• Agression terroriste contre la Syrie: à qui profite le crime?

     

    Tout a-t-il commencé par une "visite secrète" du chef des services des renseignements israéliens en Turquie???

    Quel qu'en soit le prétexte officiellement invoqué, il est clair qu'une agression de cette ampleur ne s'improvise pas en quelques heures, et il est donc évident que l'affaire était planifiée depuis longtemps, dans l'attente d'une "opportunité" pour affaiblir la Syrie, sinon la dépecer encore davantage qu'elle ne l'est déjà, même si elle avait réussi, ces dernières années, à reprendre le contrôle des deux tiers de son territoire internationalement reconnu.

    La "synchronisation" des événements, ces dernières semaines, avec le "tournant" de la guerre au Liban, basé sur un accord de dupes aussitôt bafoué par Israël, n'est donc évidemment pas du tout un "hasard": même si la Résistance des libanais a été héroïque et a contraint Israël a un "compromis" qui lui permet de se concentrer sur d'autres objectifs, et notamment, tenter de réduire la puissance iranienne, il ne faut pas oublier que la guerre actuelle au Liban a commencé en solidarité avec la lutte à Gaza, qui continue à résister, malgré tout.

    Il est donc clair que la Syrie est aussi un enjeu considérable, en termes d'influence politique et géostratégique, entre le monde occidental complètement dominé par les USA et l'Axe de la Résistance des peuples en général, en y incluant l'influence essentielle de la Russie, qui avait réussi, jusqu'ici, à garantir à la Syrie un relatif retour à son intégrité, même si encore insuffisamment, on le voit donc bien, aujourd'hui.

    Pion stratégique de l'Occident et d'abord et avant tout de l'impérialisme US au Proche et au Moyen-Orient, et cela depuis sa fondation, Israël n'a donc pour autant pas atteint ses objectifs annoncés, et/ou "sous-entendus", depuis le 7 Octobre 2023. Néanmoins, ce que montre la situation actuelle, c'est précisément que les forces engagées par la Résistance dans les combats récents, fussent-ils héroïques, n'en sont pas moins affaiblies dans leurs capacités d'intervenir sur de nouveaux front, dont celui qui se rouvre et semble-t-il, à grande échelle, en Syrie.

    Affaiblir à nouveau la Syrie, voire la dépecer complètement, c'est clairement non seulement redessiner complètement la carte du Moyen-Orient, mais tout simplement y changer à nouveau le rapport de forces géostratégique en faveur de l'Occident, et rendre à Israël le rôle militaire "dominant" qu'il n'a plus été capable d'imposer depuis plus d'un an, maintenant. Le nouveau conflit en Syrie vient à point nommé sauver à la fois l'influence de l'Occident et l'"avenir" de son pion sioniste.

    Mais le fait est donc bien que l'"instrument" de cette "redistribution des cartes" n'est pas à l'initiative d'Israël, mais de la Turquie, même si elle avait tendance, ces derniers temps, à dissimuler son jeu derrière le voile trop bruyamment agité d'un drapeau palestinien.

    Ne sont donc plus dupes, désormais, du "jeu turc", que ceux qui veulent bien l'être... Même s'il se trouve encore des "journalistes" appointés par ce qui reste de la "diplomatie française" en déroute, il en est heureusement quelques autres pour mettre assez carrément les pieds dans le plat de "lentilles turques", y compris au "Parisien", qui n'hésite pas à titrer:

    "Anciens d’Al-Qaïda, aidé par la Turquie… qui est le groupe djihadiste HTS, à la tête de la prise d’Alep ?"

    L'article cite notamment la chercheuse Amélie Chelly, attachée au Cadis (EHESS-CNRS), par ailleurs auteure de l'ouvrage publié en février dernier Le Coran de sang : Le blasphème de Saddam (Cerf): pour elle, « HTS est un satellite turc »!

     

    Agression terroriste contre la Syrie: à qui profite le crime?

