-
Chine-USA, pour le contrôle du Bitcoin, c'est aussi la guerre économique!
+MAJ Complément en réponse sur Agoravox
+Liens pour aller +loin au sujet du banco-centralisme
+Nouveau complément au débat (09/04/2024)
En réponse à un article sur le sujet des cryptomonnaies en Chine, cité sur VLR, https://fr.cryptonews.com/news/impact-chine-marche-cryptomonnaies.htm, mais qui contient essentiellement une suite d'approximations et même, d'inexactitudes.
Cet article date déjà un peu, mais ce n’est donc pas le seul problème avec...
Au moins, c’est donc l’occasion d’une remise à jour sur le sujet « Bitcoin en Chine », et tant qu’à faire, voici l’essentiel de ce qu’il en ressort :
Le Bitcoin n’a jamais été réellement strictement interdit, en tant que tel, en Chine (*). Ce qui est interdit et concrètement réprimé, c’est l’activité de « minage » des Bitcoins, dont la Chine était rapidement devenue la première base mondiale, en raison, notamment, du faible coût de l’énergie, dans ce pays.
Ce qui est également interdit, c’est la constitution légale de plateformes d’échange de Bitcoins, domaine, là aussi, où la Chine s’était rapidement hissée au premier rang.
Officiellement la raison est double : l’instabilité du Bitcoin, et son impact écologique en termes d’énergie électrique mobilisée.
En réalité, l’inconvénient majeur pour la finance chinoise c’est évidemment que la cryptomonnaie mobilise surtout une très grande partie de l’épargne populaire, et surtout « classe moyenne », issue des « joint ventures » financées US, au détriment des bourses chinoises, des « valeurs » chinoises, vers lesquelles toute la réglementation est faite, depuis des décennies pour contraindre cette épargne à s’y concentrer, ce qui a permis, dès les années 90, un « grand bond en avant », bien réel, celui-là, et heureusement moins sanguinaire que l’original, dans l’accumulation du capital financier chinois.
Mais en réalité, si tout est fait, et avec succès, pour limiter la circulation du Bitcoin en Chine (réduction de 60%), il n’est donc pas interdit d’en détenir ni d’en échanger, à titre privé, et/ou, éventuellement, en passant par des organismes « étrangers », pourvu qu’ils n’aient pas réellement d’« interface » directe en Chine.
Jusqu’à présent la « légalité » de cette détention était donc douteuse, et en pratique, devenue inexistante, le « propriétaire » de Bitcoin ne voyant donc sa « propriété » protégée par aucune loi, n’avait donc aucun recours en cas de « vol » ou autre litige au sujet de cette « valeur ».
Contrairement à ce que prétendent remarquer la plupart des articles français sur le sujet, dont celui ici cité, il n’y a donc aucune contradiction entre la nouvelle loi sur la « légalité » du Bitcoin et les interdictions précédentes, maintenues.
Comme le plus souvent, en matière de bizness, la loi vient s’adapter à la fois à la réalité du terrain et à la politique de l’autorité financière, qui évolue donc, en fonction des nécessités, qui restent tout à fait, et même plus que jamais, celles du banco-centralisme.
Ne pouvant totalement éradiquer le Bitcoin, la « realpolitik » consiste donc à le récupérer, et idem aux USA, comme on peut le voir ces derniers mois.
L’évolution de la politique de l’autorité financière, en Chine, suit, en la matière, celle qui se produit, depuis quelques mois, aux USA, en matière de réglementation du marché des cryptomonnaies, et principalement, du Bitcoin.
Et là-bas aussi, elle ne fait que s’adapter à la réalité du terrain, même si c’est donc, précisément pour en reprendre le contrôle au profit du système en voie de banco-centralisation avancée, ce que n’avaient semble-t-il pas vraiment prévu les « initiateurs » du Bitcoin, en théorie partisans de l’ultralibéralisme le plus absolu, « défiant », en quelque sorte, la base même du pouvoir des Banques Centrales !
