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Mai 2024: le premier mouvement étudiant d'importance géostratégique et géopolitique mondiale depuis Mai 1968!
Carte des pays reconnaissant l'État Palestine
16 ans après la crise économico-financière de 2007-2008 le "rebond" de l'économie mondiale n'est qu'une illusion savamment entretenue par les médias "mainstream" et maintenue à force de grands coups de "planche à billets" électronique pour "renflouer", mais en fait, grossir encore, la dette des Etats et des monopoles, c'est à dire, en fin de compte, pour les tenir, et de plus en plus, dans la dépendance des politiques monétaires des Banques Centrales.
Dans ce contexte de mondialisation de la soumission aux Banques Centrales, ce qui est géostratégiquement déterminant, ce n'est donc plus la "rentabilité financière" de tel ou tel "marché", qui ne dépend plus que des largesses et des faveurs accordées par les Banques Centrales, mais bien le contrôle des ressources naturelles qui permettent d'alimenter encore la machine industrielle, de plus en plus "robotisée"...
Que ce soit à l'époque du capitalisme-impérialisme ou du banco-centralisme, Israël se trouve être géostratégiquement "placé" pour le contrôle d'une bonne partie des ressources énergétiques du Moyen-Orient et des voies de circulation des marchandises.
Il n'est donc pas du tout surprenant que les "parrains" traditionnels du sionisme soient plus que jamais déterminés à "protéger" leur rejeton criminel, alors même qu'il s'enfonce littéralement dans sa guerre génocidaire contre le peuple palestinien commencée, historiquement, il y a déjà trois quart de siècle.
Il arrive simplement que si le sionisme s'enfonce plus que jamais dans sa propre logique criminelle, cela fait finalement "déborder" le trop-plein de l'indignation internationale comme jadis le fit pour les USA ( la "maison mère"...) la guerre au Vietnam et encore avant, pour la France de la IVème République, la guerre d'Algérie. Et avec pas davantage de "réussite militaire", sinon même, moins, malgré la disproportion des moyens.
Compte tenu de l'ampleur mondiale du mouvement étudiant et des solidarités populaires qui commencent à se manifester à son égard comme à l'égard de la Palestine meurtrie, le choix de réprimer ou non, et/ou de tenter d'étouffer ce mouvement est donc devenu un enjeu décisif pour le système mondialiste banco-centraliste et ses différents Gauleiters dans les pays qui y sont soumis, dont la France du Gauleiter Macron.
Il est donc essentiel que tous ceux qui sont épris d'esprit d'indépendance et de liberté manifestent, chacun avec ses moyens, leur solidarité, au quotidien, avec ces luttes!
Luniterre
Manifestations pro-palestiniennes :
"la plus importante mobilisation
sur les campus américains du XXIème"
Depuis mi-avril, des centaines d'étudiants américains organisent des "campements en solidarité avec Gaza" devant leurs universités. Malgré la répression policière, le mouvement se répand dans le pays et même dans le monde. Comment expliquer l'ampleur de cette mobilisation ? Réponses avec un étudiant mobilisé et un chercheur spécialiste du sujet.
29 AVR. 2024 À 11H00 (TU)ImageUn étudiant manifestant contre la guerre à Gaza passe devant des tentes et des banderoles dans un campement à Harvard Yard, à l'université de Harvard, aux Etats-Unis, jeudi 25 avril. AP/ Ben Curtis.
De Paris à New York, de Sydney à Atlanta, les étudiants sont au centre des mobilisations pro-palestiniennes depuis une dizaine de jours. En France, à Sciences Po Paris, certains étudiants ont bloqué le campus parisien, en protestation contre la guerre à Gaza et le lien de cette école élitiste avec des institutions israéliennes, avant de se retirer à la faveur d’un accord avec la direction et après une intervention policière. D’autres universités ou campus étaient aussi le théâtre de mobilisations étudiantes, sans attirer autant d’attention politique ou médiatique.
Même si les mobilisations pro-palestiniennes, y compris dans les universités, se produisent régulièrement en France depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre, les plus récentes font écho en partie à des manifestations sur les campus américains, très médiatisées depuis mi-avril. Ces « campements en solidarité avec Gaza », qui rassemblent plusieurs centaines d’étudiants pendant des jours et des nuits devant leurs universités sans en bloquer l’accès, se sont intensifiés après que la police a arrêté une centaine d’étudiants de la prestigieuse université de Columbia à New York, le 18 avril.
