Dans un récent article du Monde Diplo, "Dette publique, tout va bien… mais tout va mal" on trouve, à propos de la dette publique, cette perle révélatrice: "...elle maintient en vie un système désormais incapable de se passer d’elle. Outre que ses titres alimentent le processus de financiarisation et offrent aux marchés les véhicules d’investissement dont ils ont besoin pour fonctionner, la dette permet d’ajourner les manifestations trop violentes du conflit inhérent aux démocraties libérales en régime capitaliste."
Et l'article reprend en les résumant quelques considérations d'un article plus long et plus ancien, daté de 2012, du sociologue Wolfgang Streeck, qui ne sont pas forcément dénuées d'intérêt, mais passent pour le moins complètement à côté de la grande nouveauté "financière", en réalité, monétaire, qui avait précisément permis d'éviter le crash complet de l'économie à la suite de la crise de 2007-2008: la politique monétaire dite alors "non conventionnelle" du "Quantitative Easing"; Une "paille" de quelques milliers de milliards...
Déjà difficilement compréhensible en 2012, cette "paille" est d'autant plus énorme en 2024, alors que précisément, après une "pause" toute relative, mais qui n'a guère vu de "cure d'amaigrissement", question bilan, de la part des Banques Centrales, il est donc à nouveau question de remettre un "brin de paille" dans la meule, un brin évalué à 750 milliards "minimum"... Un nouvel emprunt de l'UE doublé d'une reprise massive du rachat de la dette par la BCE...
C'est le principe même du banco-centralisme, quand on dit que c'est fini, ça recommence! Et donc, si l'article "Telex" du Monde Diplo du 4 juin dernier a bien le mérite de souligner que le système économique actuel ne tient plus que par la dette, abolissant donc déjà ainsi la limite de plus en plus fictive entre dette publique et privée, il omet néanmoins ce "détail" essentiel que la dette elle-même n'est soutenable que par la "grâce" des Banques Centrales et leur "baguette magique" du Quantitative Easing et de la création monétaire ex-nihilo.
Et donc philosopher "sociologiquement" sur le "conflit inhérent aux démocraties libérales en régime capitaliste", c'est bien parler dans le vent d'un monde dont il ne subsiste plus que les apparences: soit ces intellectuels de service sont particulièrement bornés, malgré leurs diplômes universitaires, soit ils sont simplement complices stipendiés du système ...banco-centraliste!
Luniterre
Télécharger « MONDE_DIPLO_JUIN2024_Dette publique, tout va bien… mais tout va mal.pdf »
Télécharger « W.STREECK.2012.MONDE_DIPLO_La crise de 2008 a commencé il y a quarante ans.pdf »
Et comme nous l'explique Agnès Verdier-Molinier, qui n'est pas suspecte d'être gauchiste, les quelques économies hypothétiques du "plan Lemaire" se sont déjà perdues en cours de route:
Interviews: Agnès Verdier-Molinier (IFRAP), sur les "promesses" électorales des 3 blocs; Charles Sannat, sur le projet de "fond souverain"
http://cieldefrance.eklablog.com/interviews-agnes-verdier-molinier-ifrap-sur-les-promesses-electorales--a215974057
2. La charge de la dette sera dès 2026 le premier poste de dépenses de l'État et équivaudrait au budget conjoint des armées et de la sécurité
Comme il était déjà prévisible l'an passé, l'augmentation de la charge de la dette se confirme sur le moyen terme.
Prévue en loi de finances initiale à un niveau de 50,0 milliards d'euros66 (*), elle serait plutôt de 54,7 milliards d'euros selon l'estimation présentée avec le projet de loi de finances pour 2024, contre 49,5 milliards d'euros en 2022. Ces montants s'entendent en charge budgétaire67 (*) et non, comme vu précédemment, en comptabilité nationale.
En 2024, la charge de la dette diminuerait de 3,8 milliards d'euros, restant une quinzaine de milliards d'euros supérieure au niveau d'avant-crise.
Évolution de la charge de la dette du budget général
(en milliards d'euros)
Source : commission des finances, à partir des documents budgétaires à partir du projet annuel de performance du programme 117
Cette diminution temporaire ne doit pas faire illusion : l'accroissement de la charge de la dette est un phénomène durable.
En effet, l'augmentation très importante de la charge budgétaire de la dette en 2022, comme son reflux partiel en 2024 sont le résultat conjoncturel de l'augmentation et du repli de l'inflation. Celle-ci exerce un effet immédiat sur le stock, relativement limité, de dette indexée.
