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Tsahal Vs Hamas: la guerre est-elle un "spectacle privé" pour journalistes et députés?
Dès les premières heures de la pseudo-"offensive du Hamas" hors de son enclos de barbelés et de murs de Gaza, on s'est néanmoins inquiété, sur Ciel de France, du sort manifestement atroce réservé par le Hamas, dès ses premiers pas hors de son ghetto gazaoui, à ses proies israéliennes, qu'elles soient civiles ou non, du reste, mais le crime le plus apparent et le plus évident, à priori, étant le sort fait aux jeunes civils participants au festival Nova de Réïm.
Or, de l'avis des "spectateurs sélectionnés" du film "privé" concocté par Tsahal pour nos journalistes et députés, cette "séquence" ne se retrouve qu'à la fin du montage, dont elle constitue en quelque sorte le "clou du spectacle", sinon le dernier clou sur le cercueil des victimes.
Si ce massacre n'est évidemment pas contestable dans sa réalité, notamment en raison du nombre de témoignages d'israéliens "binationaux" présents sur les lieux et susceptibles de constituer la mémoire de ce crime, le fait est que l'on en a très peu d'images explicites directes, au point que différentes versions de ses causes, s'appuyant notamment sur le fait bien réel des "tirs croisés" entre défenseurs israéliens, ont pu circuler avec une chance sérieuse d'être "crédibilisées" par le nombre de republications dont elles font l'objet.
Le point historique de savoir si le Hamas était ou non au courant de la tenue de ce festival restera probablement longtemps en débat, mais le fait est bien qu'il est déjà totalement dépassé par la surenchère des horreurs accumulées depuis, d'un côté comme de l'autre, mais incontestablement, au macabre hit parade du nombre de victimes, avec un "avantage" très net pour le "score" de Tsahal.
Mais au fond, si l'on peut dire, quelle était la "mission" réellement assignée par le Hamas à ses commandos, et y en avait-il même réellement une? C'est une question qui reste également historiquement posée, de manière plus générale, mais également déjà tout aussi dépassée, dans la pratique actuelle de la guerre, et non seulement par ses conséquences, encore indéterminées, à l'heure actuelle, à court terme, que par ses effets géopolitiques, encore indiscernables, à plus long terme.
Mais si cette "nouvelle" phase de la guerre au Moyen-Orient, commencée avec le 7 octobre, semble désormais focaliser les "passions" politiques et journalistiques, elle n'est précisément jamais "nouvelle" que dans le cadre d'affrontements géopolitiques déjà vieux de trois quarts de siècle, sinon plus (Balfour, 1917), et il faut donc bien comprendre que les morts du festival et des kibboutz, d'un côté, comme les victimes des bombardements et des assauts "hospitaliers" de Tsahal, de l'autre, ne sont que des battements d'ailes de papillons sanguinolents déclencheurs d'un nouveau séisme géopolitique sur cette "faille" moyen-orientale du mondialisme banco-centraliste en marche, néanmoins quelque peu "freiné", donc, par la résistance des peuples et des nations indépendantes.
C'est donc à cette aune qu'il nous faut évaluer l'impact et le sens des images qui nous sont "présentées" et/ou "cachées", pour l'essentiel, en fin de compte.
Parmi les très rares images explicites du 7 octobre, il y a celles du rapt de Shani Louk, dont on sait aujourd'hui qu'elle était donc déjà morte au moment de son "enlèvement", et, nettement plus récemment, publiée le 3 novembre, une également très brève vidéo de la découverte de cadavres, le 7 octobre, le jour du massacre, dans un baraquement du festival de Réïm.
Republiée le 4 novembre sur Agoravox, cette vidéo X, ex-twitter, https://twitter.com/HenMazzig/status/1720572307301708150 , a d'ores et déjà "disparu" du compte de son "auteur", un militant sioniste assumé... Disparition sans plus d'explications, au demeurant...
Pourtant, la date de sa publication, le 3 Novembre, en quelque sorte en "bande annonce" du futur film de Tsahal destiné à un public, quant à lui, "sélectionné", est remarquable, et n'est sans doute pas tout à fait un hasard, car ce 3 Novembre c'est aussi précisément le jour où Tsahal bombarde délibérément un convoi d'ambulances, en sortie de l'hôpital Al-Shifa, en partance, en principe, pour une évacuation vers Rafah, et sous prétexte, pour Tsahal, d'atteindre un commando du Hamas supposé se trouver dans l'une des ambulances, ce que l'évidence de la scène, au dire même des journalistes "mainstream", ne confirme pas.