(Re)voir : Guerre Israël-Hamas : mobilisation pro-palestinienne sur des campus
Boycotts et désinvestissements exigés
Certaines demandes de ces étudiants sont spécifiques à chaque université, voire plus larges que la guerre à Gaza. Les étudiants mobilisés à CUNY, une institution publique de la ville de New York et l’une des plus grandes universités du pays, réclament par exemple la démilitarisation de leur école (c’est-à-dire l’absence de policiers sur les campus) et la gratuité des frais de scolarité. Ceux de NYU, une université privée de New York, exigent la fermeture d’un campus de cette institution à Tel Aviv.
Tweet URLLes différentes organisations se rejoignent sur leurs revendications principales : un appel au cessez-le-feu, à la libération palestinienne, la reconnaissance d’un génocide en Palestine, le désinvestissement de leurs universités vis-à-vis des entreprises impliquées dans la guerre à Gaza, le boycott des institutions israéliennes.
Mustafa Al-Nomani, étudiant de 27 ans à CUNY, participe avec quelques centaines d’autres au campement devant son université depuis jeudi 25 avril. Il rapporte que le président a accepté d’ouvrir des négociations lundi 29 avec les élèves, qui s’organisent en attendant sur le campus entre tente médicale et bibliothèque temporaire.
« Si les États-Unis continuent à ignorer le fait qu’Israël est une puissance occupante, nous allons démontrer le concept d’occupation. Nous avons un droit sur nos universités en tant qu’étudiants, explique le jeune homme. CUNY a été un foyer de mobilisation étudiante constant depuis les années 60 et la guerre au Vietnam. Et maintenant, nous protestons contre un génocide en cours, qui bénéficie de l’aide des États-Unis. Nous refusons un retour à la normale et de faire comme si de rien n’était. »
Les étudiants se sentent responsables des liens de leurs universités avec Israël et veulent lutter contre.
Mustafa Al-Nomani, étudiant mobilisé contre la guerre à Gaza à CUNY.
« Le plus important mouvement étudiant du XXIème »
Robert Cohen, professeur d’histoire et de sciences sociales à NYU, spécialiste des mobilisations étudiantes, estime que le mouvement actuel est « le plus important mouvement sur les campus américains depuis le début du XXIème siècle ». Si certaines mobilisations comme Black Lives Matter étaient aussi très actives dans les universités ces dernières années, elles ne concernaient pas spécifiquement les étudiants et leurs organisations.
« Cela s’est répandu très vite à travers le pays. Comme le mouvement Occupy qui a rendu les gens plus conscients des inégalités économiques en 2011, il aide à rendre visible la guerre à Gaza et les pertes tragiques de vies civiles, analyse-t-il. Mais je ne pense pas que les revendications de désinvestissement ou de boycott aboutiront, puisque beaucoup d’États américains ont des lois contre le soutien au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions, mouvement pro-palestinien international, NDLR). Et les soutiens à Israël ont beaucoup plus de pouvoir économique et politique que ces étudiants. »
(Re)voir : États-Unis : la guerre à Gaza embrase les universités
Pourquoi les étudiants prennent-ils aujourd’hui une place aussi importante dans le mouvement pro-palestinien ? « La politisation de notre génération se fait en accéléré, répond Mustafa Al-Nomani. Les jeunes voient toutes les images de Gaza, les corps, les décombres, les destructions, chaque jour sur leur portable. Les étudiants se sentent responsables des liens de leurs universités avec Israël et veulent lutter contre. »
Robert Cohen confirme le rôle des réseaux sociaux dans ces mobilisations : « Ce n'est pas totalement nouveau, dans la mesure où les étudiants à l'époque du Vietnam voyaient aussi les images de violence et de mort dans les journaux télévisés. Mais ce n’était pas aussi instantané et omniprésent que d'allumer son portable et de tout recevoir. Les réseaux sociaux rendent les réactions plus intenses et participent à rendre une mobilisation rapide possible. »
Le soutien militaire, financier et politique des États-Unis à Israël est la cible particulière des critiques des opposants. « Contrairement au Vietnam, il n’y a pas de troupes américaines envoyées sur place. Mais les étudiants se sentent coupables en voyant les images de morts civils à Gaza, puisque l’argent du contribuable américain est utilisé pour mener cette guerre sanglante. L’escalade, les bombardements, l’augmentation du bilan civil ont provoqué ce soulèvement », poursuit le chercheur.