En réalité, l’attractivité du Bitcoin, « contrebalancée », en partie, par la nécessité de compétences techniques élevées nécessaires à une bonne maîtrise des processus « blockchain » a donc rapidement donné naissance, outre le Bitcoin lui-même, à toute une série de « produits dérivés » tout à fait comparables à ce qui se fait dans les autres domaines, plus « classiques » de la finance et qui aboutissent donc à « trader » sur le cours des Bitcoins ou d’autres cryptomonnaies sans en être réellement « propriétaire », et donc, sans avoir a intervenir dans le système de la « blockchain », dans le « minage de Bitcoins », etc…, et tous processus qui exigent des compétences techniques et informatiques particulières, et pas forcément accessibles à l’épargnant modeste, mais néanmoins avide de tenter de « valoriser » ses économies.
A travers ces « produits financiers » le Bitcoin est donc finalement devenu un « produit financier » comme un autre, perdant, de par le fait, son caractère initial « marginal » et prétendument « indépendant du système ».
Les premiers « produits dérivés » du Bitcoin sont pratiquement apparus sur le marché dès l’origine, mais ils sont néanmoins restés précisément, comme le Bitcoin lui-même, sur des marchés « marginaux », c'est-à-dire non « tradés » ni côtés en bourse.
Mais cela a déjà changé aux USA en 2021, avec la « légalisation », au sens de l’autorité financière US, des « ETF à terme », sur le Bitcoin. Mais la majorité des « affaires » se faisant au quotidien sur des « ETF au comptant », dits « ETF spot », qui suivent au plus près le cours du Bitcoin, la pression était forte, de la part des instituts d’investissement, dont Black Rock, pour « légaliser » le trading de ces « ETF spot ». C’est désormais chose faite, depuis Janvier 2024, menant à un transfert assez massif vers ces « ETF spot » des investissements attirés par le Bitcoin.
L’ETF « IBIT » de Black Rock se taillant d’entrée de jeu la part du lion…
En moins de trois mois la valeur totale des ETF représente déjà plus de 4% de la valeur totale des Bitcoins et cette part continue de progresser quasiment heure par heure.
Globalement, cela a porté le cours du Bitcoin vers de nouveaux sommets, avec toutefois des « à coups » caractéristiques qui semblent désormais nettement provenir du marché des ETF. De sorte que ce ne sont plus, désormais, pour de nombreux observateurs, les cours de l’ETF qui suivent les cours du Bitcoin, mais plutôt carrément l’inverse.
En « s’intégrant » aux marchés financiers classiques, le Bitcoin, malgré son « originalité », en subit donc désormais la loi, qui est celle du banco-centralisme.
Avec l’achèvement, à relativement court terme, du « minage » des derniers Bitcoins restant encore à mettre en circulation, il est probable que cette tendance s’accentuera et que le système Bitcoin finira par s’intégrer totalement dans le système des monnaies numériques de Banque Centrale, dont il ne sera plus, s’il existe encore, qu’une « variété » particulière, éventuellement conservée pour le spectacle…
En ce qui concerne la Chine, la « tendance » suit une voie assez « parallèle » et même « convergente » par bien des aspects.
La « realpolitik », comme bien souvent en Chine, en matière de « récupération », de concentration et d’accumulation financière, passe donc d’abord par Hong Kong, qui a de nouveau « légalisé », au printemps 2023, le trading des Bitcoins sur sa place financière, et donc évidemment accessible autant aux chinois « continentaux » qu’aux investisseurs étrangers, selon une tradition financière remontant carrément à l’ère maoïste « primitive »...(**)
Et donc évidemment, la prochaine étape, attendue incessamment, selon la presse financière, devrait être l'introduction des « ETF spot » sur cette même place de Hong Kong.
Remettant ainsi à « égalité », ou à peu près, l'attractivité, en matière d'importation de capitaux, de l'économie financière chinoise par rapport à sa concurrente US, d'une part, et enclenchant surtout, pour le compte de la Banque Centrale de Chine (PBoC), le même processus d'intégration et de contrôle de la part énorme de l'épargne populaire qui reste encore investie dans le Bitcoin, quitte à la voir à nouveau remonter, mais sans le « minage » et sans l'intermédiaire des plateformes d'échange plus ou moins hors contrôle.
A travers le contrôle du marché des produits dérivés, la Banque Centrale Chinoise pourra ainsi continuer le développement de sa propre monnaie numérique, totalement sous contrôle, et à terme, carrément hégémonique, comme moyen d'imposer partout et en toutes choses, le « crédit social ».
