Weil, « Histoire et mémoire des discriminations en matière de nationalité française », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 84, 2004, p. 5–22 (DOI 10.3917/ving.084.0005) .
Voir aussi
Bibliographie
- François Goguel (dir.), Discours et messages, vol. 5 : Vers le terme : janvier 1966-avril 1969, Paris, Plon, 1970, p. 227–247 ; rééd. Le Livre de poche (no 3757), 1974 (ISBN 2-253-00117-1).
Liens externes
- « Charles de Gaulle, conférence de presse du 27 novembre 1967 » [archive], sur charles-de-gaulle.org, Fondation Charles-de-Gaulle, avec une vidéo de l'Institut national de l'audiovisuel : passage relatif à Israël (27 min 50 s à 41 min 55 s dans la vidéo).
- « Conférence de presse du général de Gaulle (passages relatifs à la politique étrangère) » [archive], base documentaire du ministère des Affaires étrangères.
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Autres temps, autres mœurs, certes,
mais il n'y en a pas moins des leçons
à tirer de l'histoire!
Sur le même thème :
http://cieldefrance.eklablog.com/le-7-mars-1966-de-gaulle-sort-de-l-otan-a213614943
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JUIN 1966 :
UNE PAGE ESSENTIELLE DE L’AMITIÉ FRANCO-RUSSE
http://cieldefrance.eklablog.com/juin-1966-une-page-essentielle-de-l-amitie-franco-russe-a213614951
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Gaullisme, indépendance et liberté:
Bientôt le retour???
Pierre de Gaulle en appelle à l'unité pour la paix, l'indépendance et la liberté!
Pierre de Gaulle en Russie,
La véritable diplomatie française en marche...
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Pour comprendre les analyses complètes de Pierre De Gaulle
sur la situation actuelle >>>
Avec Pierre De Gaulle,
"Stop au suicide Français et Européen !"
"Mon grand-père a toujours défendu un rapprochement avec la Russie !" - Pierre de Gaulle
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France-Russie,"Retrouver le chemin de l’alliance eurasiatique" : nouvelle interview de Pierre De Gaulle sur Sud-Radio !
Pierre de Gaulle à Sud-Radio : "Ils ont détruit la France de mon grand-père !"
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Urgentissime !!! Nouvelle intervention de Pierre De Gaulle sur le conflit en Ukraine et sur l’avenir des relations franco-russes !
+ de 25 000 vues sur Agoravox ! >>>
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nouvelle-intervention-de-pierre-de-245717
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Discours de Pierre de Gaulle, petit-fils du Général De Gaulle à l’occasion de la Fête Nationale de la Fédération de Russie - TEXTE INTÉGRAL - VIDÉO -
Ce discours du 14 Juin, à l’Ambassade, a fait un peu plus de 8000 vues sur Agoravox (Mais a connu bien d’autres republications) :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/discours-de-pierre-de-gaulle-petit-242275
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VOIR AUSSI >>>
La France en paix dit : Stop OTAN ! Stop guerre !
http://cieldefrance.eklablog.com/la-france-en-paix-dit-stop-otan-stop-guerre-a212801533
BREXIT ??? 8 ans après, c’est la CITY qui contrôle plus que jamais les flux financiers en €uros !!!
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« France 24: Echec de Tsahal à Gaza - Négociations et nouvelle trêve en vue!Génocide et Mondialisation: la Kollaboration En Marche, avec le monde arabo-turc, également! »
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