• Choïgou-Ivanov: fin de la "vie de château" aux frais de la Russie en lutte!

     

     

    Choïgou-Ivanov: fin de la "vie de château" aux frais de la Russie en lutte!

    Choïgou et son "bras droit" Ivanov aujourd'hui incarcéré

    Choïgou-Ivanov: fin de la "vie de château" aux frais de la Russie en lutte!

    Choïgou-Ivanov: fin de la "vie de château" aux frais de la Russie en lutte!

    L'une des nombreuses demeures passées sous la coupe du couple Ivanov

    Choïgou-Ivanov: fin de la "vie de château" aux frais de la Russie en lutte!

    Parmi toutes ses "prises de guerre" le couple Ivanov avait réussi à s'approprier, au nom de son "chauffeur", cette villa moscovite qui selon certains historiens aurait un rôle important dans la création littéraire de Boulgakov, "Le Maître et Marguerite".

     

     

     

          Moins spectaculaire et moins radicale que celle de Prigogine la chute de Choïgou n'en est pas moins un tournant significatif dans l'histoire de la Russie de ces dernières décennies.

    Elle est même d'autant plus remarquable que c'est le seul "remaniement" ministériel réellement significatif à l'issue de la réélection de Poutine. Et évidemment un remaniement d'ordre stratégique lorsqu'il s'agit du ministre de la Défense d'un pays en guerre, même si sous la forme d'une "opération spéciale"...

    Une "opération spéciale" qui remet en jeu les équilibres géostratégiques et géopolitiques de l'Europe, et par voie de conséquence, du reste du monde. Pour comprendre les implications, responsabilités et motivations de chacun, il est nécessaire de conserver à l'esprit que même si le "règne" de Poutine, entre les différents postes de dirigeant qu'il a occupé, paraît être long, celui de Choïgou l'est encore plus et reste enraciné dans la période "eltsinienne", de sinistre mémoire pour les russes, alors que celui de Poutine semblait précisément marquer une "rupture" avec cette période, et l'a bien été, par de multiples aspects.

    Mais alors que le démarrage, en fin février 2022, de l'"Opération Spéciale", pouvait sembler marquer une nouvelle rupture, encore plus avancée, avec la période "eltsinienne" de complaisance à l'égard de l'Occident, la réalité des pratiques oligarchiques récemment révélées au grand public par l'affaire Timour Ivanov montre que les motivations profondes du clan Choïgou, dans le déclenchement et la mise en oeuvre de cette "opération", ne sont pas forcément cohérentes avec les buts politiques initialement invoqués par Poutine, bien que les deux nous soient couramment présentés quasiment comme une vieille paire d'amis. Vue sous cet angle la question historique reste posée de savoir lequel des deux "amis" a entraîné et convaincu l'autre de se lancer dans cette aventure guerrière, aux conséquences aujourd'hui tragiques, quelle qu'en soit l'issue.

    Depuis 2014 la question du Donbass et de la population russophone d'Ukraine restait posée, avec acuité, et même violence, et restait sans solution, vu l'échec des Accords de Minsk 2, mais la stratégie pour la résoudre nécessitait donc une évaluation correcte du rapport de forces sur le terrain et de la capacité réelle d'intervention d'une nouvelle force armée. Vue sous cet angle la question historique est donc de savoir jusqu'à quel point Poutine s'est laissé bercé d'illusions par les évaluations pour le moins approximatives de Choïgou et/ou si Choïgou lui-même l'a délibérément manipulé pour servir d'autres intérêts, à commencer par les siens personnels, comme cela apparait de plus en plus au grand jour, mais également d'autres intérêts, qui seraient en quelque sorte restés ceux des vestiges encore bien implantés de l'ère "eltsinienne", et par voie de conséquences, ceux de l'Occident, en fait.

    De nombreux analystes de tous bords et de toutes obédiences soulignent que dans une large mesure la Russie, dans cette triste affaire ukrainienne, est tombée dans le piège habilement tendu par les USA, même si elle semble commencer à en sortir, à un prix élevé en sacrifices humains et matériels.

    Historiquement, la question posée par les "approximations stratégiques" de Choïgou reste donc celle de son ambivalence, sinon de son implication éventuelle.