En revanche, l'effet de la hausse des taux agit, lui, sur le renouvellement du stock de dette : il est donc à la fois plus lent (la durée moyenne de la dette à moyen et long terme est supérieure à neuf ans), plus durable et plus massif (car il concerne l'ensemble du stock de dette). À cet effet taux s'ajoute l'impact de l'augmentation du stock de dette, résultat de l'accumulation passée des déficits.
L'article 12 du projet de loi de programmation des finances publiques prévoit ainsi que les crédits de l'ensemble de la mission « Engagements financiers de l'État » augmenteraient d'une dizaine de milliards d'euros entre 2024 et 2026 pour atteindre 71 milliards d'euros. [Revus à 74,4 - NDLR *]
Cette mission est donc d'ores et déjà, en 2023, sur le périmètre retenu par cet article, la première mission du budget général avec des crédits de 61,2 milliards d'euros, devant la mission « Enseignement scolaire » (60,3 milliards d'euros).
En 2026, ses crédits dépasseraient de 8,6 % ceux de cette dernière mission, pourtant considérée comme prioritaire par le Gouvernement, et équivaudraient aux crédits conjoints des missions « Défense » (53,7 milliards d'euros) et « Sécurités » (17,5 milliard d'euros).
https://www.senat.fr/rap/l23-128-1/l23-128-17.html#toc138
La soumission française au banco-centralisme
n'est pourtant pas un mystère...
FIPECO le 13.02.2024
Les notes d’analyse II) Déficit et dette publics, politique budgétaire
8) Y a-t-il des limites à l’endettement public de la France ?
François ECALLE
(Extrait)
1) La soutenabilité de la dette française est jusqu’à présent assurée par la BCE
Comme les autres banques centrales des pays de l’OCDE, la BCE a acheté des titres de dette émis par les États de la zone euro à partir de 2010, notamment pendant la crise sanitaire. Les programmes d’achat mis en œuvre avaient toujours des montants limités qui étaient répartis entre les pays membres de la zone euro en fonction de leur part du capital de la BCE. Il n’en reste pas moins que ces montants étaient considérables et, à la fin de 2022, la Banque de France détenait ainsi, pour le compte de la BCE, de 20 à 25 % de la dette publique française[5].
Hors titres détenus par la BCE, la dette publique de la France n’a ainsi que modérément augmenté en pourcentage du PIB de 2010 à 2022. Elle est donc restée soutenable.
2) La reprise de l’inflation a conduit la BCE à arrêter de soutenir les Etats
La reprise de l’activité économique en 2021 puis l’attaque de l’Ukraine par la Russie ont entraîné une forte hausse des prix industriels et agricoles dans tous les pays qui s’est, pour le moment partiellement, répercutée sur les salaires. La reprise de l’inflation a conduit la BCE, comme les autres banques centrales de l’OCDE, à relever ses taux d’intérêt directeurs. En outre, et surtout, elle limite désormais ses achats de titres publics au montant du remboursement de ses créances sur les États. L’encours total de ces créances en euros est ainsi maintenu constant, mais il est prévu qu’il baisse dans les prochains mois.
https://www.fipeco.fr/fiche/Y-a-t-il-des-limites-%C3%A0-lendettement-public-%3F
Le document complet en PDF:
https://www.fipeco.fr/pdf/LimitesDettes.pdf
Télécharger « FIPECO-Y a-t-il des limites à l’endettement public de la France.pdf »
http://ekladata.com/p1rNB8_ooV0Rmo54mAudtHh2ZKE/FIPECO-Y-a-t-il-des-limites-a-l-endettement-public-de-la-France.pdf
Au 13 février dernier,
le pire était-il donc "derrière nous"?
Voyons ce qu'il en est au 29 juin,
précisément la veille même des "législatives"...
«L’Union européenne
va massivement emprunter
et la BCE
relancera les achats d’obligations»
Un nouvel emprunt de l’UE devrait être lancé pour un montant très supérieur à l’emprunt de 750 milliards d’euros décidé pendant la crise du Covid-19, souligne notre chroniqueur Alain Lemasson (Centrale & Insead, ex-banquier).
De son côté, la BCE devrait reprendre son programme de rachats d’obligations dès que le niveau de l’inflation le permettra.