De cette "action" remarquable de Tsahal on ne nous montra donc guère, néanmoins, dans la plupart des "reportages", que le devant cabossé d'une ambulance perdant son pare-choc et finalement halée à force d'hommes , l'essentiel de la scène à l'arrière du véhicule étant "flouté", et surtout, les instants précédents étant absents, pourtant vraisemblablement filmés sous différents angles, vu le nombre de portables et de caméras visibles parmi le nombreux public des réfugiés témoins de cette scène, selon d'autres vues et enregistrements encore plus "aseptisés" ( Voir https://youtu.be/QWJJWT2htYw , mais d'autres aspects de ce "reportage" anglais BBC sont néanmoins utiles).
Et encore, cet "aperçu" proposé par "Le Monde" fut donc considéré comme "choquant" pour Youtube, qui le mis presque aussitôt en "accès restreint": https://youtu.be/3GrM5msnDyg
Copie MP4 vidéo Israël frappe sur ambulances à Gaza :
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Dans une précédente tentative de chercher à comprendre la "logique", s'il en est, de ces événements, nous avions déjà évoqué cet "incident" du 3 Novembre à Al-Shifa, et dans une autre plus récente nous avions même retrouvé le lien vers une vidéo "Reuters" à la base de différentes "interprétations" du reste de la presse "mainstream", mais dont la version originale, très peu republiée, était déjà néanmoins plus explicite concernant les effets réels de cette frappe israélienne sur ce convoi d'ambulances.
Récemment, parmi le flot cacophonique des centaines de posts reçus sur plusieurs dizaines de chaînes "Telegram" nous sommes retombés, tout à fait par hasard, vu le décalage, sur une autre très brève vidéo datant précisément du 3 Novembre et qui semblait relative à cet "incident" du convoi d'ambulances quittant Al-Shifa pour Rafah.
Ce que l'on peut vérifier, outre la configuration générale des lieux, par le numéro 101 de l'ambulance et la présence d'un cheval d'attelage également tué par l'attaque et coincé contre la roue arrière droite du véhicule. Présence également attestée sur la notice Wikipédia consacrée à cet "incident":
Après la frappe, des images graphiques sont diffusées sur les réseaux sociaux, montrant une douzaine de personnes allongées à plat ventre au milieu de mares de sang, alors que les gens se précipitent pour les aider14.
Sur les lieux se trouvent également un cheval mort attaché à une charrette, ainsi qu'une ambulance du Croissant-Rouge palestinien émaillée de sang17.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_du_convoi_m%C3%A9dical_d%27Al-Shifa
Copie MP4 vidéo Israël frappe sur ambulances à Gaza, version réalité :
C'est donc aujourd'hui en regard de cet "échantillon" de l'action de Tsahal à Gaza qu'il nous paraît important, intéressant et utile de reposer la problématique des "projections" cinématographiques de Tsahal destinées à nos journalistes et à nos députés. C'est à cette fin que nous avons choisi de republier, et là encore, une fois n'est pas coutume, une vidéo de BFMTV, située précisément entre la projection pour les journalistes et celle destinée aux députés. Elle a au moins le mérite de mettre en lumière les questions que ce type de comportement et de communication induisent dans la société.
La problématique de base est donc que le "public" simplement désireux de s'informer de la réalité de cette guerre est tout simplement jugé inapte à la recevoir et à y faire face. Autrement dit, la guerre serait faite par des gens "matures", tandis que la masse du peuple désireuse de s'informe serait essentiellement constituée de gens immatures, demeurés à un stade mental infantile...
Or, que nous disent ces journalistes? Expressément ils nous expliquent que si seulement un très petit nombre de députés ont choisi d'assister à cette "séance", c'est précisément parce que la plupart s'estiment incapable de supporter de regarder la réalité de cette guerre en face, ne fut-ce qu'au cinéma! Et les "journalistes", plus ou moins aguerris, c'est le cas de le dire, à ce genre d'expériences, nous disent donc qu'ils "manquent de mots pour nous décrire ces images"!!! Mais la véritable question est bien que leur métier d'informer est bien de nous montrer la réalité, et les images explicites, par définition, se passent de mots, et si leurs commentaires et avis circonstanciés peuvent évidemment avoir leur utilité, en termes de précision, la première chose, le premier devoir du métier de journaliste est bien précisément de montrer, et non pas de cacher, pour "décrire" ensuite, selon ce qui n'est donc plus que la seule subjectivité du "journaliste" et non plus un réel commentaire sur l'info, escamotée!