    Parmi les rares médias occidentaux à tenter une approche lucide et factuelle de ce "remaniement ministériel" se trouve un article de "La Tribune" dont nous reproduisons un extrait ci-dessous:

     

     

     

     

    « Après le lancement de l'assaut russe en Ukraine en février 2022, la popularité de Choïgou s'effondre à mesure des revers de son armée, empêtrée dans des problèmes logistiques et de commandement, forcée de se retirer de plusieurs secteurs du front. 

    Les signes d'approbation se tarissent : Sergueï Choïgou en est réduit à marmonner des rapports lors de rencontres avec le chef du Kremlin, quand il n'est pas relégué dans un coin pendant que le président supervise une vidéoconférence. Le conflit avec Evguéni Prigojine n'a fait que s'envenimer au fil des mois, sans qu'aucune intervention publique de Vladimir Poutine ne vienne sauver son fidèle ami. Dans une vidéo incendiaire publiée juste avant sa rébellion il y a près d'un an, le patron de Wagner accusait sans détour Sergueï Choïgou et son ministère d'être responsables du conflit avec l'Ukraine, après avoir "trompé" le président russe sur la réalité de la menace représentée par Kiev. 

    « La guerre était nécessaire à une bande de salauds pour qu'ils montrent à quel point ils sont forts. Pour que Choïgou devienne un maréchal », lançait alors le chef du groupe Wagner. » 

     

    https://www.latribune.fr/economie/international/surprise-au-kremlin-vladimir-poutine-debarque-le-ministre-de-la-defense-serguei-choigou-997403.html 

     

     

     

         Ce que "La Tribune" omet de préciser, c'est que cette question de "prestige" du "Général Choïgou", qui n' a jamais réellement combattu ailleurs que sur le "front administratif" et voulait se faire "Maréchal", n'est que l'une des nombreuses questions alors évoquées par Prigogine. La principale étant déjà à cette époque la corruption et l'avidité qui motivait bon nombre de "responsables" russes de la situation au Donbass.

    C'est ce qui, aux yeux de Prigogine, rendait pour le moins "suspect" leur empressement à faire la guerre, et c'est bien ce que l'"affaire Ivanov" a révélé récemment, et à une échelle donc encore bien plus vaste qu'à l'époque. Les "affaires" complexes de la "famille Ivanov" et celles de la "famille Choïgou" se trouvant de fait entremêlées, il eut paru pour le moins étrange que Choïgou soit "maintenu" alors que son "bras droit" en termes d'"affaires" se trouve désormais menacé de longues années de prison.

    En ce sens c'est l'arrestation relativement "spectaculaire" d'Ivanov qui semble devoir marquer le début de la chute du Clan Choïgou, qui ne peut être totalement effective en quelques jours, ni même, possiblement, en quelques mois, étant donné l'ancienneté de son enracinement et l'étendue de ses ramifications.

    Ivanov a néanmoins été habilement arrêté à l'issue d'une réunion de travail au ministère, alors qu'il ne pouvait pas "décemment" se trouver entouré de sa garde "rapprochée" armée jusqu'aux dents...

    Choïgou se trouve pour l'instant "recasé" dans un poste sans pouvoir réel, et surtout, selon certains observateurs avisés: "Où il n'y a rien à voler"...!

    Le nouveau ministre, Belooussov, amène avec lui une réputation d'intégrité bienvenue et possède avant tout une formation et une expérience d'économiste. Ce qui paraît "surprenant" à beaucoup d'observateurs occidentaux, pour un tel poste, mais ce qui est profondément logique dans la mesure où il s'agit d'abord de remettre de l'ordre dans une armée où la bravoure du soldat n'est pas toujours secondée de façon optimum par l'intendance... Ce "défaut d'intendance", de l'avis de nombreux observateurs, même sympathisants de la cause russe, est l'un des facteurs essentiels des échecs relatifs et même des reculs de l'armée russe, notamment au cours de 2022.

    Guerassimov, le chef d'Etat-Major, et autre pilier du Clan Choïgou, (...et autre "bête noire" de Prigogine), reste pour l'instant en poste, mais on peut comprendre que le changement de son "ministre de tutelle" ne sera évidemment pas sans influence sur sa méthode de "gestion" désormais, en attendant d'autres "démantèlements" des restes profonds du Clan Choïgou.

    Toute l'affaire n'est donc pas encore tout à fait une sorte de "revanche posthume" d'Evgueny Prigogine, mais souligne pour l'essentiel, au delà de ses formulations radicales, la pertinence de ses analyses et de ses motivations.

