Pour Biden, il est temps de se mettre à l'heure des réalités...
Le sionisme, dès l'origine, repose sur une conception victimaire de l'histoire du peuple juif. Le projet sioniste, malgré ses conceptions colonialistes encouragées par les puissances occidentales, semblait devoir végéter jusqu'à la seconde guerre mondiale et n'a vraiment pris son essor qu'avec l'oppression sanguinaire bien réelle développée par le nazisme, à l'issue de laquelle il s'est donc trouvé une « justification historique » suffisamment puissante pour masquer aux yeux de l'opinion publique internationale le développement de sa propre oppression colonialiste en Palestine.
Trois quarts de siècle plus tard, le masque tombe enfin.
Mais trois quarts de siècle, c'est aussi trois générations, et les descendants des premiers immigrés juifs ne sont pas forcément tous responsables des massacres colonialistes perpétrés tout ce temps, ni même des récents et paroxystiques, dans le genre, perpétrés à l'initiative de Netanyahou.
De l'autre côté, celui du peuple palestinien victime du colonialisme sioniste, c'est bien le droit à la Résistance qui s'impose, et dans ce sens, parler de « droit à se défendre », de la part des sionistes, c'est, ni plus ni moins, un non-sens, une sorte d'oxymore, dans le contexte.
La seule « justification » apparente de la politique de Netanyahou, c'est évidemment le débordement de violence du 7 octobre 2023. Une action qui effectivement est allée au delà, dans le domaine de la violence, de ce qui est logiquement le but d'une action anticolonialiste, et a en partie pris les allures d'un pogrom, quelles qu'en soient les causes.
Or son ampleur et même sa violence étaient manifestement nécessaire au maintien au pouvoir du gouvernement Netanyahou et la facilité avec laquelle il a été commis était donc pour le moins « suspecte » dès le 8 octobre, ce que l'on a nettement tendance à « oublier », et d'un côté comme de l'autre, et pour des raisons finalement encore aujourd'hui bien plus « complémentaires » que contradictoires.
Le Hamas, dès son origine, a cherché à phagocyter la Résistance palestinienne, mais il n'y serait pas parvenu sans l'appui du sionisme, et principalement du clan « extrémiste » de Netanyahou. Le « rapport de forces » entre le Hamas et le parti de Netanyahou repose dès l'origine sur un double jeu, qui contrairement aux apparences, se poursuit encore, même si chacune des parties espère y mettre fin, à son avantage, évidemment !
Si le Hamas parvient à survivre à cette guerre comme entité capable de contrôler la bande de Gaza, le double jeu continuera, en fait, par la force des choses et la contrainte des accords internationaux, mais à l'avantage très net du Hamas, donc, et avec pour conséquence l'échec et le discrédit total de la coalition actuelle de soutien à Netanyahou.
Les plus « extrémistes » des extrémistes sionistes se retrouvant en position d'« opposition » à l'égard de leur ex-leader, lui-même dans l'incapacité de gouverner, dans ce cas...
Une actuelle « opposition » se trouvera donc en position de former une nouvelle « majorité » en vue de régler les conditions du « cessez-le-feu » et de la marche vers une forme de paix au moins provisoire.
Actuellement cela semble être la seule voie par laquelle le « Plan Biden » pourrait connaître une certaine concrétisation. En effet, même si Biden le présente comme un « plan israélien », il ne fait pas de doute que l'essentiel de son contenu provient directement de la Maison Blanche, vu qu'il reste volontairement « flou » sur l'avenir du Hamas, ce qui le rend précisément « Hamas compatible » à court terme, une condition évidemment indispensable pour simplement « exister » en tant que feuille de route crédible pour la suite des négociations...
Pour Biden ce ne sont que les conditions de la phase 3 du plan, la « reconstruction » de la bande de Gaza, qui permettront l'exclusion éventuelle du Hamas de l'avenir politique de ce territoire, et, par conséquent, de la Palestine.
Or cela implique donc que jusqu'à l'issue de la phase 2 il n'y a donc pas de condition impliquant la capitulation et le désarmement du Hamas, ainsi que son improbable dissolution politique. C'est en ce sens qu'il s'agit bien d'un plan « made in USA », et non pas d'un plan purement sioniste.