     

     

    Derrière le masque d'un soutien en apparence "inconditionnel et sans faille" à la Résistance Palestinienne la Turquie d'Erdogan joue donc un jeu "compliqué" tel qu'il apparaît encore aux yeux de ceux qui ne veulent pas voir l'évidence, mais en réalité elle ne joue jamais que le jeu de ses propres intérêts en symbiose avec l'OTAN dont elle reste membre, même si en tentant précisément d'y élargir sa place: alors que le pion sioniste semble malgré tout avoir atteint les limites de son propre jeu, voilà donc la Turquie en "roue de secours" de l'Occident, et le "timing" étrange des événements récents montre que le relais lui est quasi-officiellement passé.

    Soulignant l'"étrangeté" de cette chronologie des événement récents, différents relais français ont en fait "repris" sans forcément citer leur source, ni même, selon leur habitude, la rechercher vraiment, ce qui était au départ un message X de l'"Iran Observer", relais de la cause iranienne:

    Agression terroriste contre la Syrie: à qui profite le crime?

    https://x.com/IranObserver0/status/1863263023722291269

     

    Agression terroriste contre la Syrie: à qui profite le crime?

    https://x.com/bobanDriclek02/status/1863291117141217742

     

    Il n'y a donc rien de "mystérieux" dans ces "coincidences", et encore moins de "secret", vu que cela figurait, dès le 19 novembre, dans la presse israélienne: 

      

    Tous
     
     visite secrète en Turquie du chef des services de renseignements israéliens
    https://www.google.fr/search?q=visite+secr%C3%A8te+en+Turquie+du+chef+des+services+de+renseignements+isra%C3%A9liens&sca_esv=ffa11d673dff9c7c&source=hp&ei=Y7ZNZ7qoEsyrkdUPzLWL-AQ&iflsig=AL9hbdgAAAAAZ03Ec29KnbjCecZt_QuQp3HIs33Vcm0L&ved=0ahUKEwj65ZLimImKAxXMVaQEHczaAk8Q4dUDCBU&oq=visite+secr%C3%A8te+en+Turquie+du+chef+des+services+de+renseignements+isra%C3%A9liens&gs_lp=Egdnd3Mtd2l6Ik12aXNpdGUgc2VjcsOodGUgZW4gVHVycXVpZSBkdSBjaGVmIGRlcyBzZXJ2aWNlcyBkZSByZW5zZWlnbmVtZW50cyBpc3Jhw6lsaWVuc0isHFAAWABwAHgAkAEAmAGlA6ABpQOqAQM0LTG4AQzIAQD4AQL4AQGYAgCgAgCYAwCSBwCgB4EB&sclient=gws-wiz
     
     
     
     

     

     

     Ce qu'il y a néanmoins d'encore "secret", évidemment, c'est la teneur exacte des "pourparlers" israélo-turcs. Officiellement la presse ne relatait, tout aussi évidemment, aucune allusion au coup sur le point d'être frappé contre la Syrie, mais l'"Iran Observer" est donc pertinent sur le fait de souligner l'enchaînement des événements. 

    De son côté, la chercheuse Amélie Chelly, citée par "le Parisien", a donné une intéressante interview à "Marianne", et qui vaut donc d'être republiée à la suite, ainsi qu'un article d'"Atlantico" portant également sur le rôle de la Turquie.

    Luniterre    

     

     

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    Prise d'Alep par les djihadistes :

    "Il y a clairement un blanc-seing turc

    dans cette opération"

     

     

    Par Marion Rivet Publié le 02/12/2024 à 11:00

     

          Ces derniers jours, des jihadistes ont pris le contrôle de la métropole d'Alep, dans le nord de la Syrie, à la suite d'une offensive d’ampleur contre le régime de Bachar al-Asssad. Chercheuse spécialiste du Moyen-Orient contemporain, Amélie M. Chelly, revient pour « Marianne » sur les ressorts de la prise de la deuxième ville d'un pays en guerre civile depuis 2011.