Par Alain LemassonCentrale & Insead - ancien banquier
Publié le 29/06/2024 à 20h00
Le problème de la dette, une constante du débat électoral, a pris cette année une dimension nouvelle dans un contexte géopolitique fortement troublé. La dette de la France est certes très élevée au regard des critères de Maastricht, mais force est de constater que cet endettement avait une contrepartie positive qui éclate aujourd’hui. C’est en effet grâce à sa dette que la France a pu investir et acquérir une indépendance quasi-totale en matière de production d’électricité avec son réseau de centrales nucléaires, développer des capacités de défense - notamment nucléaires - uniques en Europe, maintenir un système de transports ferroviaires sans équivalent ailleurs, et atteindre un niveau élevé en matière de protection de l’environnement. Il faut noter à cet égard l’existence d’une contrainte historique, la quasi-impossibilité pour l’État français de maîtriser certaines dépenses en raison des menaces sur l’ordre public exercées par des organisations qui ont su infiltrer des secteurs vitaux de l’économie, comme les transports ferroviaires, aériens ou maritimes.
Le besoin de financement concerne tous les membres de l'Union européenne
Mais plus généralement, la guerre en Ukraine a été le grand révélateur des faiblesses de la plupart des autres pays européens dans les domaines où précisément la France avait beaucoup investi. Nos partenaires ont pris peu à peu conscience de leurs retards et de leurs immenses besoins d’investissement, notamment en Allemagne, ce qui signifie un endettement incontournable. L’Europe aurait pu s’aligner sur les Etats-Unis et accepter un niveau de dette de 120% et un déficit de 8%. La sagesse et l’urgence des mesures à prendre l’ont emporté, et la mise à jour des critères de Maastricht a été prudemment différée. L’heure n’est plus au débat mais à l’urgence de l’action.
Un nouvel emprunt de l’Union Européenne devrait donc être mis en place, à l’instar de l’emprunt de 750 milliards d’euros décidé en juillet 2020 dans le contexte de la crise du Covid, mais avec un montant bien supérieur. La définition de nouvelles rentrées fiscales au niveau européen se posera alors, de manière à assurer son remboursement. On peut imaginer que les réticences allemandes seront d’autant plus faibles que l’Allemagne n’a plus le choix et que, de surcroît, cette solution lui permettra de ne pas contrevenir aux dispositions du fameux "Schuldenbremse" - le frein de la dette - inscrit dans sa Constitution. A ce nouvel emprunt de l’Union Européenne s’ajoutera la reprise du programme de rachats d’obligations par la BCE dès que le niveau de l’inflation le permettra.
La subsidiarité n'est pas une perte de souveraineté [ ??? ]
Les mesures européennes qui s'annoncent vont certainement provoquer la prise de conscience de l'importance de la notion de subsidiarité, en France notamment. Les Français vont comprendre que l'Europe n'est pas là pour se substituer à la souveraineté des États, mais pour faire efficacement ce que les États, seuls, ne peuvent pas assurer. L'euro a été la première expression de cette réalité et il sera plus facile à présent de faire comprendre à l’ensemble des pays d’Europe l'importance de l'Union financière vers laquelle nous devons nous acheminer.
[ NDLR >>>
DONC "La subsidiarité EST une perte de souveraineté"]
https://www.capital.fr/economie-politique/lunion-europeenne-va-massivement-emprunter-et-la-bce-relancera-les-achats-dobligations-1498872
Une "mauvaise surprise", ou pas vraiment?
Et JLM dans tout ça...???
Cliquer ici pour télécharger la vidéo en MP4
Lien vers l'original:
https://embed.francetv.fr/e00fe7bd1457d17ec40b55d9b667608e
...Qui rêve depuis 2017 d'emprunter à la BCE sans la rembourser...!
-
Mélenchon, le 05/02/2017, il y a donc 7 ans, lors de la campagne présidentielle 2017 :
"Vous promettez la création de 3,5 millions d’emplois. Comment allez-vous faire ?
"Notre logique, c’est la relance économique par l’investissement massif. La droite et Macron proposent de retirer 100 milliards de la dépense publique ; moi je propose de rajouter 100 milliards d’investissements. Même le FMI de Mme Lagarde dit qu’il faut relancer en recourant à l’emprunt. N’oublions pas : 1 € en investissement génère 3 € d’activité qui génèrent à leur tour au moins 20 % de retours vers l’Etat sous forme d’impôts et taxes. En tout, nous pouvons créer 3,5 millions d’emplois.
Mais où trouver l’argent ?
Ce n’est pas le plus difficile. La Banque centrale européenne (BCE) fait une opération de distribution gratuite de fonds aux banques privées ; 80 Mds€ par mois, 60 millions de smic ! Pas un centime n’est venu dans l’économie réelle ! Tout part dans la sphère financière qui ne produit rien. Dès le premier jour je mandaterai la Banque française d’investissement pour qu’elle aille chercher les 100 milliards à la BCE.
https://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/jean-luc-melenchon-se-dit-pret-a-travailler-avec-benoit-hamon-05-02-2017-6655962.php
Mélenchon, adepte de l'endettement perpétuel...