Biden prend ainsi acte, au nom des USA, de l'échec de la campagne militaire de Netanyahou concernant l'objectif d'« éradication » du Hamas et d'un rapport de force « nouveau » impliquant éventuellement sa survie politique et donc inévitablement militaire, dans une certaine mesure, à priori intolérable pour l'aile la plus radicale du sionisme, dont Netanyahou, décidément confronté à un échec politique total, plus que probable, sauf à apparaître comme celui qui fait échouer le plan de paix et continue la guerre avec les seuls jusqu'au-boutistes comme soutiens, se mettant ainsi à dos, outre encore un peu plus la « communauté internationale », la majorité de ses concitoyens, lassés de cette guerre « inefficace » selon les critères mêmes du sionisme.
Pour les « jusqu'au-boutistes » qui tiennent actuellement le pouvoir de « soutenir » ou de lâcher Netanyahou, le simple fait de parler d'une phase de « reconstruction » de Gaza est un échec, dans la mesure où ils ne l'entendent que pour eux-mêmes et comme un « nouveau » territoire à coloniser.
Pour l'instant le « Plan Biden » signe au moins déjà l'échec de ce clan. Si ce plan aboutit un tant soi peu, ne serait-ce qu'à sa phase 2, un nouveau « double jeu » commencera alors, entre les USA, la « nouvelle » majorité sioniste « de secours », et... le Hamas !
Enterrer le Hamas, même dans ses propres tunnels, est en effet devenu une utopie, car à mesure des exactions sionistes développées depuis le 8 octobre, c'est un vivier permanent de renouvellement de ses combattants qui y prolifère manifestement, et l'épuisement de son stock de munitions, à supposer même qu'il soit possible, prendra encore effectivement des mois et peut-être même des années, ce à quoi s'affirment « prêts » les sionistes les plus fanatiques, heureusement aujourd'hui sur le point d'être marginalisés...
Ce qui ramène à nouveau au premier plan, si le « Plan Biden » connaît au mois un début de réalisation, la question de la fondation d'un Etat palestinien véritablement viable.
Luniterre
Le "Plan Biden":
Le président américain a indiqué vendredi que ce projet d'accord israélien, qui compte trois phases, avait été transmis au Hamas jeudi.
Par Le Figaro avec AFP
Publié hier à 17:00, mis à jour hier à 20:16
Trois phases d'une quarantaine de jours chacune pour passer d'un cessez-le-feu temporaire à une paix durable à Gaza : voici la proposition israélienne, telle que présentée vendredi 31 mai par Joe Biden, pour mettre fin à près de huit mois de conflit. Le président américain a indiqué que le projet d'accord avait été transmis au Hamas jeudi.
Un haut responsable américain a lui parlé d'un «accord détaillé de quatre pages et demi», qui correspondrait, avec quelques «ajustements mineurs», à ce que le mouvement islamiste palestinien s'est d'ores et déjà dit prêt à accepter.
Phase 1 : cessez-le-feu, libération d’otages, et réinstallation des Palestiniens
Cette première phase comporte un cessez-le-feu total de six semaines, assorti d'un retrait israélien des zones densément peuplées de la bande de Gaza. «Certains» otages israéliens - des femmes et des personnes âgées, blessées ou malades - sont libérés, et certains corps restitués aux familles. Le président américain a promis que les derniers otages ayant la nationalité américaine rentreront alors «à la maison». Dans le même temps, des centaines de prisonniers palestiniens sont remis en liberté.
La trêve permet le retour des Palestiniens déplacés vers leurs habitations dans le nord de la bande de Gaza, ou du moins ce qu'il en reste après des mois d'intenses bombardements israéliens.
Enfin, l'aide humanitaire, qui n'a jamais réussi jusqu'ici à entrer en quantité suffisante, «augmente fortement», jusqu'à atteindre 600 camions par jour.
Phase 2 : des contours négociés pendant le cessez-le-feu
Les contours précis de cette deuxième phase seront, selon Joe Biden, négociés pendant le premier cessez-le-feu de six semaines. Il a précisé que les hostilités ne reprendraient pas tant que les discussions continueraient.
En cas de négociations concluantes, les combats s'arrêtent définitivement et tous les Israéliens encore détenus à Gaza rentrent chez eux, soldats israéliens compris. Les forces israéliennes se retirent aussi complètement du territoire.
