Suite à :
Dette, Capital : ce que disent véritablement les chiffres…
http://cieldefrance.eklablog.com/dette-capital-ce-que-disent-veritablement-les-chiffres-a214044897
http://mai68.org/spip2/spip.php?article14959
Une précision utile par rapport à ce passage :
« De la masse de la valeur d’usage du capital fixe et des valeurs d’usage en circulation, le PIB, pour un tiers de cette valeur d’usage, représente donc la valeur d’échange. »
Cette notion globale de rapport entre valeur d’échange et valeur d’usage est en quelque sorte, comme le remarque le camarade Do, l’apport particulier de cet article, qui est donc en ceci une suite à la fois logique et utile des précédents articles de fond sur le sujet.
Cette notion acte une mutation globale et fondamentale par rapport à l’époque des années 60 et de l’émergence de la société du spectacle, au moment où la productivité du capital était à son zénith et où :
« La valeur d’échange n’a pu se former qu’en tant qu’agent de la valeur d’usage, mais sa victoire par ses propres armes a créé les conditions de sa domination autonome. Mobilisant tout usage humain et saisissant le monopole de sa satisfaction, elle a fini par diriger l’usage. Le processus de l’échange s’est identifié à tout usage possible, et l’a réduit à sa merci. La valeur d’échange est le condottiere de la valeur d’usage, qui finit par mener la guerre pour son propre compte. » (Debord, §46)
Aujourd’hui, dans un contexte de chute globale de la productivité du capital, devenue concrètement et carrément négative, depuis la crise de 2008, très probablement le point d’achèvement de la baisse tendancielle du taux de profit, en termes de plus value réelle et réalisée, la valeur d’échange a fini par perdre sa guerre contre la valeur d’usage, qui ressurgit sous la forme de la dette globale, publique et privée.
Ce qui peut se résumer par cette tentative de définition :
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Au moment où une marchandise est consommée, sa valeur pour le consommateur est une valeur d’usage : c’est le prix qu’il est prêt à payer, et qu’il paye effectivement, pour satisfaire un besoin, quel qu’il soit, vital ou futile, par la consommation de cette marchandise.
Mais ce que l’analyste ignorant et même le pseudo-« marxiste » ne savent pas ou ne veulent pas voir, c’est que cette notion se retrouve, en réalité, à tous les niveaux de la chaîne de production, et donc, de la chaîne de valeur.
Lorsqu’un producteur, capitaliste ou non, investit dans un processus productif, que sa motivation soit « capitaliste » ou non, c’est qu’il éprouve le besoin de produire particulièrement tel ou tel produit, que ce soit donc à des fins mercantiles, parce qu’il pense que le marché est porteur pour ce produit, ou à des fins « sociales » non-lucratives, quelles qu’elles soient. Ce dernier cas étant à priori plus rare, mais nécessaire pour comprendre la réalité des choses sans préjugé idéologique.
Quoi qu’il en soit, l’établissement du processus productif nécessite un investissement, en terrain, bâtiments, machines, matières premières, énergies, et éventuellement composants déjà élaborés de divers types, ainsi qu’un investissement en compétences humaines et force de travail, sous la forme de salaires et de charges salariales.
Dès lors que le processus productif est constitué, produire devient un besoin incontournable, un besoin en soi, presque indépendant, dans une certaine mesure, des motivations qui ont mené à sa constitution.
Un processus productif à l’arrêt est un processus qui se dévalorise, se détériore, notamment si l’investissement en entretien devient insuffisant pour le maintenir fonctionnel, etc…
Sans même parler des salaires qui restent à payer tant que le personnel reste en fonction…
De sorte que la première fonction du processus productif, avant même sa valorisation par la production, est l’amortissement de l’investissement, c’est-à-dire l’amortissement de sa valeur d’usage.
Du point du vue du producteur, tout ce qui rentre dans son processus productif, avant même d’avoir une valeur d’échange sur le marché en tant que production, a d’abord et avant tout une valeur d’usage nécessaire à son processus productif. Y compris la capacité et la force de travail de ses salariés. Cette valeur d’usage de l’ensemble des composants du processus productif, c’est ce qui constitue réellement le capital productif.
C’est la constatation fondamentale que Marx fait déjà dans ses Grundrisse, les cahiers de notes qui sont à la base de son œuvre, dès 1857, dix ans avant la publication du Capital.
C’est sur cette base que dans les années comprises entre les Grundrisse et le Capital il élabore son analyse de ce qui constitue la plus-value réelle, en tant que processus d’élargissement du capital productif, et non pas en tant que pure spéculation financière.
Avant d’être consommé, que ce soit pour son usage personnel, par un consommateur privé, ou afin d’intégrer un processus productif, par une entreprise, tout bien qui devient alors une valeur d’usage, est d’abord, pour son vendeur, une valeur d’échange.
Si la finalisation du prix répond, sur le marché, aux mécanismes complexes de l’offre et de la demande, elle ne peut, durablement, être inférieure au coût total des investissements ayant abouti à la production du produit, bien ou service.
Il en va de même pour la force de travail : dans un contexte social donné sa valeur d’échange ne peut durablement être inférieure à la somme des biens et services nécessaires à son entretien et à sa reproduction.
Ce « plancher social » c’est, par définition, un ensemble de critères qui aboutissent, à notre époque, à la détermination du SMIC.
La valeur d’usage de la force de travail, c’est la valeur ajoutée par le travail, au cours du processus productif, à la valeur d’usage des autres investissements dans ce processus, et aboutissant à la valeur d’échange du produit, livré sur le marché, au prix du marché, qui devient donc à nouveau sa valeur d’usage pour le consommateur quoi qu’il en fasse, consommation personnelle ou réemploi dans un autre processus productif.