    Reste à élucider le "mystère" de sa mort et de celle de ses proches compagnons, mais y voir plus clair dans le contexte "actuel" permet de mieux comprendre, également, celui d'Août 2023.

    Luniterre

     

    PS: à la suite la vidéo du 23.06.2023 où Prigogine explique les motivations de la Marche de la Justice qui amena ses troupes jusqu'aux portes de Moscou, dans le but d'en déloger Choïgou et Guerassimov.

     Et encore à la suite l'article d'Israël Shamir, décrivant très bien le rôle historique négatif du Clan Choïgou, avec notre note de présentation de l'époque, Juillet 2023, le tout situé, donc, entre la Marche de la Justice et la mort de Prigogine.

     

     

     https://t.me/Prigozhin_hat/3790

    https://mai68.org/spip3/IMG/mp4/PRIGOGINE_23-06-2023.mp4

    https://my.mail.ru/mail/defis1970/video/535/2616.html

    https://rutube.ru/video/3ae2c561b8080b2339b682f0a2516fe5/

     

     

     


     

     

     

     

     

     

     

     

    Prigojine et la marche sur le Kremlin

     

    Par Israël Shamir

     

     

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    NOTE DE LA RÉDACTION  AU 19/07/2023 (*)] >>> 

    Cet excellent article d'Israël Shamir fait quasiment le résumé synthétique de nos recherches actuelles(*) sur le sujet ! 

    Tout étant relatif, on ira peut-être pas jusqu’à dessiner une auréole de sanctification au dessus de la tête de Prigogine, mais presque !

    Comme le dit si bien Shamir, avec la migration au Belarus, c’est véritablement une nouvelle page de l’histoire, et possiblement avec un grand H, qui commence, y compris et même surtout, à l’échelle géopolitique mondiale.

    Grâce au Président Loukachenko Wagner a une nouvelle chance de continuer à devenir ce qu’il était déjà de facto depuis la bataille de Soledar : l’avant-garde armée de la lutte des peuples contre le mondialisme et le banco-centralisme.

    Évidemment le mieux serait encore que la bureaucratie "eltsinienne" et son monde de corruption soient définitivement éradiqués de Russie, mais comme Shamir le remarque si bien, ce n’est peut-être pas pour tout de suite, manifestement.

    D’ici là, il faut donc être lucide, et apprendre à discerner le passage éventuellement étroit par lequel l’Histoire peut encore faire un pas en avant dans le bon sens, et c’est donc, tout aussi manifestement, avec Wagner, avec Prigogine, ses commandants et ses troupes, et donc du côté de leur nouvelle base au Belarus.

    Article à relayer sans modération, donc !

    Luniterre

    http://cieldefrance.eklablog.com/prigogine-wagner-et-sa-marche-de-la-justice-une-analyse-d-israel-shami-a214531789

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            Les généraux russes ressemblent aux généraux américains décrits dans Catch-22, le joyeux roman de Joseph Heller : querelleurs, arrogants, plus soucieux de leur position et de leur réputation que de la guerre. Eux aussi font en sorte que leurs avions de combat effectuent davantage de missions, parce que cela leur permettra peut-être de mener leur carrière vers une plus grande gloire. Les chasseurs se font tuer, mais qu’est-ce que ça peut faire ? Ils sont également cupides et prêts à bombarder leurs propres aérodromes si l’ennemi les paie suffisamment pour cela. Le général russe Ivan Popov était très populaire auprès de ses troupes pour son panache, mais il a été évincé par le général Guerassimov, chef de l’état-major général. Le chef du PMC de Wagner, Eugène Prigojine, le héros de Bakhmout, avait besoin de munitions, mais Choïgou, du ministère de la Défense, voulait absolument une nouvelle médaille (à ajouter aux 60 qu’il a déjà accumulées), et les munitions pour le groupe Wagner n’étaient pas une priorité pour lui. Prigojine a défilé avec son armée jusqu’aux portes de Moscou pour attirer l’attention de Poutine, ce qu’il a obtenu – avec son problème de munitions – avec un certain retard. Certains journalistes ont accusé Prigojine de s’être mutiné, mais en fait, il a reçu des millions de roubles et de dollars, de l’or et des armes, et tout cela lui a été confisqué à la suite de son escapade. Le ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, a qualifié l’événement de peredryaga, ce qui signifie grosse pagaille. Le général Popov souhaite également parler à Poutine pour s’expliquer, mais il n’a pas de soldats pour l’accompagner.