     

     

    À la faveur d'une offensive fulgurante, les rebelles islamistes en Syrie ont infligé un coup dur au régime de Bachar al-Assad qui a perdu ce dimanche 30 novembre le contrôle d'Alep, la deuxième ville du pays, pour la première fois depuis le début de la guerre civile enclenchée en 2011. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 370 personnes au total ont été tuées depuis le début de cette attaque, qui a coïncidé avec l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah libanais.

    Mais qui sont les forces « rebelles » dominées par les djihadistes que l'on retrouve derrière cette attaque ? La spécialiste de l'Iran et de l'Islam politique Amélie M. Chelly revient pour Marianne sur les forces en présence dans la région. La chercheuse attachée au Cadis (EHESS-CNRS), par ailleurs auteure de l'ouvrage publié en février dernier Le Coran de sang : Le blasphème de Saddam (Cerf), interroge aussi le rôle de la Turquie d'Erdogan dans cette manœuvre de déstabilisation du régime syrien.

     

    Marianne : Qui sont les djihadistes derrière la prise d'Alep ? Quels territoires contrôlaient-ils déjà et quelle est leur influence dans la région ?

     

     

    Amélie M. Chelly : Lors de la guerre civile, il y avait quatre belligérants : l'armée de Bachar-al-Assad, les Kurdes du YPG, Daech et puis une nébuleuse qu'on appelait régulièrement les rebelles, comptant à la fois des sécularisés et des djihadistes. Les derniers de tous les djihadistes à être vraiment restés jusqu'au bout – même lorsque Daech s’est retrouvé en déshérence –, ce sont ceux de Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Ils ont notamment inspiré l’admiration d’Abdoullakh Anzorov l’assassin de Samuel Paty.

    HTS est resté dans la région d'Idlib et contrôlait environ 9 000 km² jusqu’en 2020. Cette année-là, les Iraniens et les Russes ont voulu faire disparaître la présence de HTS dans cette région. Sauf que HTS devenait un levier satellite turc. Les Turcs se sont donc interposés en mettant 10 000 hommes pour que les Russes et les Iraniens ne puissent pas attaquer – sinon c’était la guerre internationale ! En mars 2020, il y a eu un accord entre la Russie, la Turquie et HTS pour réduire la zone de contrôle de HTS. Elle est passée de 9 000 à 3 000 km². Mais en revanche, il y avait une stabilisation des frontières et on ne les embêtait plus.

     

     

    Ce territoire à Idlib est gouverné par Abou Mohammed al-Joulani, le chef de HTS. Cette organisation est une émanation d'Al Qaïda – même si aucune allégeance n’a été prêtée depuis 2016. Elle a pris son indépendance mais a une idéologie comparable à Al Qaïda ou Daech. Mais contrairement à Daech, on accepte d'être dans un modèle de gouvernance qui n'est pas traditionnel. Ce n’est pas dans un califat : ils ont appelé les 3 000 km² qu’ils gouvernent un « Émirat islamique ».

    Récemment, on a eu l'invasion d’Alep, prise à deux tiers par des djihadistes – le dernier tiers est gouverné par les Kurdes du YPG. Des djihadistes sont arrivés d’Idlib mais aussi du nord et de l'est. Parmi eux, il y a des mélanges groupusculaires avec des anciens de Daech. Et le nord et l'est, c'est la Turquie… Il y a donc clairement au moins un blanc-seing turc dans cette opération.

     

    Pourquoi lancer une telle offensive à ce moment-là ?