(Re)voir : Israël-Hamas : des Américains à Gaza
Selon lui, le fait que les étudiants n’aient pas leur mot à dire dans les décisions de leurs universités en matière de financements ou de partenariats expliquent le choix de l’occupation comme méthode de protestation étudiante, tout comme dans les années 60. L’organisation à l’origine des mobilisations, Students for Justice in Palestine, existe d’ailleurs depuis les années 1990. « Et les universités sont des lieux d’apprentissage, d’idéalisme. Un campus est par excellence l’endroit où on doit pouvoir remettre en question les idées dominantes », ajoute ce professeur.
Une répression inédite
Robert Cohen est particulièrement attentif à la répression inédite à laquelle le mouvement fait face. Depuis le début des mobilisations, plusieurs centaines d’étudiants ont été arrêtés à travers le pays. La police a aussi reconnu avoir utilisé des « agents chimiques irritants » lors de violentes arrestations à Atlanta, tandis que des organisations étudiantes ont aussi dénoncé l’usage de tasers et de balles en caoutchouc.
Tweet URL« Cette répression extrême et rapide est nouvelle, pour un mouvement de protestation qui n’est ni très large ni très turbulent, commente le chercheur. Les étudiants ne sont pas violents ; ils ne perturbent même pas les activités de l’université. Jusque-là, c’était généralement le critère avant l’intervention de la police. Dans les années 60, il fallait par exemple s'emparer d'un bâtiment pour que l'université appelle la police. Le faire pour une occupation d'une pelouse à Columbia, ou d'une place devant l’université de New York, n'aurait jamais existé auparavant. Cela montre le degré inquiétant d’autoritarisme qu’on a aujourd’hui atteint. »
« Cela prouve aussi l’efficacité de la mobilisation, juge de son côté Mustafa Al-Nomani. Les manifestations étudiantes ces dernières années ont reçu assez peu d’attention de la part de la police, alors que nous assistons aujourd’hui à certains des exemples les plus brutaux de violences policières. Les autorités ont peur de la puissance de notre mouvement. »
Mobilisation contagieuse
Cette opposition des autorités est pour elles à double tranchant. Même si elle réprime le mouvement, elle a aussi participé à booster l’attention et le soutien dont bénéficient les manifestants. Après la centaine d’arrestations à Columbia le 18 avril, les « campements en solidarité avec Gaza » ont fleuri à travers le pays, voire à l’étranger. Le site Palestineiseverywhere.com, qui se base sur des recensements étudiants et médiatiques, en compte à ce jour 58.
Cette diabolisation du mouvement fait peur aux présidents d’université. Mais si eux ont peur, qui va défendre la liberté d’expression et la liberté académique ?
Robert Cohen, chercheur spécialiste des mobilisations étudiantes.
Mustafa Al-Nomani estime que le fait de voir leurs camarades brutalement arrêtés a encouragé des étudiants, qui n’étaient pas engagés jusque-là, à rejoindre les mobilisations ou les campements. Robert Cohen ajoute que c’est aussi le cas de professeurs, qui ont par exemple œuvré pour la libération de leurs élèves en garde à vue. Certaines universités ont aussi fini par autoriser les étudiants à rester sur les campements, sous conditions.
« Chaque fois qu’on fait appel à la police face à une manifestation d'étudiants, à moins qu’ils ne soient en train de faire quelque chose de vraiment violent, le corps étudiant et le corps enseignant s’y opposent. Même s'ils peuvent ne pas être d'accord avec la politique des manifestations, ils ne pensent pas que les étudiants qui protestent pacifiquement devraient être embarqués par des policiers en tenue anti-émeute », souligne-t-il.
(Re)voir : États-Unis : l'université de Columbia occupée par des pro-palestiniens
Des chefs d’université sous pression
Selon le chercheur, cette répression, organisée par les dirigeants d’université, s’explique par la pression politique et économique à laquelle ils et elles font face. Le 17 avril, Nemat Shafik, la présidente de l’université Columbia, a été auditionnée par une commission parlementaire au Congrès américain.