Luniterre
*********************
(* https://siecledigital.fr/2021/05/20/chine-reglementation-cryptomonnaies/ )
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/09/01/de-la-structuration-maoiste-de-la-bulle-chinoise/
Autres liens utiles sur le sujet:
CHINE:
https://www.bsi-economics.org/825-chine-role-central-crypto-monnaies-bp
https://siecledigital.fr/2021/05/20/chine-reglementation-cryptomonnaies/
https://www.bbc.com/afrique/monde-58683250
https://journalducoin.com/bitcoin/bitcoin-crypto-bien-propriete-hong-kong-gatecoin/
https://fr.cointelegraph.com/news/china-issues-warning-to-public-after-recent-rise-in-bitcoin-price
https://www.coindesk.com/fr/consensus-magazine/2024/02/05/china-never-completely-banned-crypto/
https://journalducoin.com/bitcoin/bientot-etf-bitcoin-comptant-made-in-hong-kong/
https://www.cointribune.com/les-etf-bitcoin-arrivent-bientot-en-chine/
USA:
https://www.bbc.com/afrique/articles/ckr885z7je9o
https://journalducoin.com/bitcoin/etf-bitcoin-comptant-approuve-sec-fini-par-ceder/
https://journalducoin.com/bitcoin/etf-bitcoin-comptant-blackrock-pourrait-bientot-eclipser-gbtc/
Un complément au débat, sur AgoraVox:
Chine-USA, pour le contrôle du Bitcoin, c’est aussi la guerre économique !
2437 visites5 avr. 2024 | 14 réactions | Luniterre + Partager
https://www.agoravox.fr/commentaire6716568
Francis, agnotologue 6 avril 11:40
Vu que rien ni personne ne garantit le remboursement des titres, le Bitcoin, ce serait pas une pyramide de Ponzi dans toute sa splendeur ?
1
2
LLuniterre 7 avril 11:08
@Francis, agnotologue
En principe le Bitcoin n’est pas un « titre » mais une "monnaie numérique« , même si c’est en quelque sorte une »monnaie privée" d’un usage convenu entre les utilisateurs.
La capacité de survie de cette « monnaie » provient de la blockchain, qui la rend potentiellement insaisissable, ou presque. L’Etat chinois a réussi à saisir une partie des plateformes d’échanges jugées illégales et à s’emparer d’une quantité importante de Bitcoins, désormais officiellement comptabilisées comme sa propriété, ce qui a certainement aussi « influé » sur le législateur chinois !Par contre les ETF, eux, sont par définition des « titres » financiers, dont le détenteur n’est donc pas propriétaire de l’« actif sous-jacent ». D’autres types d’ETF, plus courants jusqu’ici, sont en quelque sorte des « paniers d’actions » détenues et gérées par le créateur de l’ETF, qui ne vend donc pas ces actions aux détenteurs-acheteurs de l’ETF, mais simplement un droit à une part des bénéfices éventuels de sa gestion du panier.
Evidemment il prend une « commission » au passage, qui, elle, est fixée par contrat, quelle que soit « l’évolution » du panier. En principe il est donc le seul à être certain de ne pas perdre d’argent dans cette affaire, à condition, évidemment, de ne pas faire faillite lui-même, et donc d’être suffisamment « performant » comme trader institutionnel, pour attirer et élargir sa « clientèle ».
Dans le cas de l’ETF Bitcoin, le principe reste le même, le « panier d’actions » étant remplacé par un « panier de monnaies », qui, ici, se réduit donc à une seule !
Comme le nombre de Bitcoins total est en principe définitivement limité par son créateur, lorsque tous auront été « minés »-émis, il est donc désormais plus que probable que la majorité, ou au moins une « minorité » suffisamment importante pour contrôler les cours sera détenue par les investisseurs institutionnels.
Donc à moins qu’un nombre d’escrocs type « Sam Bankman-Fried » ne prenne le contrôle de tous ces « instituts », on ne peut pas dire que le Bitcoin est une « pyramide de Ponzi ».