    Popov et Prigojine critiquaient tous deux ouvertement la manière dont M. Choïgou, du ministère de la défense, et le général Guerassimov, son chef d’état-major, gèrent la guerre en Ukraine. Mais certains responsables américains et l’opposition pro-occidentale russe ont préféré qualifier leurs critiques de coup d’État. Tant de personnes souhaitaient que ce coup d’État se produise qu’il est désormais difficile de prétendre qu’il s’agissait d’un coup d’épée dans l’eau. Examinons en détail ce qui s’est passé entre l’État russe, l’état-major général, le ministère de la défense et le propriétaire de Wagner PMC, M. Prigojine.

    Prigojine est un milliardaire et un entrepreneur russe. Il a travaillé comme traiteur pour le Kremlin (un poste de grande confiance), puis a livré des repas aux écoles de Moscou et de Saint-Pétersbourg, et s’est récemment lancé dans les opérations médiatiques. Il a créé ce que l’on appelle l’usine à trolls, une source majeure d’influence dans les médias sociaux russes. Auparavant, ce sont les services de renseignement occidentaux qui régnaient en maîtres sur les médias sociaux russes, qu’il s’agisse de Facebook, d’Instagram ou de VK. Les Trolls de Prigojine ont pu rapidement contrecarrer les efforts des guerriers de la propagande occidentale, ce qui lui a permis de se rapprocher personnellement de Poutine. Vers 2015, il est passé du commandement de trolls sur internet à celui de véritables guerriers : il a créé une société militaire privée appelée Wagner, d’après le surnom de son cofondateur. Ils ont combattu pour la Russie dans de nombreux pays – en Afrique, en Syrie, en Amérique latine. À un moment donné, l’État russe s’est tourné vers eux pour obtenir de l’aide. Le chef de l’état-major général, le général Guérassimov, s’est adressé personnellement à M. Prigojine et lui a demandé de participer à la guerre d’Ukraine. Wagner a d’abord participé à la bataille de Popasnaya (en République populaire de Lougansk). Prigojine était fier de mener une guerre héroïque au nom de la victoire et de la gloire tant désirée par les hommes, mais après plus d’un an de combat, Prigojine a pu constater que l’armée russe n’était pas pressée de remporter la victoire. La guerre semblait être gérée pour aboutir à une impasse, et non à une conquête.

    La véritable raison de ce retard est que la résistance ukrainienne a surpris les Russes. Avant la guerre, ils pensaient qu’elle ne durerait que quelques jours. Que les Ukrainiens ne se battraient pas. Que l’Occident ne fournirait pas d’armes. Même des personnes aussi compétentes et avisées qu’Anatoly Wasserman pensaient que ce serait terminé en quelques jours ; ils se demandaient seulement si ce serait une guerre de trois ou de quatre jours. Poutine avait également des attentes irréalistes quant à une victoire rapide. Lorsque les généraux russes ont vu que cela n’arriverait pas, ils ont commencé à se retirer vers le sud et ont délibérément laissé derrière eux des équipements militaires coûteux pendant qu’ils battaient en retraite. Des personnes bien informées m’ont dit qu’il s’agissait d’un piège américain tendu à Poutine.

