Après une première réponse à "CLASSE BOURGEOISE : LES PARASITES DE LA SOCIÉTÉ ?" (https://youtu.be/VRNTZflvaR4 et http://mai68.org/spip2/spip.php?article18058#forum14580
Voici donc une réponse à "COMMENT LES BOURGEOIS NOUS EMPOISONNENT LA VIE - Nicolas Framont" (https://youtu.be/_MfbgkePqTg et http://mai68.org/spip2/spip.php?article18070)
Lutte des classes :
Framont : « …c’est toujours quelque chose d’actualité et c’est encore plus d’actualité qu’au moment où ça a été théorisée c’est ça qui est intéressant avec la lutte des classes, et triste en même temps que du coup ce soit un concept qu’on associe au 19e siècle. C’est que quand on regarde la division entre capital et travail en France elle est plus forte que au 19e siècle au moment où Marx et Engels l’ont théorisé, même si ce n’étaient pas les seuls, mais ce qu’était la lutte des classes comme moteur de l’histoire, et actuellement la société française et d’ailleurs c’est le cas au niveau mondial, elle est vraiment fondamentalement divisés entre ceux qui travaillent ou ceux qui devraient travailler et qu’ils n’y arrivent pas et ceux qui possèdent les moyens de production et donc en fait pour moi c’est un prisme de compréhension du réel qui est très riche et qui permet de comprendre beaucoup de choses, beaucoup de choses de notre société, donc c’est pour ça que nous c’est un concept contente d’activer parce qu’il est très, très opérant pour comprendre et notre vie politique et les situations quotidiennes qu’on peut vivre également.
— Donc pour toi Marx est toujours d’actualité dans cette analyse sociale. Est ce que tu peux m’expliquer, puisque on entend toujours parler de lutte des classes, tout ça… Mais concrètement c’est quoi ? Comment ça se définit ? C’est quoi cette théorie et finalement comment derrière elle s’applique, toujours aujourd’hui, selon toi ?
— Bah, la lutte des classes déjà ça dépasse notre propre… Il y a la lutte des classes dans le système capitaliste actuel. Bon, ce que Marx et Engels disent, c’est que la lutte des classes c’est un moteur de l’histoire et qu’en fait les… On est dans une suite de régimes politiques et économiques qui se définissent par des luttes entre dominants et dominés. Pour ce qui est de la période dans laquelle on vit qui s’est ouverte à la fin du XVIIIe siècle et dans laquelle on est encore, ben c’est une période qui est caractérisé par l’existence du système capitaliste qui… Le système capitaliste, il marque la division entre ceux qui possèdent les richesses, ceux qui possèdent les outils production, et ceux qui travaillent et qui n’ont quasiment que ça… Et donc à cette division elle fait beaucoup de choses, c’est à dire que ceux qui possèdent dirigent le travail des autres et en tirent les fruits. Et moi je pense c’est ça qui permet de… C’est pour moi la définition qui est la plus opérante et la plus claire… »
Assez juste comme définition de la lutte des classes, mais c’est donc néanmoins parler pendant plus d’une heure du capitalisme sans jamais le définir réellement, et pour cause !
La lutte des classes, même ainsi définie, est évidemment caractéristique de toute société de classes, de toute société fondée sur un système de domination de classe, et non pas spécialement du capitalisme.
Ayant escamoté au départ la définition du capitalisme, il est simple, ensuite de tout remettre sur le compte de ses différentes formes, sans réelle analyse de son évolution, au-delà du simple « aujourd’hui, c’est encore pire qu’hier… », qui évite, en réalité de constater l’évolution banco-centraliste du système de domination de classe au XXIe siècle !
Entre autres contre-vérité à ce sujet, dire que le capitalisme était « atténué » dans la période d’après-guerre est évidemment une absurdité, alors qu’il était au contraire encore en pleine ascension et sur le point d’atteindre son « apogée », ce qu’il a fait au milieu des années 70, en France, et dans une grande partie du monde occidental.
Dans ce type de période, faire un peu de « social » en redistribuant une partie de la plus-value relative aux salariés, c’est précisément un moyen, et même le meilleur, de maintenir et de prolonger l’élargissement du capital. (Cf. Grundrisse).
Dans l’analyse de Framont il y a donc une quantité de lacunes et de confusions typiques de cette démarche classique du pseudo-« marxiste », mais il y a néanmoins quelques observations concrètement utiles, ici et là, comme une bonne critique de la prétendue « démocratie parlementaire », entrecoupées de passages qui frisent le comique, quand il passe du « radicalisme » à l’auto-entreprise, puis de l’auto-entreprise à l’ « autogestion », conçue essentiellement comme « actionnariat des salariés », pour finir par l’expropriation des actionnaires : une nouvelle version des « expropriateurs expropriés », par eux-mêmes !
Mais quoi qu’il en soit, c’est déjà oublier ce « détail » que la plupart des boîtes significatives sont « mondialisées » en tant que filiales de tel ou tel groupe, ce qui implique d’exproprier tout ou partie du groupe.
C’est la difficulté la plus évidente pour ce genre de « projet autogestionnaire », mais pas la seule, ni même la plus importante : le développement d’une entreprise moderne, quelle que soit sa finalité sociale, passe par le renouvellement rapide et quasi-constant de son capital fixe. Et ce renouvellement ne dépend pas que de la seule volonté des « actionnaires », fussent-ils salariés et « gérants démocratiques » ou « autogérants », mais bien du financement des crédits, et donc actuellement du système banco-centraliste.
Une alternative au système actuel de domination de classe, qui est banco-centraliste, pour l’essentiel, même si souvent encore « capitaliste », pour la forme, passe donc par le contrôle démocratique de la source du pognon, de la création monétaire par le crédit, et donc par le contrôle démocratique du crédit.
C’est donc en ce sens qu’il s’agit bien d’un rapport de force politique global, et non pas d’une sorte de « réformisme de l’actionnariat salarié », « friotiste », « framontiste » ou autre…
A l’époque du banco-centralisme, un changement du rapport capital-travail passe d’abord par le contrôle du cycle de renouvellement du capital fixe.
Luniterre
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Concernant la formation du banco-centralisme :
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