Même s’il peut encore y avoir des « fluctuations » importantes du cours, l’ « institutionnalisation » de la gestion de cette « monnaie » devrait plutôt en stabiliser le cours, en l’intégrant, progressivement, parmi les autres « monnaies numériques » en cours de lancement, et banco-centralisées, elles, dès l’origine.
Exit, donc, les prétentions d’ « indépendance » du Bitcoin par rapport aux Banques Centrales.
A rappeler que la politique banco-centraliste vise évidemment à barrer la route à ce genre d’initiative, comme l’a montré l’échec de la « Libra » de Zuckerberg-« facebook ».
Dans le cas du Bitcoin, faute d’efficacité dans la répression, les Banques Centrales ont donc adopté une stratégie de « récupération », à peine plus longue, mais largement aussi efficace, sinon davantage : à terme elles prennent le « contrôle » de l’épargne populaire investies dans le Bitcoin.
Et bien évidemment, des « capitaux » qui s’y sont risqués !
Fin de l’histoire du Bitcoin, suite de l’histoire du banco-centralisme, en train de s’imposer sur le monde, depuis la crise de 2007-2008.
Luniterre
Chine-USA, pour le contrôle du Bitcoin, c’est aussi la guerre économique !
Luniterre 7 avril 20:07
Une suite d’erreurs s’était glissée dans la liste des liens. La voici en version corrigée :
POUR ALLER PLUS LOIN AU SUJET DU BANCO-CENTRALISME
Concernant la formation du banco-centralisme :
Cinq différences essentielles entre l’époque de Marx et la nôtre (Nouvelle édition)
Concernant l’expansion actuelle du banco-centralisme :
Fini 2023, baptême de 2024 : deux gouttes d’eau ou deux gouttes de sang ?
******************************
+Nouveau complément au débat (09/04/2024)
jymb 8 avril 16:41
Et le jour ou tout s’effondre, ou bien le jour où l’on est dépossédé brutalement on s’adresse à qui ?
Je laisse ce casino numérique aux amateurs de sensations très fortes
Xenozoid 8 avril 16:46
@jymb
Et le jour ou tout s’effondre, ou bien le jour où l’on est dépossédé brutalement on s’adresse à qui ?ben ,en général, on fait la guerre ou bien on est en guerre
Luniterre 9 avril 11:06
@jymb
Ce que la plupart des analystes et même des simples « observateurs » ont du mal à réaliser et à accepter, c’est le fait que nous somme déjà dans la période post-effondrement du système capitaliste, qui a eu lieu avec la crise de 2007-2008 ! Ce n’est pas visible ni même « sensible », précisément parce que les Banques Centrales sont intervenues pour remettre formellement le système financier et les Etats à flots avec une « vague » de création monétaire sans précédent réel (*), dite à l’origine « non conventionnelle » et donc supposément « provisoire », mais qui n’a jamais pu être résorbée depuis, malgré quelques tentatives, et qui a même été carrément renouvelée avec la « réplique » de 2020, au prétexte du « Covid ».(**)
Depuis 2008, la vie économique sous perfusion monétaire est donc devenue la norme (***), et la création du Bitcoin (2009), dans ce contexte, était donc une tentative, en quelque sorte, de « sauver » le capitalisme « libéral » classique.
Aujourd’hui, avec l’institutionnalisation des ETF Bitcoin on ne peut que constater que cette tentative est déjà en échec et que le banco-centralisme est en train de triompher du capitalisme « classique »…
En un sens, la guerre est malheureusement la seule opposition conséquente actuelle à ce nouveau système, à condition qu’elle se termine assez rapidement, c’est-à-dire avant que la Russie ne se trouve à son tour endettée au-delà d’un seuil raisonnable, et se retrouve donc, dans ce cas, banco-centralisée à son tour… Sans même parler, de facto, de la perte de son indépendance, qui en résulterait.
Luniterre
**********************
(* « Quantitative Easing », précédemment « expérimenté » au Japon, néanmoins, sorte de « laboratoire » de la survie du système.)
**************************
Luniterre 9 avril 12:13
(* Sur le banco-centralisme au Japon, voir :
Les aventures de la famille Gave dans le monde banco-centralisé - Episode 2
*******************************
« Nouvelle réponse à Nicolas FramontGilles Questiaux va-t-il réinventer le fil à couper le beurre "impérialiste"??? »
-
Commentaires