À l'approche des deux ans du conflit Ukraine-Russie , une « coalition artillerie » a été officialisée à Paris par le ministre des Armées Sébastien Lecornu ; coalition à laquelle participent 23 pays pour fournir à Kiev les mortiers, canons, lance-roquettes et munitions lourdes nécessaires. Le ministre de la Défense ukrainien, Roustem Oumerov, qui devait participer jeudi à ce lancement, a toutefois annulé sa venue en France pour « raisons de sécurité ». Actuellement, l'Ukraine est aidée par une soixantaine de pays, réunis dans le groupe de contact Ramstein qui coordonne les livraisons d'armement bilatérales ou multilatérales à Kiev.

Pour organiser le soutien dans la durée et accélérer le passage d'un armement soviétique à un armement compatible avec l'Otan, les Etats se sont mis d'accord pour créer des groupes « capacitaires » selon les types d'armes. C'est ainsi que la France a pris la codirection avec les Etats-Unis du groupe « artillerie ». Elle participe par ailleurs à la « coalition sur la défense aérienne », à piloter avec l'Allemagne.

Un canon apprécié en Ukraine

Alors que le conflit s'installe dans une guerre d'usure, le renforcement et la coordination de l'aide militaire deviennent un sujet clé. Très satisfaits du canon automoteur Caesar assemblé par Nexter, filiale française du groupe franco-allemand KNDS, les Ukrainiens réclament de nouvelles livraisons. Les forces ukrainiennes opèrent actuellement 49 canons, dont 30 ont été livrés par la France et 19 par le Danemark. Kiev a en outre acheté sur fonds propres un nouveau lot de six appareils qui sont prêts à être livrés.

Sébastien Lecornu a rappelé que, sous la pression du gouvernement, Nexter a réduit de moitié la durée de fabrication du canon et peut désormais produire six canons par mois, contre à peine deux par mois en 2022.

La production des nouveaux Caesar - soit au minimum 72 nouveaux canons en 2024 - doit aller en priorité à l'Ukraine, a ajouté le ministre. Reste à trouver les mécanismes de financement pour les diriger vers Kiev.

Une enveloppe de 300 millions

Sébastien Lecornu a déclaré pouvoir débloquer 50 millions d'euros sur le fonds de soutien à l'Ukraine pour en financer douze de plus. Et la coalition doit discuter de l'achat des 60 autres, soit une facture de l'ordre de 250 millions d'euros « ll n'y a pas d'alternative à une artillerie moderne, nous devons continuer nos efforts et augmenter notre production de munitions », a déclaré en visioconférence le ministre de la Défense ukrainien Roustem Oumerov.

Le problème est en particulier de fournir des munitions suffisantes et de rapprocher géographiquement Nexter de Kiev pour assurer l'entretien des canons, voire la fabrication des munitions. Dans l'immédiat, Sébastien Lecornu s'est félicité de la montée en puissance de la fabrication des obus de 155 mm, dont 3.000 exemplaires sortiront chaque mois de l'usine de Nexter à La-Chapelle-Saint-Ursin, contre 2.000 par mois en 2023 et 1.000 par mois en 2022. Une montée en puissance très insuffisante au regard des besoins, mais la poudre souffre d'une pénurie mondiale, et l'usine Eurenco de Bergerac, qui doit redémarrer en France la production de poudre, vient tout juste de poser les premières pierres en vue d'une production en 2025.