A propos d’une intéressante vidéo remettant en cause le bilan officiel des victimes à Gaza et des utiles commentaires du camarade Do à ce sujet :
http://mai68.org/spip2/spip.php?article17200
Bonjour, camarade !
La source citée dans la vidéo ne dit pas « 22 000 bombes », mais « 22 000 cibles », ce qui n’est sans doute pas très différent, sur le terrain, mais la précision est nécessaire, apparemment, pour le moteur de recherche. La source directe est un site turc, dans un très bon article concernant la problématique de l’utilisation de l’IA dans cette guerre et en général :
https://fr.al-ain.com/article/israel-intelligence-artificielle
Le chiffre de « 22 000 cibles » est effectivement sourcé sur le Times of Israël :
Un article d’agit-prop et d’intox plus que d’info, qui date du 10 décembre, tandis que l’article turc est du 15.
En nombre de bombes stricto sensu on n’a guère que l’évaluation de « Handicap International », qui continue de plaider courageusement pour un cessez-le-feu, et dont l’évaluation porte sur la période jusqu’au 30 novembre.
Soit 12 000 bombes de 150kg à 1 tonne, larguées sur une région de 365 km2 et très densément peuplée.
Appel et chiffres repris en Suisse, le 12 décembre, par Le Temps :
Auparavant, le 3 décembre, Le Temps avait republié l’essentiel d’un communiqué israélien faisant état de « 10 000 frappes ».
https://www.letemps.ch/monde/les-bombardements-ont-repris-sur-la-bande-de-gaza
Compte déjà cité par une agence iranienne, au 31 octobre, d’après une déclaration de Yoav Gallant, sous la forme : « 10 000 bombes et missiles ».
A souligner que si l’on fait le rapprochement avec le chiffre des « 22 000 frappes » du Times of Israël, du 10 décembre, cela indique donc à priori une intensification quasi exponentielle des bombardements sur les 10 premiers jours de décembre !
Mais pour évaluer avec encore plus de précision la férocité de cette guerre, il est en outre nécessaire de tenter de savoir de quoi on parle, en termes de bombes et d’explosifs.
Lorsque Handicap International parle de bombes de 150kg à 1 tonne, il semble qu’il parle essentiellement en poids total des bombes, et non pas spécialement en poids d’explosif.
La seule évaluation trouvée en poids d’explosifs est celle du gouvernement Hamas, quand il pouvait encore communiquer :
Soit 12 000 tonnes d’explosifs, donc, en date du 24 octobre.
Cette évaluation a une crédibilité, malgré sa discordance apparente avec les autres chiffres, si on se réfère précisément aux premiers chiffres cités par Israël avant même le début de son « offensive terrestre », donc alors précédée de bombardements intenses :
« Un total de 6 000 bombes sont larguées par Israël pendant les six premiers jours de guerre, plus que celles utilisées par les États-Unis en un an en Afghanistan et le double de celle employées par la coalition contre l’État islamique sur un mois. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_Isra%C3%ABl-Hamas_de_2023
6 000 bombes pour un total de 4 000 tonnes d’explosifs, selon Israël :
Soit en moyenne 4 000 000 KG/6 000 BOMBES = 666,6 KG d’explosif par bombe !
L’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme, basé à Genève, affirme qu’Israël a largué 25 000 tonnes de bombes sur Gaza, l’équivalent de deux bombes nucléaires. (Au 20/12/2023)
La encore, donc, il s’agit d’une évaluation en poids de bombes, et non pas d’explosif. Or une recherche sur ce thème, rapport poids de la bombe/poids de la charge, n’est pas facile, wikipédia étant entre faible et nul sur ce sujet, il faut donc, comme souvent, aller nettement plus loin dans la recherche technique et historique militaire.
De cette recherche il découle donc qu’il peut y avoir une grande variabilité de la charge explosive en rapport du poids total de la bombe, selon le type et surtout, selon le niveau technologique.