     

    On peut partir du principe que c'est lié au fait que Recep Tayyip Erdoğan essaie depuis des mois d'entrer en communication avec Damas. Notamment par rapport à la gestion des migrants syriens, qui devient de plus en plus compliquée. Mais les sollicitations sont laissées lettres mortes. Donc on peut imaginer qu'il y a une volonté de créer un moyen de négociation… La rapidité de la chute d'Alep est aussi liée au fait que l'administration d’al-Assad comptait, comme auparavant pendant le conflit civil, sur le Hezbollah, l'Iran et la Russie. Or là, ils sont tous les trois plutôt occupés sur d'autres fronts…

     

     

    La Russie est un peu plus libre. C'est la raison pour laquelle on envisage que Bachar al-Assad puisse demander à Vladimir Poutine d'intervenir, soit de façon létale, soit par une intervention. Mais j'imagine mal qu'elle puisse être concluante étant donné que dans le cadre du conflit entre l'Ukraine et la Russie, la Turquie est pro-Ukraine puisqu'elle appartient à l'OTAN. En tout cas, il faut garder à l'esprit que HTS est un levier-satellite turc qui devient un point d'achoppement avec l'Iran. C'est-à-dire que les relations entre la Turquie et l'Iran ne sont pas mauvaises en règle générale, mais elles ont tendance à se détériorer autour de cette question.

     

    En quoi la rapidité de la chute d’Alep est-elle le signe d'un régime de Bachar al-Assad affaibli ?

     

    D'abord parce que le régime de Bachar al-Assad tient exclusivement avec le soutien du Hezbollah, de l'Iran et de la Russie. On a expliqué que tout le monde ne pouvait pas être là. Et deuxièmement, parce que quand on regarde les attaques qui ont eu lieu à Alep, il y a une aide de très haute technologie. Vous avez l'utilisation de drones et d'instruments qui nécessitent une préparation de très longue date… avec une aide certainement étatique derrière. Même si ce n'est pas officiel, la chose la plus logique à imaginer c'est qu'une aide turque se situe derrière.

    La Maison Blanche a mis la prise de contrôle d'Alep par des groupes rebelles dominés par les islamistes sur le compte de « la dépendance » du régime de Bachar al-Assad à la Russie et à l'Iran…

    Cela sert aussi les intérêts occidentaux dans leur anti-iranisme que de dire cela. C'est-à-dire qu'on est en train de finalement rejouer des bras de fer entre les pays occidentaux et l'Iran… sur le territoire syrien. En plus des intérêts turcs difficiles à cerner… Même pendant le conflit contre Daech, la Turquie n'a jamais vraiment su se situer parce qu'elle est entre les mains des Frères musulmans de l’AKP. Ces derniers sont anti-israéliens, mais en même temps ils ne peuvent pas se permettre de l'être trop frontalement puisqu’ils appartiennent à l’OTAN et qu’ils ont régularisé leur relation avec le pays avant l’accession au pouvoir de l’AKP. C’est très compliqué… La Turquie, c'est un nœud de paradoxes !

     

     

    Et même les États-Unis ont des relations avec l'enclave d'Idlib. On pense qu'ils communiquent certainement avec HTS. Beaucoup de spécialistes pensent que quand al-Baghdadi a été tué par un commando américain le 27 octobre 2019 – et que c'était dans la zone d'Idlib où justement HTS se trouve –, c'était peut-être une sorte de cadeau de HTS aux Occidentaux. Évidemment, ça n'est pas avéré mais je pense que ce n'est pas complètement stupide comme hypothèse.

     

    Avec la reprise de ces hostilités, quelles conséquences peut-on attendre dans la région ?

     

    Je ne suis pas quelqu’un de catastrophiste mais ce qui est en train de se passer est très grave. Ce qui me permet de penser que la ville d'Alep est durablement perdue, au-delà du fait que les djihadistes aient mis la main sur les trois quarts de la ville, c'est que l'aéroport d'Alep est contrôlé par les Kurdes. L'armée a tout simplement laissé le contrôle de l'aéroport au dernier quart qui contrôle la ville, ce qui en fait un point d'entrée qui pourrait être à l'origine d'un réinvestissement de conflit pour servir des intérêts étrangers à la Syrie.

