Le « vrai » Front Populaire de 1936, « historique » sous ce nom, a donc 88 ans en 2024, tandis que « Lutte Ouvrière », originalement « Voix Ouvrière », a été fondée en 1956, à l’état de groupuscule, et n’a guère connu que des « embellies » très relatives depuis, tant sur le terrain des luttes sociales que sur le terrain électoral, répétant, à quelques « mises à jour » de circonstances près, le même tract, depuis 68 ans donc ! 

LO « retarde » donc de vingt ans de moins que le prétendu « Nouveau Front Populaire », dont elle ne veut pas… Mais fait 0,49% aux européennes, un scrutin pourtant favorable aux votes de protestations en tous genre… 

Tout est relatif, mais pourquoi la gauche ne cherche-t-elle déjà pas tout simplement à comprendre la réalité du XXIème siècle, déjà bientôt vieux d’un « quart » de son histoire ? 

Traiter finalement le problème par le mépris des électeurs RN, c’est leur renvoyer précisément la haine du système pour les classes populaires et cela ne résout rien, ne faisant même qu’empirer le problème. Vu que cela n’a pas arrêté la progression de ce parti depuis des décennies, il reste peu probable que cela fasse un autre effet aujourd’hui. Cela risque même d’aggraver les divisions et la violence au sein même des classes populaires, et donc de renforcer le système, au lieu de l’affaiblir. 

Et comme absolument personne ne cherche réellement à comprendre les raisons de ce qui se passe,  il semble donc que ce cycle politique actuel peut continuer encore longtemps, sinon mener à une guerre civile : faire manifester une partie des électeurs contre une autre, c’est bien cela que l’on voit aujourd’hui et non pas un mouvement réellement « antifasciste ». Ou alors il faut être logique et aller jusqu’au bout de la démarche : si le RN représente réellement une menace fasciste il faut carrément revendiquer son interdiction et sa dissolution, et non pas simplement « protester » contre son résultat électoral, tout à fait « légal » et donc « démocratique », dans les limites du genre, jusqu’à preuve du contraire. 

Imaginons qu’après les législatives le RN éventuellement battu organise des manifs contre le prétendu « Nouveau Front Populaire »… Là il y aurait des cris d’orfraies de tous les côtés et ils seraient effectivement tout à fait justifiés : dans ce cas de figure on pourra véritablement parler de « fascisme » de la part de ce parti dans la mesure où il refuse le résultat des élections. 

Mais aujourd’hui c’est bien la « gauche » qui prétend refuser le verdict des urnes « européennes » en manifestant dans les rues et personne n’y trouve rien à redire… La démarche est pourtant bien de nature également anti-démocratique, plutôt qu’ « antifasciste », sinon carrément fascisante elle-même, dans la mesure où les mots ont encore un sens ! 

Pour l’instant, on en reste au Grand-Guignol syndicalo-politique habituel, sans trop de casse, heureusement, car cela eut fait encore l’effet « électoral » inverse de celui prétendument recherché. Ce qui tend finalement à prouver que le pouvoir macronien ne veut donc pas de provocations qui seraient inévitablement « utiles » à une nouvelle montée électorale du RN. Il entend donc bien limiter la casse, même si l’essentiel de sa manœuvre a déjà échoué, en ne le remettant pas pour l’instant au « centre » du jeu politique. 

Néanmoins, même avec 25 à 28% des voix, selon les sondages les plus récents, la gauche aura donc besoin d’« alliances » entre deux tours pour prétendre  « former une majorité », et donc bien avec les macronistes et les LR rescapés, au nom du « sauvetage de la République », et ce sera le prétexte tout trouvé pour pouvoir « reporter » la réalisation de leur programme électoral démagogique, dont les « promesses » ne sont là que comme « surenchères » purement chimérique sur celles du RN. 

Le « miracle » de ce nouveau « programme commun » trouvé en quelques heures n’a en réalité eu lieu que parce que comme le lapin sorti du chapeau du prestidigitateur, il n’y est qu’au moment de le montrer, et ni avant ni après, ce qui est assez heureux pour un lapin, moins pour les revendications sociales populaires qui ont besoin, elles, de réalisation concrète et durable. 

Entre le 30 juin et le 7 Juillet, exit, donc, le pseudo « remake » du front populaire… 

Luniterre