Celle-ci lui reprochait, comme aux présidentes des universités d’Harvard et de Pennsylvanie poussées à la démission en décembre et janvier, de ne pas suffisamment agir face à un « foyer antisémite » qui se serait propagé dans son université. Des membres républicains du Congrès ont argué que des slogans pro-palestiniens, comme l’appel à une Palestine libre « de la mer au Jourdain », constituaient l’une des preuves de cet antisémitisme. Le lendemain, la présidente de Columbia autorisait la police à entrer dans l’université et à arrêter des étudiants.
(Re)lire : Les présidentes de trois prestigieuses universités américaines dans la tourmente
Pour autant, cela n’a pas été suffisant pour de nombreuses figures politiques américaines, qui appellent toujours à sa démission, à l'instar du président de la chambre des Représentants. De son côté, le propriétaire du club de football américain Patriots de la Nouvelle-Angleterre a annoncé retirer son soutien financier à l’université.
« Si vous êtes président d’une autre université, moins prestigieuse que Columbia, qu’est-ce que vous allez vous dire ? Vous allez penser qu’il vaut mieux s’aliéner les enseignants ou les étudiants que les donateurs, les administrateurs et le Congrès. Cette diabolisation du mouvement fait peur aux présidents d’université. Mais si eux ont peur, qui va défendre la liberté d’expression et la liberté académique ? », s’inquiète Robert Cohen.
Le chercheur rappelle que si des « actes antisémites » peuvent exister « en marge du mouvement », il ne s’agit pas de son essence, tout comme l’ont rapporté de multiples observateurs politiques ou médiatiques. « Et cette caricature est ensuite utilisée comme prétexte, sans preuves, pour le réprimer dans son ensemble », ajoute-t-il.
« Des politiciens nous utilisent pour leurs propres intérêts »
De l’autre côté du spectre politique, Mustafa Al-Nomani redoute aussi une instrumentalisation démocrate de la mobilisation étudiante en faveur de la Palestine. Plusieurs personnalités du parti, comme Alexandria Ocasio-Cortez ou Ilhan Omar, se sont rendues sur les campements pour apporter leur soutien.
« Des politiciens nous utilisent pour leurs propres intérêts opportunistes. Certains le font pour se racheter, pour récupérer leur base auprès des jeunes. Nous refusons de les approuver, sauf s’ils sont sincèrement là pour sensibiliser à ce qu’il se passe à Gaza », affirme-t-il.
La volonté des Démocrates de regagner le vote des jeunes, qui manquent pour certains d’enthousiasme face à la candidature de Joe Biden à sa réélection en novembre, pourrait en effet pousser le président et son camp à légèrement influer leur position sur la guerre à Gaza et le soutien américain inconditionnel à Israël.
(Re)voir : États-Unis : les étudiants en colère contre la politique de Biden
« Selon les sondages, la cause palestinienne n’est pas l’enjeu prioritaire pour les jeunes votants. Mais c’est quand même une question importante, et dans une élection aussi serrée, elle peut affecter Biden. Il a en partie gagné en 2020 grâce aux jeunes. Et certains de ces jeunes, sans aller jusqu’à donner leurs voix à Trump, pourraient s’abstenir de voter pour celui qu’ils surnomment ‘Genocide Joe’ », présage Robert Cohen.
Le chercheur estime aussi que ces mobilisations étudiantes, comme les 100 000 votes blancs d’une partie de la communauté arabe lors des primaires démocrates du Michigan en février, peuvent encourager les Démocrates à devenir plus critiques de la politique offensive du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Mais ce genre d’impact, comme lors de la guerre au Vietnam, met du temps à s’établir. Et pour l’instant, les États-Unis continuent d’approuver l’envoi d’aide à Israël ».
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REPORTAGE. "C'est leur Vietnam" :
à Berkeley, la mobilisation étudiante pour Gaza rappelle le passé contestataire de l'université américaine
La guerre à Gaza continue d'enflammer les campus universitaires américains. Le mouvement, qui a commencé à Columbia, s'est étendu à Los Angeles mais aussi à Berkeley, près de San Francisco.Radio FrancePublié le 07/05/2024 08:19 Mis à jour le 07/05/2024 10:40Des étudiants ont installé leurs tentes devant l'université de Berkeley, près de San Francisco, aux États-Unis. (SÉBASTIEN PAOUR / RADIOFRANCE)
Cela fait deux semaines que les premières tentes ont été dressées sur le campus californien de Berkeley, près de San Francisco, et il y en a désormais plus de 150.