     

    On risque de se réinstaller dans quelque chose de durable… même si on ne peut présager de rien. En géopolitique, la boule de cristal n'a jamais vraiment fonctionné sur le court terme ! Mais je pense qu'on peut éventuellement tendre vers un investissement de tous les intérêts étrangers sur le territoire syrien qui pourrait être durable d'une part et meurtrier d'autre part.

     

     

    https://www.marianne.net/monde/prise-d-alep-par-les-djihadistes-il-y-a-clairement-un-blanc-seing-turc-dans-cette-operation

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    Offensive rebelle et prise d'Alep

    Syrie : cette discrète offensive turque qui se cache derrière la prise d'Alep par les rebelles

     

     

     

    Offensive rebelle et prise d'Alep

    Syrie : cette discrète offensive turque qui se cache derrière la prise d'Alep par les rebelles [terroristes islamistes - NDLR]

     

     

    Le 27 novembre 2024, les rebelles du HTS emmené par Abou Mohammed al-Joulani , ont lancé une opération militaire stratégique vers d'Alep marquant l'escalade la plus importante dans la région depuis 2020. 

    Le 27 novembre 2024, jour du cessez-le-feu dans le conflit qui oppose Israël au Hezbollah libanais au Liban, les rebelles du HTS (Hayat Tahrir al-Cham - Organisation de libération du Levant) emmené par Abou Mohammed al-Joulani (nom de guerre d'Ahmed Hussein al-Chara), appuyés par d’autres factions islamistes syriennes - et étrangères mais présentes en Syrie depuis de longues années - ont lancé une opération militaire stratégique vers d'Alep marquant l'escalade la plus importante dans la région depuis 2020. 

    L'offensive, qui s’intensifie visait à l’origine à rétablir le contrôle des régions clés de la « zone de désescalade » d'Idlib, établie suite à un accord conclu en 2019 entre la Turquie, la Russie et l'Iran. Pour mémoire, les forces légalistes syriennes avait repris le contrôle d’une grande partie du pays (sauf l’est de l’Euphrate, la région d’al-Tanf au sud-est du pays et la région d’Idlib). Les rebelles avaient accepté d’évacuer leurs positions pour rejoindre la région d’Idlib. 

    Le succès étant au rendez-vous, d’autres formations rebelles sont entrées dans la danse dont l’Armée nationale syrienne (ANS) et des milices turkmènes.

    Les forces gouvernementales se sont aussi retirées de plusieurs villes de la province de Hama (Khan Sheikhoun et Morek) située au sud d’Alep.

    Elles sont visiblement en mauvaise posture, la question est : jusqu’où les rebelles pourront-ils aller ?

    Pourquoi maintenant ?

    Selon un analyste turc proche de l’OTAN: « l'opération était prévue depuis plus de six semaines mais a été retardée pour éviter tout amalgame avec l'État hébreu au milieu de ses actions militaires à Gaza et au Liban ». Le cessez-le-feu survenu dans le sud du Liban le 27 novembre a ouvert une fenêtre stratégique pour les factions rebelles syriennes.

     

    Le chef du « Conseil général de la Choura », l’autoproclamé gouvernement syrien du salut (SSG) qui gère la région Idlib, Mohammad al-Bachir, a justifié l'offensive en accusant le régime d'avoir « commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l'exode de dizaines de milliers de civils ». Il est vrai que depuis quelques temps, la région était soumise à des tirs d’artillerie et à quelques raids d’aviation.

    La position de la Turquie

    L'opération a pris de l'ampleur après que la Turquie soit passée d’une opposition apparente à une approbation tacite voire à un soutien en sous-main comme cela se passe depuis des années dans la province d’Idlib. 

    Ce changement d’attitude a vraisemblablement été influencé par l'échec des négociations des pourparlers de normalisation de la situation entre Ankara et Damas, ainsi que par la frustration croissante face à la réticence de la Russie à respecter les accords de 2019 concernant l'activité du gouvernement syrien.