    C’est là que la grande dichotomie de la politique russe a commencé à jouer un rôle important. Il y a les Eltsiniens et les Patriotes. Homme d’expérience au sommet de l’échelle administrative, Choïgou était un eltsinite. Proche d’Eltsine, il avait géré sa réélection en 1996, dirigé le parti au pouvoir et est devenu ministre en 1992 alors qu’Eltsine était président et que Poutine n’était encore personne à Saint-Pétersbourg. Choïgou a été ministre des situations d’urgence (EMERCOM), puis ministre de la défense. Avec trente-deux ans au gouvernement, il détient un record absolu. Choïgou est un ami personnel du président Poutine. Il en va de même pour M. Abramovitch, l’oligarque. Pourtant, Choïgou et Abramovich ont des opinions très différentes de celles de M. Poutine. Poutine veut la grandeur et l’indépendance de la Russie. De l’autre côté, les eltsinistes comme Choïgou préféreraient que la Russie soit vaincue et revienne tranquillement aux politiques néolibérales de l’époque d’Eltsine. Cependant, Poutine est un homme de parole et il avait jadis promis à Eltsine qu’il protégerait les eltsinistes. Il ne pourrait donc pas facilement écarter Choïgou, même si sa gestion de la guerre s’avère atroce. De plus en plus d’observateurs pensent que Choïgou a aidé les États-Unis à tromper Poutine et à le piéger dans le bourbier de l’Ukraine. Selon une nouvelle qui n’est pas tout à fait sans rapport, Choïgou envisage de se présenter à la présidence en 2024 pour supplanter Poutine. Le poste de président pourrait également être occupé par d’autres fonctionnaires pro-occidentaux : le maire de Moscou Sergueï Sobianine, ou d’autres personnalités similaires. Tout le travail accompli par Poutine serait réduit à néant et la Russie reviendrait à l’époque d’Eltsine. Prigojine préférerait que Poutine fasse au moins un mandat de plus, sinon il pourrait lui-même entrer dans la danse, en s’appuyant sur l’électorat patriotique.

    Le rôle du PMC Wagner dans cette guerre a changé de manière inattendue. Au lieu d’agir comme un groupe spécial de troupes d’assaut pour assurer la victoire dans les batailles les plus cruciales, le groupe Wagner est de plus en plus devenu une unité d’infanterie, certes spéciale, mais une infanterie affectée à la guerre de tranchées tout de même. Pire encore, au lieu de les remercier pour cela, on les a transformés en mendiants perpétuels d’armements.

    Pour la logique de Prigojine, c’est très étrange. Si l’on est appelé au service militaire et que l’on vous demande de porter votre sac à l’épaule, vous ne devriez pas avoir à marcher pour mendier des munitions, sans rien obtenir d’autre que des excuses et des querelles. En ce sens, il considérait qu’on l’avait roulé. En outre, la question du profit n’est pas sans importance. Après tout, l’homme d’affaires (y compris l’homme d’affaires patriote) n’oublie pas qu’il doit gagner de l’argent pour pouvoir nourrir son armée. Et c’est ce qui s’est passé pour le groupe Wagner : Prigojine veillait à ce que ses soldats soient nourris et habillés. En revanche, les soldats du ministère de la Défense sont mal nourris et encore plus mal vêtus. Ils doivent demander des chaussettes et des sous-vêtements à des grands-mères au grand cœur.

    Les généraux avaient volé le budget de l’armée et subvenaient à leurs besoins, tandis que les soldats étaient négligés et malmenés. Les soldats du groupe Wagner étaient bien pourvus, sauf en ce qui concerne les armes et les munitions russes. Le ministère de la Défense n’a pas l’intention de partager ses armements avec le groupe Wagner, et Prigojine commence à craindre qu’il n’y ait plus rien à partager : il soupçonne les généraux d’avoir vendu leurs stocks d’armes pour augmenter leurs profits. De plus, Prigojine a compris (après ses précédents conflits avec le ministère de la Défense et leurs querelles sur les armements) que, quoi qu’il fasse, il allait être présenté comme le méchant de l’histoire.

    Vient ensuite l’histoire du nouveau contrat. Le ministère de la Défense tentait de créer sa propre société de gestion de projets, mais en vain. Le ministre décide de s’approprier le groupe Wagner. Les combattants de Prigojine ont reçu l’ordre de signer un contrat avec le ministère de la défense. Prigojine a compris qu’il s’agissait d’une tentative flagrante pour lui voler le groupe Wagner. Sa glorieuse force serait envoyée mourir dans les tranchées et Prigojine serait mis à la porte. Il se plaint d’être requis pour des fonctions inadéquates dans le cadre du ministère de la Défense. Il considère à juste titre que son propre groupe Wagner est une unité formidable, à déployer stratégiquement, même dans les endroits les plus dangereux, mais qu’elle ne doit pas être gaspillée dans une guerre de tranchées. Il se sentait trompé et abusé par le ministre de la Défense, M. Choïgou, et par son chef d’état-major, le général Guerassimov.