La cohérence n'est donc pas son fort, mais pour maintenir la France dans la dépendance, il est bien l'autre homme de la situation, en renfort au cas où...
*****************************
RÉCENT SUR LE BANCO-CENTRALISME,
L'ÉCONOMIE ET LA MONNAIE
>>>
Jean-Dominique Michel: le Coup d'Etat planétaire a déjà eu lieu!
http://cieldefrance.eklablog.com/jean-dominique-michel-le-coup-d-etat-planetaire-a-deja-eu-lieu-a215807199
*******************
RÉVÉLATEUR:
Macron veut encore plus de contrôle de la BCE sur l'économie européenne!
Ce qui est parfois déroutant, avec ce personnage, c'est que l'on ne sait jamais exactement si ses "sorties" pseudo-"provocantes" sont des "ballons d'essais" téléguidés par ses commanditaires et tireurs de ficelles marionnettistes ou bien ne sont que l'expression de son avidité d'avancement de gauleiter au sein du système banco-centraliste...
Mais les deux ne sont pas forcément incompatibles...
Le banco-centralisme En Marche: Macron veut encore plus de contrôle de la BCE sur l'économie européenne!
http://cieldefrance.eklablog.com/le-banco-centralisme-en-marche-macron-veut-encore-plus-de-controle-de--a215737273
*********************************
Charles Gave Vs Banques Centrales : suite du match !
http://cieldefrance.eklablog.com/charles-gave-vs-banques-centrales-suite-du-match-a215842499
**********************************
Yachting Vs Galère, une critique des "ultra-riches" : "jalousie" ou bien simplement, la Raison ?
http://cieldefrance.eklablog.com/yachting-vs-galere-une-critique-des-ultra-riches-jalousie-ou-bien-simp-a215718721
*******************************
Un article où Richard Werner, à l’origine du concept de "Quantitative Easing", décrit on ne peut mieux l’évolution économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIe siècle, jusqu’à la naissance actuelle des Monnaies Numériques de Banque Centrale et au danger fatidique pour les libertés, économiques, et les libertés tout court, qu’elles représentent :
Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme
http://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895
******************************************
Autres articles récent sur l'économie et la monnaie:
Déficit et dépendance : les marchés financiers attendent les « liquidités » banco-centralisées comme le jardinier attend la pluie… (Et y’a pas sécheresse !)
http://cieldefrance.eklablog.com/deficit-et-dependance-les-marches-financiers-attendent-les-liquidites—a215610053
« Monétarisme » et/ou « banco-centralisme » : la nuance « sémantique » est-elle historiquement significative, et de quoi ?
http://cieldefrance.eklablog.com/monetarisme-et-ou-banco-centralisme-la-nuance-semantique-est-elle-hist-a215537191
La Suisse condamnée: victoire des écolos, des capitalistes et/ou des banco-centralistes???
http://cieldefrance.eklablog.com/la-suisse-condamnee-victoire-des-ecolos-des-capitalistes-et-ou-des-ban-a215666871
NOUVEAU :
L'or, c'est de l'argent qui dort... Mais pas toujours paisiblement!
http://cieldefrance.eklablog.com/l-or-c-est-de-l-argent-qui-dort-mais-pas-toujours-paisiblement-a215724875
Chine-USA, pour le contrôle du Bitcoin, c’est aussi la guerre économique !
http://cieldefrance.eklablog.com/chine-usa-pour-le-controle-du-bitcoin-c-est-aussi-la-guerre-economique-a215644337
***********************************
Echanges, débats, polémiques:
Monnaie, Crédit, Dette: quelques éléments du débat sur Agoravox
http://cieldefrance.eklablog.com/monnaie-credit-dette-quelques-elements-du-debat-sur-agoravox-a215715557
******************
Gilles Questiaux va-t-il réinventer le fil à couper le beurre "impérialiste"??? (Suite du débat)
http://cieldefrance.eklablog.com/gilles-questiaux-va-t-il-reinventer-le-fil-a-couper-le-beurre-imperial-a215704359
******************
Le passage du capitalisme « classique » au banco-centralisme impacte-t-il notre vie sociale quotidienne ? Quelques réflexions et éléments complémentaires au débat
http://cieldefrance.eklablog.com/le-passage-du-capitalisme-classique-au-banco-centralisme-impacte-t-il—a215547035
****************************************************
****************************
Nouveau, voir aussi:
Au XXIème siècle, peut-on encore débattre du fond avec "La Bête du Gévaudan" (Ultra-libérale...)?
http://cieldefrance.eklablog.com/au-xxieme-siecle-peut-on-encore-debattre-du-fond-avec-la-bete-du-gevau-a215957289
*******************************