Un haut responsable américain a indiqué que chaque phase du plan devait durer une quarantaine de jours.
Phase 3 : reconstruction de Gaza
Un vaste plan de reconstruction de Gaza est lancé, avec le soutien des États-Unis et de la communauté internationale. Les chantiers des hôpitaux, des écoles et des habitations commencent. Un haut responsable américain a jugé qu'il faudra de 3 à 5 ans pour reconstruire le territoire.
Tout est fait alors, selon Joe Biden, pour que le Hamas ne puisse pas reconstituer ses capacités d'attaque, et cela avec l'intervention de partenaires régionaux. Les dernières dépouilles d'otages israéliens sont rendues à leurs familles.
https://www.lefigaro.fr/international/conflit-israel-hamas-ce-que-contient-le-plan-de-paix-pour-gaza-presente-par-biden-20240601
Des milliers d'Israéliens réclament un accord sur les otages
Des milliers d'Israéliens ont manifesté samedi à Tel-Aviv pour exiger du gouvernement de Benjamin Netanyahu de parvenir à un accord pour la libération d'otages, un plan présenté la veille par le président américain Joe Biden.
"Un accord sur les otages maintenant", réclame une manifestante déguisée en statue de la Liberté, au milieu d'une nuée de drapeaux israéliens.
"Biden est notre seul espoir", déclare à l'AFP une manifestante, Abigail Zur, 34 ans.
Vendredi, le président américain a indiqué qu'Israël avait proposé une feuille de route en vue d'un cessez-le-feu complet entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas incluant la libération d'otages retenus dans la bande de Gaza.
À Tel-Aviv, les manifestants brandissaient une immense bannière: "Biden sauve-les de Netanyahu".
L'immense majorité des manifestants interrogés par l'AFP ont confié leurs craintes de voir Benjamin Netanyahu mettre en péril un accord. Pour Diti Kapuano, le Premier ministre se soucie davantage de son "pouvoir" que du sort des otages. "J'espère que M. Biden exercera suffisamment de pression pour que le gouvernement et M. Netanyahu acceptent l'accord", poursuit cette femme de 46 ans, drapeau israélien à la main.
Dans un communiqué, le Forum des familles d'otages et de disparus a affirmé qu'il allait "exiger que le gouvernement israélien approuve immédiatement l'accord de libération des otages et ramène tous les otages à la maison immédiatement".
"Nous demanderons également à tous les ministres du gouvernement et aux membres de la coalition de s'engager publiquement à soutenir l'accord et à ne pas permettre la possibilité de le torpiller et de mettre en danger les otages", a ajouté l'ONG.
Des ministres israéliens d'extrême droite menacent aujourd'hui de quitter le gouvernement si Netanyahu allait de l'avant avec l'accord sur un cessez-le-feu à Gaza comprenant une libération des otages.
"Nous devons parvenir à un accord", estime Glick Gilad, 51 ans, un immense drapeau américain à la main. "Nous sommes assez forts pour nous occuper de la guerre après. D'abord, ramenons-les à la maison."
https://information.tv5monde.com/direct/direct-biden-est-notre-seul-espoir-clament-les-familles-des-otages-tel-aviv-2724157
Gaza : Le plan américain est imparfait mais Israël l'accepte -conseiller de Netanyahu
Par Reuters le 02.06.2024 à 11h47
JERUSALEM (Reuters) - Un conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a confirmé dimanche que l'Etat hébreux avait accepté l'accord-cadre proposé par le président américain Joe Biden pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, tout en le décrivant comme imparfait et nécessitant encore du travail.
La proposition de Joe Biden est "un accord que nous avons accepté - ce n'est pas un bon accord - mais nous tenons beaucoup à ce que les otages soient libérés, tous", a déclaré Ophir Falk, principal conseiller en politique étrangère de Benjamin Netanyahu, dans une interview accordée au journal dominical britannique Sunday Times.
"Il y a beaucoup de détails à régler", a-t-il ajouté, précisant que les conditions israéliennes, notamment "la libération des otages et la destruction du Hamas comme organisation terroriste génocidaire", n'avaient pas changé.
Joe Biden a présenté vendredi un plan en trois phases prévoyant notamment un cessez-le-feu total de six semaines et le retrait des forces israéliennes des centres de population du territoire palestinien, ainsi que la libération des otages les plus vulnérables du Hamas.