Les bombes plus sophistiquées, genre à guidage laser, embarquent en général moins de charge explosive, remplacée en partie par l’équipement technologique. L’efficacité de la précision étant supposée plus avantageuse qu’une charge plus lourde mais imprécise. Le coût, par contre, est exponentiel, de 100 à 600 fois plus cher, selon les techniques de « guidage »:
https://cf2r.org/rta/armements-guides-imposture/
A titre de comparaison une bombe MK 84 classique, non guidée, pèse près d’une tonne et embarque 430 kg d’explosif, alors que les versions les plus modernes dérivant de la même bombe dans une version « kitée » électronique n’embarque plus que 240 kg d’explosifs. En termes de dégâts collatéraux, la différence, si elle n’est pas négligeable, reste limitée en pratique, et d’autant plus que les systèmes de guidage sont loin d’être infaillibles.
La vidéo citée nous dit qu’Israël n’utilise pas de bombes guidées. Or on sait que c’est faux et qu’ils pratiquent eux-mêmes le montage de kits de guidage sur leurs vieux stocks de MK 84, à l’instar de nombreux pays qui utilisent encore cette arme, depuis la guerre du Vietnam, où elle a fait les preuves de ses capacités destructrices en même temps qu’elle y a aussi trouvé ses limites, finalement.
http://mai68.org/spip2/IMG/mp4/MK-84_Hospital-Gaza_18oct2023.mp4
Comme on peut le voir, cette vidéo, maintenant censurée par Youtube, mais fort heureusement sauvegardée en MP4 par le camarade Do, nous montre qu’Israël maitrise parfaitement la technique du « kitage » de son vieux stock de MK 84, qui sont donc des bombes de près d’une tonne, chargées de 430 kg d’explosif, et dans le cas de ce type de « bricolage » il ne semble donc pas que la charge soit nécessairement réduite, selon Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Paveway, mais apparemment en contradiction avec cette fiche technique :
https://aviationsmilitaires.net/v3/kb/externalload/show/1547/raytheon-gbu-24b-paveway-iii
Il est donc difficile de déterminer dans quelle mesure Israël utilise des bombes guidées ou non.
Si l’on se base sur le chiffre officiel des 6 premiers jours, avec une moyenne de 666,6 kg d’explosif par bombe, on est même largement au dessus de l’utilisation des MK 84, et il faut donc en conclure qu’Israël dispose dans son arsenal de bombes encore bien plus lourdes, guidées ou non.
En ce qui concerne le cas du bombardement sur le parking de l’hôpital Al Ahli Arab, le 17 octobre, qui a fait plusieurs centaines de victimes, il faut par contre supposer que la bombe utilisée était plutôt du type MK 82, particulièrement adaptée à ce genre de situation :
« Elle peut être transformée en bombe guidée laser GBU-12, avec un kit de guidage Paveway 2 , GBU-22 avec le Paveway 3, ou GBU-49 avec un kit laser/GPS (enhanced Paveway 2). L’écart circulaire probable des Mk.82 est estimé à 30 m. Celle des GBU12 est donnée pour 9 à 10 m. Il est également possible d’ajouter une fusée d’ogive comportant un proximètre (DSU 33) et l’on obtient une Mk.82 Airburst. Elle explosera à une dizaine de mètres d’altitude et sera d’une grande efficacité contre des troupes au sol, ainsi que des véhicules faiblement blindés. Le rayon létal de l’engin est de 60 à 100 m en effet sol, et 200 à 220 m en effet « burst ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombe_Mark_82
https://aviationsmilitaires.net/v3/kb/externalload/show/1217/douglas-mk-82
L’effet correspond donc à ce que l’on a pu observer sur les photos et documentations, encore assez disponibles, à ce moment. D’où le fait, également, qu’il n’y ait pas de cratère notable au sol.