Alors que plus de 2 200 arrestations ont eu lieu lors des mobilisations étudiantes contre la guerre à Gaza aux États-Unis, les revendications à Berkeley se déroulent dans le calme. Il n'y a pas eu d'intervention de la police ou d'évacuation, comme à UCLA, à Los Angeles.
Berkeley est l'une des universités les plus prestigieuses du monde, liée à 114 prix Nobel et dont les anciens élèves ont fondé, par exemple, Apple ou Ebay. Mais c’est aussi sur cette place qu’est né le mouvement de libération de la parole étudiante. C’est là qu'ont eu lieu les premières arrestations d’étudiants qui distribuent des tracts en faveur des droits civiques pour les Noirs en 1964, mais aussi que Martin Luther King a appelé à une "révolution des valeurs" en 1967 devant la foule rassemblée contre la guerre du Vietnam. Et c'est encore sur ces marches qu’a lieu le mouvement contre l'apartheid en Afrique du Sud, dans les années 1980.
"Mettre la pression" à la direction
Un passé que les étudiants connaissent bien et auquel ils s'accrochent pour obtenir gain de cause. Comme Judy, en deuxième année de Sciences politiques, ils demandent notamment la fin des investissements liés à la guerre à Gaza.
"L'université l'a déjà fait pour le Vietnam, l'Afrique du Sud", énumère-t-elle, en citant aussi la décision prise par l'université, "il y a environ deux ans", de couper "les liens avec les entreprises de combustibles fossiles". "Elle l'a déjà fait, et elle peut le refaire", assure Judy. "Ils ont juste besoin qu’on leur mette la pression." L'étudiante cite, notamment, les 427 millions de dollars que Berkeley investit dans Blackrock, un gestionnaire d’actifs qui détiendrait des participations dans des fabricants d’armes.
"On va continuer, jusqu'à ce qu'ils se débarrassent de certains investissements."
Judy, une étudiante de Berkeleyà franceinfo
Les manifestants discutent de leurs revendications avec la direction de l’université, dont certains enseignants considèrent qu'elles sont légitimes. C'est le cas de Jonathan Simon, qui reçoit dans son bureau au cinquième étage d’un autre bâtiment, plus haut sur le campus. Il enseigne le droit à Berkeley depuis 20 ans, où il a été élève et a manifesté dans le passé, notamment contre l’apartheid. Il tient à préciser qu’il est juif et qu’il soutient le mouvement contre la guerre à Gaza.
D'après lui, l’histoire montre que ce genre de mobilisation paye, même si "les manifestants étudiants ne sont presque jamais populaires". Ils ne l'étaient pas "pendant le Vietnam" et la mobilisation contre la guerre, "et je suis sûr qu’ils n'étaient pas populaires non plus en France en 1968", ni pendant " la lutte contre l’apartheid", énumère-t-il encore. "Mais à chaque fois, en tout cas aux États-Unis, les étudiants ont montré au pays la voie à prendre", assure Jonathan Simon, que ce soit "contre le Vietnam ou contre l'apartheid".
"Nous assistons au début d'un véritable retournement contre le système d'apartheid en Israël."
Jonathan Simon, professeur de droit à Berkeleyà franceinfo
C’est aussi l’avis de Barry Thorton, la soixantaine. Il travaille dans une librairie et est venu soutenir le mouvement, keffieh rouge sur les épaules. "J'ai entendu des étudiants dire que c'était leur Vietnam, je pense que c'est aussi profond que ça", assure-t-il, même si ce "n'est pas aussi important" puisque le mouvement vient tout juste de commencer. "Mais quand les étudiants de Columbia, Stanford, Harvard font ce genre d'actions, c'est le signe qu’il y a une crise profonde dans la société", maintient le libraire.
Des conséquences sur l'élection présidentielle
Pour l’instant, Barry Thorton ne se sait pas pour qui il votera en novembre à la présidentielle, entre les candidats qu’il appelle "Trump le fasciste" et "Biden le génocidaire". En effet, l’élection du prochain président américain se joue peut-être aussi en ce moment sur les campus, alors qu'elle a lieu dans six mois. Selon certains sondages, l’électorat jeune se détourne en partie du président démocrate à cause de sa politique vis-à-vis d’Israël.