Le président américain, soutien initial à l'offensive israélienne après l'attaque du Hamas du 7 octobre contre l'Etat hébreux, critique depuis peu Israël au regard du nombre élevé de victimes civiles liées à cette contre-attaque.
Le plan américain prévoit également que les parties concernées négocient par la suite une cessation des hostilités de manière permanente. Cette étape semble signifier que le Hamas continuerait à jouer un rôle dans les accords négociés par l'Egypte et le Qatar, ce qui pourrait entrer en conflit avec la détermination d'Israël d'éradiquer le mouvement palestinien soutenu par l'Iran.
Le Hamas, qui ne donne aucun signe de vouloir se retirer de Gaza, affirme qu'il ne libérera les otages qu'à condition que la guerre prenne fin de manière permanente.
Ophir Falk a réaffirmé la position de Benjamin Netanyahu selon laquelle "il n'y aura pas de cessez-le-feu permanent tant que tous les objectifs (d'Israël) n'auront pas été atteints".
Au sein du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu est actuellement sous pression, deux partenaires d'extrême droite ayant menacé de faire défection en cas de mise en oeuvre de la proposition américaine, qui selon eux, épargnerait le Hamas. Un partenaire centriste, l'ex-général Benny Gantz, souhaite, lui, que l'accord soit étudié.
Le Hamas a provisoirement salué l'initiative de Joe Biden.
"Le discours de Joe Biden contient des idées positives, mais nous voulons qu'il se concrétise dans le cadre d'un accord global qui réponde à nos exigences", a déclaré samedi Osama Hamdan, un haut responsable du Hamas, cité par la chaîne de télévision Al Jazeera.
Le Hamas réclame une garantie de la fin de l'offensive à Gaza, un retrait de toutes les forces dites d'invasion, une libre circulation des Palestiniens et une aide à la reconstruction.
Les responsables israéliens ont rejeté cette demande, estimant qu'il s'agissait d'un véritable retour à la situation qui prévalait avant le 7 octobre, lorsque le Hamas, déterminé à détruire Israël, dirigeait Gaza.
D'après les autorités israéliennes, 1.200 personnes ont été tuées et plus de 250 autres enlevées par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre.
Plus de 36.000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le début du siège total décrété en réponse par Israël, selon les autorités sanitaires locales, et les Nations unies ont indiqué que la famine menaçait plus d'un million de personnes dans l'enclave palestinienne.
Israël affirme que 290 de ses soldats sont morts dans les combats à Gaza.
(Avec la contribution d'Ali Sawafta; rédigé par Dan Williams; version française Claude Chendjou)
https://www.challenges.fr/top-news/gaza-le-plan-americain-est-imparfait-mais-israel-l-accepte-conseiller-de-netanyahu_895063
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Sur Ciel de France, une « suite », par la force des choses,
à cet article :
Il semble donc finalement, une fois de plus, que Netanyahou a encore tenté un marché de dupes pour gagner du temps et éventuellement piéger les restes encore puissants du Hamas, qui le tiennent même encore actuellement en échec, malgré les milliers de victimes civiles palestiniennes, en quantités de plus en plus incommensurables, au sens premier du terme, avec les victimes civiles du 7 octobre, qui n’en restent pas moins une tâche inutilement sanglante sur la cause palestinienne, et qui a retardé d’autant la juste vague d’indignation internationale en sa faveur.
Toutefois, question « marché de dupes », il faut aussi effectivement constater que Biden n’utilise pas les moyens radicaux en son pouvoir, à savoir arrêter le flux d’armes et de munitions en direction d’Israël, qui pourrait contraindre Netanyahou à s’asseoir à la table des négociation avec une « volonté » rendue impérative d’aboutir !
Il est même possible, sinon carrément probable, que Biden a tenté à cette occasion son propre « marché de dupes » en se posant donc à bon marché en parangon de la paix au moment où son adversaire personnel dans la course à la Maison Blanche avait précisément un genoux à terre avec les multiples procédures auxquelles il fait face.
Une « position » sans réelle conséquence et qui le place formellement en « arbitre » et le dédouane, même si seulement en apparence, de ses propres responsabilités sanguinaires, dans ce conflit comme dans les autres !
Luniterre
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