    Ankara a fini par reconnaître la « légitimité » de cette opération tout en n’intervenant pas - directement -. Des sources de défense turques ont souligné que cette offensive respectait les frontières esquissées dans l'accord de 2019 ciblant surtout les zones saisies par les forces pro-Assad ces dernières années.  Il est symptomatique de constater que nombre des villages libérés étaient vides d’habitants.

    L'opération n'aurait pas entraîné de nouveaux déploiements militaires turcs; les forces existantes dans le nord de la Syrie restant officiellement axées sur la stabilité et la surveillance. Mais des Turkmènes syriens « très proches » des services secrets turcs (MIT) seraient bien engagés dans l’offensive.

    La Turquie est intéressée par un élargissement de la zone tenue par les rebelles qui permettrait d’y transférer jusqu'à 200.000 réfugiés, ce qui allègerait d’autant la pression pesant sur ses frontières sud-est.

     

    Il convient aussi de se rappeler que le problème premier d’Ankara reste le PYD, les Kurdes du Rojava, le Kurdistan syrien situé à l’est de l’Euphrate sous la protection de Washington. Ces derniers sont très inquiets de l’évolution de la situation d’autant qu’ils n’entretenaient pas de mauvaises relations avec Damas - sauf rares incidents à  Qamichli à la frontière turco-syrienne où subsiste une garnison gouvernementale-.

    Par précaution, ce sont des forces du PYD qui se sont emparées de l’aéroport d’Alep.

    Les opérations

    L'objectif premier de l'opération des rebelles a été de couper l'autoroute M5, une artère vitale reliant Damas à Alep qui sert de voie logistique au régime d'Assad.

    Le deuxième est de récupérer les territoires perdus lors des offensives gouvernementales précédentes.

    L'opération a connu un succès fulgurant, des dizaines de villages tombant les uns après les autres et le rebelles finissant par entrer dans la ville d’Alep sans rencontrer de résistance de la part des forces gouvernementales ou alliées.

    Ils ont même repris la fameuse citadelle d’Alep si symbolique. Les premiers combattants rebelles qui y ont été filmés sont des Turkmènes syriens…

     

    Par contre, comme évoqué précédemment, l’aéroport est tombé aux mains des Kurdes des YPG, le bras armé du PYD (Rojava), les clefs leur ayant été vraisemblablement cédées volontairement par les forces loyalistes qui se repliaient. Pour précision, une partie de la population d’Alep est kurde.

    ll semble que l’offensive était initialement prévue comme un engagement limité cependant, le recul rapide - pour ne pas dire la débâche - des forces du régime d'Assad et des milices liées à l’Iran a permis aux rebelles de réaliser des gains allant bien au-delà des attentes initiales. 

    Les rebelles ont aussi pris le contrôle de la ville stratégique de Saraqib, au sud d'Alep, à l'intersection de deux autoroutes M4 et M5  reliant Damas à Alep et à Lattaquié.

    Ces combats auraient fait plus de 300 morts (mais ces chiffres sont temporaires) selon un bilan donné le 30 novembre par l'OSDH.

    Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), les violences ont déplacé « plus de 14.000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants ». 

    L’Armée nationale syrienne (ANS) qui a succédé en 2017 à l’Armée syrienne libre (ASL) qui avait été formée avec l’assistance de Washington, semble être partie prenante dans cette opération. Elle aurait particulièrement lancé une incursion vers la ville de Tadef au nord-est d’Alep.

    Si la résistance au sol est nulle, les aviations russe et syriennes ont effectué des bombardements des zones d’avancées des rebelles dont le centre de la ville d’Alep ;

     

    Implications étrangères ?

    Il convient de rester extrêmement prudent sur des éventuelles implications étrangères. Mais force est de constater que le coup est dur pour le régime syrien, pour le Hezbollah, pour les milices proches de l’Iran - donc indirectement pour Téhéran - et enfin pour la Russie.