    Ce n’est pas la première fois que Prigojine a un problème avec M. Choïgou. En mars 2016, en Syrie, on lui avait demandé un coup de main pour prendre Palmyre, une position importante dans le désert. Mais en décembre 2016, à la suite d’une attaque surprise, une minuscule force d’ISIS a repris Palmyre, et la garnison placée par le ministère russe de la Défense a fui la ville, laissant derrière elle d’énormes stocks d’armes, de munitions et d’équipements – et même de la nourriture mijotée sur place ! Les forces russes n’ont pas pu reprendre Palmyre et se sont à nouveau tournées vers le groupe Wagner, qui a pu reprendre la ville en mars 2017.

    Bien que Wagner ne se soit pas vanté de ses succès militaires, Choïgou était aigri par la haine. L’occasion d’une vengeance s’est présentée en moins de trois mois. En février 2018, le groupe Wagner, avec l’accord d’Assad, avait décidé d'”évincer” les Kurdes pro-américains de la grande raffinerie de Conoco près du village de Hasham dans la province de Deir ez-Zor. Sachant que les défenses kurdes étaient couvertes par l’armée de l’air américaine, Prigojine avait convenu à l’avance avec le commandement russe en Syrie que son opération serait couverte par la défense aérienne russe (armée de S-300 et de Panzyr), qui lui avait promis sa pleine coopération. Dans la nuit du 7 au 8 février 2018, le groupe Wagner attaquait l’usine Conoco. Le Pentagone a immédiatement contacté Choïgou par ligne spéciale directe : “Ce sont les vôtres ?” – ce à quoi les Américains ont reçu une réponse sans ambiguïté “Non”. Ensuite, les HIMARS américains, les hélicoptères Apache et la batterie volante AC-130 ont attaqué les soldats de Prigojine. Le groupe Wagner a subi les pertes les plus importantes (avant l’Ukraine) de son histoire : 334 morts et environ 700 blessés. Selon Prigojine, sur ordre de Choïgou, toute l’unité de défense aérienne a été retirée et les officiers de liaison ont coupé leurs lignes de communication avec le groupe Wagner.

    Bien plus tard, au moment où les généraux remettent les médailles à leurs troupes, Prigojine entre dans la salle. Il demande à Choïgou : “Puis-je vous parler de la situation qui s’est produite le 8 février à Deir ez-Zor ?” Choïgou se retourne, répond calmement et avec arrogance : “Vous vouliez jouer les héros ? Tous les héros sont ici dans cette pièce” – et il fait un signe de la main pour désigner tous les officiers dans leurs splendides uniformes formels – “et vous avez juste perdu vos repères”.

    C’est ce que raconte Prigojine. Selon les Russes, Choïgou ne pouvait espérer vaincre les Américains et avait donc conclu un accord avec eux. Les premiers rapports russes nient catégoriquement toute participation du groupe Wagner. Dans Wikipedia, on trouve plusieurs versions de la rencontre. Une autre version est donnée par le New York Times. Quoi qu’il en soit, le groupe Wagner a été sévèrement battu et les relations entre Prigojine et Choïgou ont été définitivement gâchées.

    Après la bataille de Bakhmout, la situation s’est encore aggravée, si c’est possible. Le ministère de la Défense ne répond pas aux appels téléphoniques du groupe Wagner, qui ne reçoit aucun des armements dont il a besoin. Prigojine craignait que si le groupe Wagner était envoyé en première ligne, ce ne serait plus que pour des missions suicides, sans compter les problèmes habituels d’obus, de lignes de communication et d’autres difficultés d’approvisionnement.

    Ainsi, la rébellion du 24 juin 2023 n’est pas un coup de folie soudaine de Prigojine, mais seulement l’étape suivante d’un vieil affrontement. Cette querelle n’est pas seulement une rivalité entre Choïgou et Prigojine (bien qu’ici le facteur personnel prenne le dessus), mais peut être tracée beaucoup plus profondément – entre le ministère de la Défense et le GU (renseignement militaire). Officiellement, le GU est subordonné au ministère de la Défense, mais dans la pratique, il a toujours été et continue d’être “un ministère au sein du ministère”, menant ses propres politiques à ses propres fins.