Une autre question importante évoquée dans cette vidéo est celle de l'"intentionalité" de s'en prendre aux civils, lors de cette attaque du 7 octobre, de la part du Hamas, et qui n'aurait pas d'équivalent du côté de Tsahal. La violence des commandos du Hamas envers les civils israéliens est évidemment incontestable, et il est clair qu'elle a des racines nécessairement profondes chez un peuple qui ne voit le peuple israélien, par la force des choses, au premier rang desquelles des décennies de vie emmurée dans le quasi-ghetto de Gaza, que comme un peuple de colons. Il n'y a pas de "justification morale" là-dedans: juste un simple constat, une réalité dont ont été victimes, le 7 octobre, des familles israéliennes nées près de gaza, pas nécessairement "colonialistes" autrement que par filiation, et qui se sont donc simplement trouvées au mauvais endroit au mauvais moment. La question d'une "équivalence" entre l'acharnement du Hamas après les civils israéliens et celle de l'acharnement de Tsahal après les complexes hospitaliers de Gaza et les civils gazouis est donc bien posée, mais elle ne peut être comprise qu'en tenant compte des déterminants qui sont spécifiquement ceux de chaque côté: combattre le colonialisme sous toutes ses formes, pour les palestiniens, "nettoyer" ethniquement le terrain, pour les israéliens, afin de réaliser l'extension coloniale selon la règle: "une terre sans peuple pour un peuple sans terre".
Et quant à nos "députés", "représentants du peuple", la question est donc: se comportent-ils comme des enfants irresponsables parce qu'ils prennent leurs électeurs pour des attardés mentaux, infantiles et irresponsables, ou bien est-ce uniquement parce qu'ils le sont eux-mêmes, incapables de s'assumer et d'assumer leurs fonctions? Ou bien encore est-ce une volonté délibérée d'infantiliser le peuple pour mieux le manipuler?
Mais dans aucun de ces cas ils ne se sont donc montrés dignes de leur fonction supposée.
Et que ce soient les "journalistes" et encore plus, les "députés", s'ils n'ont pas confiance dans la lucidité du peuple, ou bien même, si précisément ils en ont peur, face à la réalité, en quoi peuvent-ils prétendre lui "expliquer" quoi que ce soit, en quoi peuvent-ils prétendre en être les représentants légitimes?
Enfin, un autre leitmotiv de ces deux vidéos, tant du point de vue des journalistes que des députés, est le constat d'une "jouissance perverse" des commandos du Hamas dans la souffrance des civils. Tout d'abord, dans le contexte d'agit-prop dans lequel a été effectué le montage du film de Tsahal, même si l'authencité des extraits choisi ne semble pas douteuse, selon ces spectateurs supposés "avisés" sur ce genre de question, le choix lui-même, parmi toutes les vues disponibles, répond par conséquent nécessairement aux critères d'agit-prop de Tsahal et ne reflète pas nécessairement la réalité systématique du comportement des combattants. Dans toutes les armées en campagne se produit un pourcentage récurrent de cas de comportement de violence perverse à l'égard des civils, et d'une manière générale, de jouissance de la destruction et de la déshumanisation de l'adversaire, dans sa globalité. Une dernière vidéo, pour "illustrer" ce point et cet article: elle ne montre pas directement de sang ni de violence "physique" au premier degré, mais simplement la "balade " d'un soldat de Tsahal filmée depuis son auto-mitrailleuse, dans un quartier de Gaza précisément tout à fait désert, sauf pour les autres véhicules militaires qu'il y croise, un quartier en bord de mer quasiment entièrement rasé, où l'on ne voit plus, pour l'essentiel, que des tas de ruines, parsemées d'une multitude de drapeaux israéliens, sur chaque tas de gravats, chaque trou, chaque vestige encore à peine debout: un paysage de bord de mer rendu quasi-lunaire. De temps à autre le soldat derrière sa mitrailleuse se prend en "selfie" en exprimant, poing levé, sa joie. On ne peut meilleure illustration du principe de nettoyage ethnique: "Une terre sans peuple pour un peuple sans terre"!
Luniterre
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Fin de l'histoire?
Pas tout à fait:
PALESTINE : 75 ANS D’EXODE !
Sauvegarde MP4:
http://mai68.org/spip2/IMG/mp4/gaza_12nov2023.mp4
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« Une approche historique humaniste chrétienne du conflit israélo-palestinien (Nouvelle édition)WTC/11 Septembre: peut-on en rire? 22 ans après, l'"explication Youtube" la plus débile jamais proposée! »
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