Par comparaison particulièrement révélatrice, lors du bombardement du convoi d’ambulances à Al Shifa, le 3 novembre, Israël a très officiellement revendiqué cette attaque, au prétexte que l’une des ambulances aurait pu transporter un militant du Hamas, ce qui n’a du reste toujours pas été prouvé et reste, jusqu’à présent, contraire à l’évidence de ce que chacun a encore pu constater à cette occasion.
Tsahal Vs Hamas : la guerre est-elle un "spectacle privé" pour journalistes et députés ?
Mais un autre constat particulièrement révélateur est qu’il n’y avait pas non plus le moindre cratère, suite à ce bombardement, et on comprend mieux ainsi pourquoi les médias sionistes et pro-sionistes se sont évidemment bien gardés de décrire en détail la scène du crime, contrairement au cas d’Al Ahli Arab, où il fallait absolument incriminer un supposé « tir raté » palestinien pour justifier le massacre !
Dans les deux cas il s’agit donc de tirs utilisant le même procédé de tir ciblé et guidé avec précision explosant avant de toucher le sol et visant en réalité délibérément des cibles civiles, dans un contexte où, au stade du conflit à ce moment, Israël pouvait encore espérer voir les gazaouis fuir massivement vers Rafah et obliger le gouvernement égyptien à céder sur le passage et l’exode vers le Sinaï, qui eut signifié une victoire rapide des sionistes dans leur tentative d’éradiquer l’entité gazaouie, comme bastion potentiel de la Résistance Palestinienne.
Aujourd’hui, confronté à ce premier échec d’envergure, Israël est donc contraint de mener une guerre encore plus immonde, si c’était possible, ou bien de renoncer à ses objectifs.
Pour l’instant son choix est clairement de continuer à massacrer, par la violence guerrière débridée et la misère extrême, le peuple gazaoui et palestinien en général, mettant les autres nations y compris la France, devant le fait accompli, et cela avec le soutien politique et militaire inconditionnel des USA, à quelques formules creuses près, qui n’engagent évidemment à rien, de toute façon.
Quant à une estimation réaliste du nombre de victimes, je ne retrouve aucune référence correspondant à "un expert militaire évaluait le nombre de tués à 150 000". Ceci-dit, si l’évaluation du Hamas ne fait donc étrangement l’objet d’aucune remise en cause, c’est donc bien logiquement du fait qu’elle est probablement largement sous-estimée et que cela arrange bien quasiment tout le monde, vu que personne ne prend la moindre mesure efficace pour tenter de faire cesser ce massacre.
Vu la dégradation, et en fait, la quasi-destruction du système hospitalier gazaoui il est évident qu’une grande partie des victimes décèdent des suites de leurs blessures, de même que la plupart des gens qui ont déjà normalement besoin de soins chroniques, en temps de paix, fût-elle relative.
Mais plus généralement encore, la dégradation des conditions sanitaires, le manque d’eau, la pollution extrême et en fin de compte la malnutrition, et même, la famine, créent le contexte d’un raccourcissement violent de l’espérance de vie, ou plutôt, de survie, qui multiplie effectivement potentiellement par trois ou quatre, avec le temps, sinon plus, le bilan final réel, par rapport à celui officiellement annoncé par le Hamas.
L’impact de cette dégradation, dans son principe, commence à être "reconnu" par quelques instances européennes, ce qui est déjà un petit progrès, mais sans qu’il en soit pour autant tiré les conséquences.
On serait tenter de demander : mais que font les écologistes ??? Même si on n’attend plus rien de leur part il reste néanmoins important de faire circuler l’info :
Netanyahou über alles ! A Gaza, records de destruction,
records de pollution mortelle :
le double effet génocidaire !
http://cieldefrance.eklablog.com/netanyahou-uber-alles-a-gaza-records-de-destruction-records-de-polluti-a215201303
Luniterre
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Gaza-Palestine-France : le réveil des consciences
est-il encore possible ? (Pétition)