    Prigojine, de son point de vue, a fait ce qu’il avait à faire, capitalisé sur son image et attaqué ses adversaires. Il n’y a pas eu de rébellion, il n’avait pas planifié de prise de pouvoir dès le départ. Il a prouvé sa loyauté envers le président Poutine. Bien que les ennemis de Poutine l’aient piégé dans le bourbier ukrainien, Prigojine a prouvé que ses hommes sont toujours les troupes d’assaut du président. Prigojine a toujours accompli avec brio toutes les tâches qui lui ont été confiées. Ceux qui, de l’extérieur, observent la mise en œuvre des opérations de Prigojine peuvent (je suppose) avoir des avis différents sur la justesse ou l’inexactitude de ses actions. Je ne dispose pas d’informations secrètes sur les motivations de tous les participants à ces controverses, mais je pense qu’en plus de ce que nous observons sur les écrans de télévision et sur l’internet, chacune de ces parties a ses propres motivations. Par exemple, les tactiques de combat de généraux respectés comme Sourovikine ou Alekseev étaient naturellement limitées par des mesures préventives pour éviter les collusions avec Prigojine, et n’avaient pas pour but d’influencer ou de blesser le groupe Wagner. Les retards militaires ne sont pas toujours dus à l’incompétence ; il s’agit souvent de mouvements tactiques destinés à consolider des positions. Dans tous les jeux de coulisses aussi complexes, chacun des participants publics (y compris ceux que nous ne pouvons pas voir) a son propre raisonnement et ses propres objectifs.

    Que veut-on dire quand on dit que “Prigojine est allé en Biélorussie”, se demandait Andreï Pintchouk, l’auteur de Clausewitz et le vide, le livre approuvé par Prigojine ? Il s’est retiré de la controverse. En outre, il a fait un pas dans l’espace international. Demain, les présidents et les dirigeants d’au moins deux ou trois douzaines de pays différents – asiatiques, africains, latino-américains, centraméricains et, je pense, quelques européens – seront sur la même ligne à la conférence de l’ASEAN. Dans le même temps, en raison de toutes les nouvelles qui circulent autour de Prigojine lui-même et de l’agence qu’il dirige, le groupe Wagner est désormais la marque paramilitaire non étatique la plus connue au monde. Et quel sera son prochain nom ? PMC Wagner ? PMC Asia ? PMC Global ? Non, on ne peut pas dire que Wagner a cessé d’exister. Je pense qu’il faut plutôt dire que Wagner connaît une nouvelle vie.

    L’histoire du général Popov est tout à fait différente. Ce brave général a été écrasé par le ministère de la Défense. On a dit que la raison en était sa critique acerbe du général Choïgou. Mais il existe une autre explication plausible. Une unité sous le commandement du général Popov a réussi à s’emparer de l’un des missiles britanniques les plus prisés, appelé “Storm Shadow”. Au lieu de recevoir des félicitations, l’unité a été punie et le général Popov a rapidement pris sa retraite. Il est possible que le ministère de la Défense ait eu l’intention d’utiliser le Storm Shadow d’une autre manière. Les soldats de Popov l’avaient livré à un institut scientifique pour qu’il l’étudie. Choïgou et Guerassimov voulaient-ils le rendre au Royaume-Uni ? Ou étaient-ils simplement contrariés que le missile ait été livré à l’institut lié à M. Rogozine, ancien directeur de la recherche spatiale russe ?

    La Russie est un nouveau royaume byzantin, plein d’intrigues compliquées. En attendant, la rapidité du renvoi de Popov montre que les eltsinites sont toujours aussi puissants et que le président Poutine continue de suivre leurs conseils désastreux. Comme il le dit lui-même, il ne veut pas agir sous la pression. Malgré tout, même les généraux ridicules de Catch-22 ont gagné la guerre de 1939-1945. Les généraux russes, ou plutôt les soldats russes, gagneront eux aussi.

    Sources:

    http://belarusolidarite.eklablog.com/prigogine-wagner-et-sa-marche-de-la-justice-une-analyse-d-israel-shami-a214531561

    https://plumenclume.com/2023/07/17/prigojine-et-la-marche-sur-le-kremlin-par-israel-shamir/

    https://www.unz.com/ishamir/the-march-on-the-kremlin/

     

     

     

     

    Choïgou-Ivanov: fin de la "vie de château" aux frais de la Russie en lutte!

    Справедливость - Justice

     

     

     

     

     

     

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    « Palestine partout, Résistance partout! Même au marché de Blois ce dimanche matin...A Jéricho, briser le mur du génocide, ça commence Rue Aaron Bushnell! Et à Paris, ce Samedi 18 Mai pour les 76 ans de la Nakba! »

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