Ce qui est sûr, d’après le professeur Jonathan Simon, c’est qu’il y aura sûrement beaucoup de manifestants en août à Chicago pendant la convention démocrate, qui va officiellement désigner Joe Biden comme candidat. C’est là qu’avait eu lieu aussi la convention de 1968, pendant la guerre du Vietnam, avec des manifestations violemment réprimées par la police.
"J’espère que cela rappellera aux gens que Richard Nixon a été élu, en grande partie, parce que de nombreux démocrates anti-guerre étaient tellement en colère contre le parti démocrate, pour la brutalité de ce qui s'est passé lors de la convention, qu'ils ne sont pas allés voter ensuite", alerte-t-il, prenant l'exemple de ses parents. "Ils l’ont regretté toute leur vie", assure-t-il.
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SUR LES CAMPEMENTS DE RÉSISTANCE, PAS D'ANTISÉMITISME!
UN CAS CONCRET:
Royaume-Uni:
les étudiants de Cambridge
mobilisés pour Gaza
Au moins cinq universités britanniques se mobilisent en soutien à Gaza. L'université de Warwick, dans le centre de l'Angleterre, a démarré en premier avec un « campement de solidarité pour Gaza » le 26 avril 2024. Les tentes ont ensuite essaimé aux abords des universités de Newcastle, Édimbourg, Manchester, Oxford ou encore Cambridge. Émeline Vin a visité le campement devant l’une des facultés de Cambridge
Publié le : 10/05/2024 - 04:47 Modifié le : 10/05/2024 - 13:29
Des étudiants protestent contre la guerre à Gaza, dans un campement situé sur le terrain de l'université de Cambridge, en Angleterre, le 7 mai 2024. © Joe Giddens / AP
Plusieurs dizaines de tentes recouvrent la pelouse devant les flèches victoriennes du King’s College, rapporte notre envoyée spéciale à Cambridge, Émeline Vin. Les étudiants réclament la déclaration des liens financiers entre les différentes facultés et le secteur de l’armement ou des entreprises israéliennes.
Joseph, keffieh noir sur la tête, liste les demandes des étudiants, qui déboursent plusieurs milliers d’euros annuels en frais d’inscription. « Il faut que les habitants et les étudiants sachent où leur argent est investi. Nous souhaitons l’arrêt des interactions financières problématiques. Finalement, c’est notre argent qui est utilisé », lance-t-il.
Des étudiants mobilisés jusqu'à ce que l'université cède à leurs demandes
« Nous avons commencé à camper le même jour qu’Oxford, explique Esther, une étudiante en master aux boucles d’oreilles en forme de pastèque, symbole du soutien à Gaza. Ce sont des anciens de Cambridge et d’Oxford qui ont rédigé la déclaration de Balfour en 1917, qui a cédé une partie des terres palestiniennes pour le projet sioniste. Nous nous sentons historiquement complices dans la "colonisation" de la Palestine. »
Les cours ne sont pas perturbés par la mobilisation, poursuit Esther. « Mes cours sont finis pour cette année, mais les étudiants de licence ont des examens la semaine prochaine. Vous voyez, tout au bout, il y a un barnum calme, où les gens peuvent réviser. Cette nuit, certains ont étudié jusque très tard dans leur tente ! » Les étudiants mobilisés assurent qu’ils camperont jusqu’à ce que l’université cède à leurs demandes.
«Il y a cette idée que le mouvement pro-palestinien est antisémite»
Ces mouvements sont également accusés d’antisémitisme par une partie de la communauté juive. Esther, avec son kippah fleurie sur la tête, estime que « le discours général exclut souvent les Juifs qui soutiennent la Palestine et rejettent le génocide. Beaucoup d’entre nous ont du mal avec l’idée qu’un génocide est perpétré en notre nom ».
La jeune femme, en master d’anthropologie, se mobilise pour demander la fin de l’amalgame, dans le débat public, entre antisionisme et antisémitisme. « Il y a cette idée que le mouvement pro-palestinien est antisémite. Ce n’est pas mon expérience, ni celles de la vingtaine d’autres Juifs présents ici. En tant que juifs, nous avons été accueillis sur le camp avec amour. On a organisé des prières ; le Shacharit du matin, le Ma’ariv le soir. »
« Nouvel Appel inter-universités de solidarité avec les étudiants victimes de la répression au service du génocide sioniste en PalestinePalestine partout, Résistance partout! Même au marché de Blois ce dimanche matin... »
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