500 fortunes de France :

l’argent, une odeur de polémique et de secret

Par Vincent Beaufils le 18.07.2024 à 08h00, mis à jour le 18.07.2024 à 14h45

EDTORIAL - Challenges vient de dévoiler la 29e édition de son classement des 500 fortunes professionnelles de France. Un véritable indicateur de la réussite entrepreneuriale de la France, tout comme un thermomètre de l’évolution des patrimoines. Et ce, malgré les polémiques autour de la taxation des plus riches, et le secret qui entoure ces fortunes.

  Attention brûlot ! Cette nouvelle édition du classement des 500 fortunes de France est-elle un pousse-au-crime ? Alors que la coalition arrivée en tête aux dernières élections législatives « cible les successions dorées et les plus hauts patrimoines en instaurant une transmission maximale de 12 millions d’euros », si l’on en croit la lettre du programme du Nouveau Front populaire, Challenges n’a pas renoncé et livre son état des plus grandes fortunes professionnelles, même si certains détenteurs nous avaient aimablement conseillé d’y surseoir, trouvant cette publication « provocatrice en pleine vague de haines populistes croisées »…

François Ruffin, le député soutenu pendant la campagne par La France insoumise, nous avait d’ailleurs habitués les années précédentes à faire une bien ironique promotion de Challenges sur les bancs de l’Assemblée. Peut-être que sa prise de distance avec Jean-Luc Mélenchon l’en dispensera cette année…

Mais il n’était bien sûr pas question de se priver du double étalon que représente ce numéro exceptionnel : indicateur de la réussite entrepreneuriale de la France, ainsi que nous avons toujours présenté ce classement – c’est d’ailleurs pour cela qu’il ne s’intéresse qu’aux « fortunes professionnelles » ; mais thermomètre également de l’évolution des patrimoines. Car autant la proposition du Nouveau Front populaire est farfelue, et même irrespectueuse vis-à-vis de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, autant la question des inégalités reste. « Pas celle des revenus, précise d’emblée l’économiste Patrick Artus. Mais celle des patrimoines. » Et qui fait ce même constat, regrettant « les écarts de richesses entre la rémunération du capital et celle du travail partout sur la planète » ? Un Insoumis ? Pas vraiment : Florent Menegaux, le président de Michelin, au dernier Sommet du Bien Commun…

Une autre institution, pas davantage susceptible de gauchisme, l’Union des banques suisses, notait que le nombre de millionnaires dans le monde a été multiplié par trois depuis le début du siècle. Et dans Challenges, il n’a pas fallu dix ans pour que le patrimoine des « 500 » connaisse la même explosion. Ce n’est pas être adepte du Nouveau Front populaire que de le reconnaître. Sentant le débat bouillant, nous avons donc proposé cette année dans le questionnaire de vérification des actifs des « 500 » une nouvelle ligne, afin de faire connaître toutes leurs actions de philanthropie, « à l’heure où les initiatives pour taxer les gros patrimoines fleurissent ». Tentative décevante : seule une vingtaine de familles de notre liste a répondu. Comme si en France, l’argent, celui que l’on crée, ou que l’on hérite, comme celui dont on se défait, a toujours le même fumet : celui du secret.