    Bachar el-Assad était en voie de réhabilitation au sein de monde arabe après une mise à l’index depuis le déclenchement de la guerre civile en 2011. S’il ne parvient pas à maîtriser la situation sécuritaire, il sera de nouveau rejeté ne présentant plus d’intérêt pour ses pairs. 

    Le Hezbollah a présenté le cessez-le-feu avec Israël au Sud-Liban comme une « victoire ». En réalité, l’organisation chiite libanaise a été décapitée, tous ses principaux dirigeants ayant été éliminés. Le corps expéditionnaire dépêché en Syrie pour soutenir de régime de Bachar el-Assad a aussi subi des coups très durs, les Israéliens ayant procédé à des bombardements - et même à des raids terrestres - contre des objectifs ponctuels du mouvement. Le 30 novembre, ils ont même procédé à de nouveaux bombardements de positions du Hezbollah le long de la frontière syro-libanaise…

    Les nombreuses milices internationales (irakiennes, afghanes, pakistanaises) pilotées par la force Al-Qods des pasdarans iraniens semblent impuissantes pour l’instant. C’est un revers direct pour Téhéran.

    L’Iran était jusque là en position « offensive » via le « croissant chiite » (Iran-Irak-Syrie-Liban-Yémen). Téhéran se retrouve aujourd’hui acculé avec des risques d’instabilité intérieure importants.

    Enfin et peut-être surtout, cela ouvre un front supplémentaire pour l’aviation russe qui doit détourner des personnels, des matériels et des munitions de la guerre qui fait rage en Ukraine.

     

    Alors qu’il y avait une trentaine d’aéronefs basé en Syrie en 2022, il n’y en resterait aujourd’hui qu’une petite dizaine…

    Israël et, encore plus les États-Unis, ne peuvent qu’être satisfaits de ce qui se passe en Syrie. Maintenant, leur rôle direct ou indirect dans cette affaire reste inconnu.

    Pour mémoire, les États-Unis avaient déjà utilisé des islamistes radicaux contre les forces soviétiques lors de l’invasion de l’Afghanistan en 1979 et le HTS est un des principaux héritiers d’Al-Qaida né en Afghanistan (même si le HTS qui s’appelait alors le Front al-Nosra avait « officiellement » rompu avec la maison mère en 2016…). Un argument souvent avancé par les think tanks américains est que le HTS a lutté avec efficacité contre l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL). 

    La situation évolue d’heure en heure et pourrait apporter de nouvelles surprises, particulièrement dans le sud du pays ou une insurrection pourrait reprendre…

    Les forces gouvernementales qui se sont repliées vont vraisemblablement se regrouper avec les milices alliées et se réorganiser pour interdire l’accès de Damas. Le Hezbollah a appelé la Russie à plus de « coordination ».

    Après deux jours de silence, le président Assad a laissé publier le communiqué suivant : « La Syrie continue de défendre sa stabilité et son intégrité territoriale face à tous les terroristes et leurs soutiens, et elle est capable, avec l'aide de ses alliés et amis, de les vaincre et de les éliminer, quelle que soit l'intensité de leurs attaques ». Mais sa situation personnelle n’est pas encore connue. Toutes les options sont sur la table.

     

     

    https://atlantico.fr/article/decryptage/syrie-cette-discrete-offensive-turque-qui-se-cache-derriere-la-prise-d-alep-par-les-rebelles-Alain-Rodier 

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    En complément, voir aussi "les conflits en cartes":

    [NDLR: ce chroniqueur, généralement pourtant bien informé, cite ici le rôle de la Turquie, mais uniquement pour la branche armée en lutte sur les territoires précédemment contrôlés par les FDS.

    Il manifeste un doute sur le statut d'Hama, alors qu'il apparait clairement que cette ville est actuellement restée sous le contrôle syrien.]

     

     

     

     

     En complément, encore, cet autre chroniqueur, également cité par "le Parisien":

     

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    Source de l'article et de la compilation:

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/agression-terroriste-contre-la-syrie-a-qui-profite-le-crime-a216489811

     

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