La valeur ajoutée par le travail, en tant que valeur d’usage de la force de travail, constitue un élargissement du capital investi, ce qui en fait précisément un capital productif, en termes de valeur.
Pour autant, elle ne constitue pas, dans sa totalité, une plus-value de ce capital, car pour évaluer précisément cette plus-value il faut donc déduire de la valeur ajoutée par le travail l’investissement initial qui est constitué par la valeur d’échange de cette force de travail au prix du marché du travail où elle a été achetée au départ, et qui est la somme du salaire et des charges sociales y afférentes.
C’est pourquoi la plus-value, en tant qu’élargissement réel du capital productif, se définit comme la différence entre la valeur d’usage de la force de travail, c’est-à-dire la valeur qu’elle ajoute à la production, et sa valeur d’échange, c’est-à-dire le salaire total (salaire net plus le total les charges sociales).
C’est, en résumé, et rapportée au contexte économique actuel, la définition qu’en donne Marx dans le Livre I du Capital.
Ce que n’ont toujours pas compris, depuis 1867, la plupart des analystes, pseudo-« marxistes » ou non.
Dans une chaîne de valeur comprenant plusieurs entreprises nécessaire à la constitution d’un seul et même produit destiné au consommateur « final », c’est-à-dire le consommateur utilisant le produit pour son usage personnel, et non pas à une fin professionnelle au sein d’une chaîne de valeur complexe, le processus de valorisation et d’élargissement se renouvelle à chaque étape, mais chaque fois avec des valeurs d’usages différentes, y compris pour la force de travail, qui ne produit donc une plus-value qu’à l’étape où elle est précisément employée.
A l’échelle d’une nation, le PIB est la somme de toutes les étapes du processus productif. Il est l’addition de la valeur ajoutée, sur une durée donnée, à la production du pays. Il est donc une mesure de l’élargissement de la production, mais aucunement une mesure de la plus-value, aucunement une mesure de l’élargissement du capital productif. Simplement une somme des nouvelles valeurs d’échange produites, y compris sous la forme de valeurs d’usage des services publics, évaluées à la valeur du marché.
Le PIB est donc un indicateur utile, du point de vue de la valeur d’échange nouvelle produite, sur une durée donnée.
L’investissement productif, sous quelque forme que ce soit, et tant qu’il n’est pas transformé en valeur d’échange livrée et réalisée sur le marché, est une valeur d’usage.
Le crédit d’investissement, quel qu’en soit l’affectation dans le processus productif, et tant qu’il n’est pas soldé par la réalisation et la vente de la production, est donc une valeur d’usage. Le crédit à la consommation, par définition, est l’expression même d’une valeur d’usage. L’investissement public, destiné à la création de valeurs d’usage en termes de services publics, est une valeur d’usage.
A l’échelle d’une nation, la dette globale, qu’elle soit publique ou privée, est une composante essentielle de la valeur d’usage de son économie productive.
Dans la mesure où la dette s’accroît plus vite que le PIB du pays, et quels que soient les « superprofits » comptabilisés ici où là par les plus grandes entreprises à caractère monopoliste, il est donc impossible de parler de réalisation réelle de la plus-value, à l’échelle du capital total, et donc d’élargissement du capital productif total.
Même si formellement comptabilisés comme une fraction de la valeur d’échange produite, les « superprofits » sont en réalité une fraction détournée de la dette globale du pays, une forme de parasitisme extrême, et aucunement une forme de « capitalisme » au sens classique et même marxiste du terme. Ils n’existent et ne sont rendus possibles que par la garantie de la dette, assurée, en dernier ressort, non par les banques « d’affaires », même spéculatives, mais par les Banques Centrales.
C’est pourquoi, principalement depuis la crise de 2008, et encore plus depuis la pseudo-« crise du covid » de 2020, il n’est plus approprié de parler du système de domination de classe comme du « capitalisme », mais bien expressément comme du banco-centralisme.
Même si l’étendue de cette mutation est, comme on l’a vue, à nuancer selon les régions du monde. « Nuances » qui sont donc précisément à l’origine des tensions internationales et des conflits ouverts actuels.
Luniterre
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Superprofits: « Je ne sais pas ce que c'est »... « C'est une notion qui n'a pas de sens »... Plaidoyer pour Bruno Le Maire, grand héros de la Guerre Economique!
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Le banco-centralisme est déjà le stade post-mortem du capitalisme, à l’échelle nationale, tout comme il est le stade post-mortem de l’impérialisme, à l’échelle mondiale
Quelques extraits republiés des débats sur VLR et Agoravox...
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Ce que Macron et son monde
ne peuvent pas lâcher,
nous pouvons le prendre ! (Suite)
Dans la France vassalisée que devient la relation entre monnaie et crédit, et peut-on sortir de la soumission ?
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dans l'évolution économique?
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nés dans les marécages de la stagnation séculaire...
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"Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant FREXIT ! FREXIT ! FREXIT !… mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien". La pseudo-"résistance" d’opposition contrôlée Asselineau, Philippot, Gastaud And Co montre la lune pour que les idiots regardent la lune au lieu de pointer les vraies cibles de la lutte.
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Sur le fond et le contexte de l’Affaire Juving-Brunet >>>
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https://mai68.org/spip2/spip.php?article12016
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https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-village-primitif-au-monopole-241522
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11679
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-crime-du-garagiste-le-casse-231389
http://interfrsituation.eklablog.com/great-reset-le-banco-centralisme-est-il-un-complot-pervers-ou-simpleme-a209547684
http://interfrsituation.eklablog.com/aux-ames-damnees-du-banco-centralisme-la-valeur-n-attend-point-le-nomb-a210192128
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/merveilleux-monde-d-apres-un-225066
http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288
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